Une nouvelle étude menée dans neuf pays à revenu intermédiaire révèle une préoccupation généralisée face au changement climatique. Une majorité significative de la population se dit prête à modifier son mode de vie, tout en plaçant la sécheresse au premier rang de ses craintes.
Les résultats, issus d'un sondage réalisé début 2025, montrent que l'impact du dérèglement climatique n'est plus une menace lointaine, mais une réalité tangible pour des millions de personnes en Amérique latine, en Afrique et en Asie.
Points Clés
- Une médiane de 56 % des adultes dans neuf pays émergents se disent "très préoccupés" par l'impact personnel du changement climatique.
- La sécheresse et les pénuries d'eau sont considérées comme la menace la plus importante, loin devant les vagues de chaleur ou les inondations.
- Une large majorité (médiane de 80 %) est disposée à changer ses habitudes pour réduire les effets du changement climatique.
- Les jeunes adultes sont généralement plus enclins à agir et plus préoccupés que leurs aînés.
Une préoccupation personnelle et croissante
Le changement climatique est perçu comme une menace directe et personnelle par une part importante des populations des pays à revenu intermédiaire. L'enquête révèle qu'une médiane de 56 % des adultes se déclarent très inquiets des dommages que le dérèglement climatique pourrait leur causer au cours de leur vie.
Cette inquiétude est particulièrement marquée en Argentine, en Indonésie, au Kenya et en Afrique du Sud, où plus de six personnes sur dix partagent ce sentiment. À l'inverse, la Turquie affiche le niveau de préoccupation le plus bas, avec environ un tiers de la population se disant très concernée.
Évolution des mentalités depuis 2015
L'analyse des tendances montre une évolution contrastée depuis une décennie. Alors que la préoccupation a diminué dans des pays comme l'Argentine, le Brésil et le Mexique, elle a connu une hausse spectaculaire en Indonésie (+18 points), en Afrique du Sud (+13 points) et en Turquie (+7 points), témoignant d'une prise de conscience accélérée dans ces régions.
Cette perception est directement liée aux impacts déjà visibles du changement climatique. Une grande majorité des personnes interrogées dans les neuf pays affirment que le phénomène affecte déjà la région où elles vivent.
La sécheresse, principale source d'angoisse
Lorsqu'on leur demande de nommer la conséquence la plus préoccupante du changement climatique, les répondants désignent massivement la sécheresse et les pénuries d'eau. Cette crainte est plus de deux fois plus citée que toute autre option, comme les vagues de chaleur, les inondations ou la montée du niveau de la mer.
Cette angoisse face au manque d'eau s'est intensifiée depuis 2015, notamment au Mexique, en Indonésie, en Afrique du Sud et en Turquie. Ces données reflètent les crises hydriques récurrentes qui touchent de nombreuses régions du monde, affectant l'agriculture, l'accès à l'eau potable et la stabilité économique.
Les menaces climatiques perçues
Le sondage a demandé aux participants de choisir leur plus grande préoccupation parmi quatre options. La sécheresse domine largement les débats, illustrant une anxiété profonde liée à la sécurité hydrique et alimentaire.
Les autres risques en retrait
Bien que réels, les autres risques climatiques suscitent moins d'inquiétude immédiate dans ces pays :
- Longues périodes de chaleur inhabituelle
- Inondations ou tempêtes intenses
- Élévation du niveau de la mer
Cette hiérarchie des peurs souligne que pour de nombreuses populations, le changement climatique se manifeste d'abord par l'absence de pluie et ses conséquences directes sur le quotidien.
Une population prête à agir, mais avec des attentes
Face à cette menace grandissante, une volonté d'agir se dégage clairement. Une médiane de 80 % des personnes interrogées se disent prêtes à faire au moins quelques changements dans leur manière de vivre et de travailler pour contribuer à réduire les effets du changement climatique.
Seule une minorité (médiane de 18 %) se montre réticente, n'envisageant que peu ou pas de changements. L'engagement varie cependant d'un pays à l'autre. Au Kenya, 53 % des adultes se disent prêts à faire "beaucoup de changements", contre seulement 17 % en Turquie.
La confiance dans l'action internationale
La confiance dans la capacité de la communauté internationale à atténuer de manière significative les effets du changement climatique est majoritaire, avec une médiane de 62 %. L'Inde, l'Indonésie et le Kenya affichent les plus hauts niveaux de confiance, avec plus de 70 % de la population optimiste.
L'action collective est perçue comme un levier essentiel, mais la responsabilité des nations est débattue. Une médiane de 59 % estime que les émissions de carbone d'un pays devraient être le principal critère pour déterminer sa responsabilité, plutôt que sa richesse.
Cette opinion est majoritaire dans tous les pays sondés, à l'exception de la Turquie où les avis sont partagés. Cela suggère une demande forte pour que les plus grands pollueurs, quel que soit leur niveau de développement, assument une plus grande part de l'effort mondial.
Le fossé générationnel face à l'urgence climatique
L'âge est un facteur déterminant dans la perception de la crise climatique et la volonté d'y répondre. Dans la plupart des pays étudiés, les jeunes adultes (18-34 ans) sont plus enclins que leurs aînés (50 ans et plus) à modifier leur mode de vie.
En Inde, en Indonésie, au Mexique et en Turquie, les jeunes sont également plus nombreux à craindre que le changement climatique ne leur nuise personnellement. Cette génération, qui subira plus longtemps les conséquences de l'inaction, se montre plus consciente des enjeux et plus demandeuse de solutions concrètes.
Ce clivage se retrouve dans la question de la responsabilité. Dans cinq des neuf pays, les jeunes sont plus susceptibles de déclarer que les émissions de carbone devraient primer sur la richesse d'un pays pour définir ses obligations climatiques. Cette position souligne une vision de la justice climatique fondée sur l'impact environnemental plutôt que sur la puissance économique.





