La présidence brésilienne de la COP30, initialement opposée à une « décision de couverture », a indiqué qu'elle pourrait reconsidérer sa position face à la demande croissante de plusieurs pays. Ce document final pourrait jouer un rôle clé dans l'issue des négociations climatiques prévues à Belém.
Points Clés
- Le président de la COP30, André Corrêa do Lago, se montre ouvert à l'idée d'une décision de couverture, un revirement par rapport à la position initiale du Brésil.
- Plusieurs pays développés et en développement souhaitent ce type de texte pour mettre en avant des sujets cruciaux non inscrits à l'ordre du jour officiel.
- Une décision de couverture pourrait aborder des thèmes comme le financement climatique, l'adaptation et l'ambition des plans nationaux (NDC).
- Historiquement, de tels documents ont permis des avancées majeures, comme la mention des combustibles fossiles à la COP26.
Un changement de cap pour la présidence brésilienne
La position du Brésil concernant la structure des négociations de la COP30 évolue. Alors que l'équipe organisatrice avait fermement exclu l'idée d'une décision de couverture négociée, cette option est de nouveau sur la table. Une décision de couverture est un texte politique global qui synthétise les principaux résultats d'une COP et peut introduire de nouveaux sujets de discussion.
André Corrêa do Lago, le président désigné de la COP30, a confirmé ce changement de ton après la réunion pré-COP à Brasilia. Il a souligné que son objectif était de mener une conférence dirigée par les pays participants.
« En tant que présidence, si je sens que les pays sont disposés à analyser la possibilité d'une décision de couverture, bien sûr que je la prendrai en considération. Car je veux vraiment que la COP30 soit une COP menée par les pays », a-t-il déclaré dans une interview.
Les raisons d'une réticence initiale
Historiquement, le Brésil s'est montré méfiant envers ce mécanisme. En juillet, M. Corrêa do Lago avait exprimé une préférence pour une « diplomatie plus constructive, transparente et ouverte ». Il estimait que les décisions de couverture avaient tendance à « créer un certain mystère » en apparaissant soudainement au milieu de négociations complexes.
Selon lui, un autre problème majeur est leur manque de suivi concret. « Les décisions de couverture ont statistiquement prouvé qu'elles n'avaient pas de suivi ultérieur », a-t-il ajouté, arguant que de nombreux pays se sentaient « un peu abusés » par ce processus par le passé.
Le rôle historique des décisions de couverture
Qu'est-ce qu'une décision de couverture ?
Une décision de couverture (ou cover decision en anglais) est un document adopté à la fin d'une COP qui n'est lié à aucun point spécifique de l'ordre du jour. Elle sert à donner une impulsion politique, à reconnaître des progrès et à mettre en lumière des questions importantes qui nécessitent une attention future.
Ce type de texte a joué un rôle déterminant dans plusieurs conférences climatiques récentes. Il permet d'aborder des sujets transversaux ou politiquement sensibles qui ne trouvent pas leur place dans le cadre formel des négociations.
- À la COP26 de Glasgow, la décision de couverture a mentionné pour la première fois les combustibles fossiles, appelant à des efforts pour la « réduction progressive de l'énergie au charbon sans captage ».
- À la COP27 de Charm el-Cheikh, elle a marqué le lancement officiel du Programme de travail sur la transition juste et du Fonds pour les pertes et dommages.
Ces exemples montrent comment une décision de couverture peut transformer des discussions en actions concrètes et en mandats de négociation pour les années suivantes.
Une demande croissante des nations
Le principal facteur derrière le changement de position du Brésil est la pression exercée par plusieurs gouvernements. « La situation actuelle est différente », a reconnu André Corrêa do Lago. « Plusieurs pays demandent ouvertement une décision de couverture ».
Cette demande émane à la fois de pays développés et de pays en développement. Pour eux, un tel document est un moyen de garantir que leurs priorités stratégiques soient reconnues, même si elles sont difficiles à intégrer dans les points de l'agenda officiel.
Selon des sources proches des discussions, si une décision de couverture est envisagée dès le début de la COP30, elle pourrait devenir un « véritable élément de négociation » plutôt qu'un texte surprise imposé à la dernière minute.
Cette approche proactive pourrait rendre le processus plus transparent et inclusif, répondant ainsi aux préoccupations initiales du président de la COP30.
Un outil pour l'ambition climatique
Certaines organisations de la société civile soutiennent également cette idée. Andreas Sieber, de 350.org, estime qu'une décision de couverture est le « meilleur véhicule procédural pour équilibrer les différents éléments du paquet d'ambition ».
Selon lui, cela permettrait de viser des résultats plus élevés plutôt que de s'enfermer dans des compromis limités. Une autre terminologie a été évoquée, celle de « décision omnibus », qui regrouperait les éléments clés de la COP30, mais sa définition exacte reste floue.
Quels sujets pourraient figurer dans la décision de Belém ?
Si une décision de couverture est adoptée à Belém, elle pourrait devenir le réceptacle de plusieurs questions cruciales pour l'avenir de l'action climatique mondiale. Les experts et les négociateurs identifient plusieurs domaines potentiels.
1. Le financement climatique
Le financement est au cœur des tensions. Une décision finale pourrait officialiser un nouvel objectif de financement climatique pour l'adaptation, une demande forte des pays les plus pauvres. Elle pourrait également donner une feuille de route claire pour le plan « De Bakou à Belém », qui vise à mobiliser 1 300 milliards de dollars pour le climat.
2. L'écart des émissions
Un autre sujet majeur est l'écart entre les engagements de réduction d'émissions des pays (les Contributions Déterminées au niveau National, ou NDC) et les réductions nécessaires pour limiter le réchauffement à 1,5 °C. Une décision de couverture pourrait définir un processus pour combler ce fossé.
3. L'adaptation et la transition juste
Le document pourrait aussi renforcer les engagements politiques sur l'adaptation aux impacts du changement climatique et sur les principes d'une transition énergétique juste et équitable pour tous.
Malgré cette ouverture, André Corrêa do Lago a réitéré sa préférence pour un processus de négociation standard. Il a toutefois prévenu que même l'approbation de l'ordre du jour pourrait s'avérer difficile, car « plusieurs pays demandent de nouveaux points qui, nous le savons, seraient très difficiles à faire accepter par consensus ». La route vers Belém reste donc semée d'embûches procédurales et politiques.





