Le groupe d'activistes pour le climat Sunrise Movement, principalement composé de jeunes, a officiellement élargi sa mission pour inclure la lutte contre ce qu'il qualifie d'« autoritarisme ». Cette décision stratégique intervient en réponse aux actions de l'administration Trump, que l'organisation considère comme une menace directe à la fois pour les organisations progressistes et pour toute avancée significative en matière de politique climatique.
Points Clés
- Le Sunrise Movement a voté pour élargir sa mission afin de combattre l'autoritarisme, estimant impossible de lutter pour le climat sous un tel gouvernement.
- Ce changement fait suite aux mesures de l'administration Trump visant les organisations à but non lucratif et leurs bailleurs de fonds, notamment l'Open Society Foundations de George Soros.
- L'organisation fait face à des accusations de liens avec des groupes extrémistes, qu'elle rejette comme une tentative de criminaliser la dissidence.
- Les nouvelles actions prévues incluent des formations anti-autoritarisme à grande échelle et des mobilisations locales contre les actions fédérales.
Un changement de mission face à la pression politique
Le Sunrise Movement a annoncé un changement fondamental dans son approche. L'organisation, créée il y a huit ans pour promouvoir des politiques climatiques ambitieuses comme le Green New Deal, estime désormais que la protection de la démocratie est une condition préalable à la protection de l'environnement.
Cette réorientation a été validée par un vote interne le mois dernier. Les délégués de plus de 100 sections locales ont approuvé la nouvelle mission à une large majorité de 74 %. La directrice exécutive du mouvement, Aru Shiney-Ajay, a expliqué la logique derrière cette décision.
« Il n'y a pas de manière sérieuse d'envisager l'arrêt de la crise climatique sous un gouvernement fasciste. Le chemin vers le climat passe par l'élimination du gouvernement autoritaire dans lequel nous nous trouvons. »
Cette déclaration souligne la conviction du groupe que les objectifs climatiques sont inatteignables sans un environnement politique stable et démocratique. Le démantèlement des initiatives d'énergie verte de l'Inflation Recovery Act de 2022 par l'administration Trump est cité comme une preuve de cette menace.
Les enquêtes et les accusations en toile de fond
La décision du Sunrise Movement est directement liée à un climat politique de plus en plus tendu. Une semaine avant l'annonce du groupe, le président Trump a publié une note ordonnant à son cabinet d'enquêter sur les organisations à but non lucratif et leurs donateurs pour de supposés liens avec le terrorisme.
Bien que le Sunrise Movement n'ait pas été officiellement informé d'une enquête le visant, l'un de ses principaux donateurs est dans le collimateur. Le ministère de la Justice a lancé une enquête sur l'Open Society Foundations du milliardaire George Soros, qui a versé 2 millions de dollars à Sunrise entre 2019 et 2023.
Contexte des accusations
Pour justifier son enquête, le ministère de la Justice s'est appuyé sur un rapport du Capital Research Center, un groupe de droite. Ce rapport affirme que le Sunrise Movement soutient des « terroristes anarchistes associés à Antifa » en raison de son appui à un fonds de défense juridique pour les militants de « Stop Cop City » à Atlanta. La plupart des accusations contre ces manifestants se sont effondrées devant les tribunaux le mois dernier.
Aru Shiney-Ajay rejette fermement ces allégations. « Ce que je vois dans ce rapport, c'est une tentative désespérée de dépeindre négativement ce qui est finalement un grand mouvement de protestation de jeunes, car ils cherchent vraiment à diaboliser et à réprimer les manifestations », a-t-elle déclaré. « C'est une stratégie typique des autoritaires. »
De l'activisme climatique à la résistance politique
Le Sunrise Movement n'est pas étranger à la confrontation avec les élus. Le groupe, dont les membres doivent avoir moins de 35 ans, s'est fait connaître par des actions de désobéissance civile, comme l'occupation du bureau de Nancy Pelosi en 2018 pour exiger une action sur le climat. Cet événement avait notamment contribué à la notoriété de la représentante Alexandria Ocasio-Cortez.
Après avoir entretenu une relation à la fois productive et conflictuelle avec l'administration Biden, le groupe a pris ses distances, devenant la première grande organisation environnementale à demander le retrait de Joe Biden de la course présidentielle en raison de la guerre à Gaza.
Nouvelles orientations stratégiques
Le pivot vers la lutte anti-autoritarisme est déjà en cours de déploiement. Le groupe a récemment organisé un débrayage d'étudiants universitaires à Washington, D.C., pour protester contre ce qu'il qualifie de répression militaire. D'autres projets sont en préparation.
Parmi les initiatives futures, Aru Shiney-Ajay mentionne :
- Des réponses locales aux déploiements de la Garde nationale ou des agents de l'ICE.
- Des campagnes municipales pour soutenir les maires qui s'opposent à l'administration fédérale.
- Des actions de pression contre les administrateurs d'université jugés trop complaisants avec le pouvoir en place.
Au niveau national, l'organisation ambitionne de dispenser une formation anti-autoritarisme à des dizaines de milliers de personnes, marquant un passage clair de la simple sensibilisation à l'organisation d'une résistance structurée.
Une stratégie justifiée par l'urgence
Le Sunrise Movement a déjà été critiqué par le passé pour s'être dispersé dans des « causes diffuses de la gauche militante », comme le notait un article de Politico en 2021. Cependant, sa directrice exécutive n'est pas inquiète d'un éventuel éparpillement de la mission.
Elle insiste sur le fait que l'objectif final reste le même. La lutte contre l'autoritarisme est perçue comme un moyen nécessaire pour atteindre leur but principal.
« Nous sommes très clairs sur le fait que nous faisons cela pour pouvoir nous remettre sur la voie de l'adoption d'une législation fédérale sur le climat. Cela a toujours été la mission de Sunrise », affirme Shiney-Ajay.
Elle conclut en expliquant que cette adaptation est une réponse directe aux conditions politiques actuelles. « La raison pour laquelle j'ai rejoint Sunrise, c'est parce que j'avais l'impression que c'était l'une des très rares organisations qui était honnête sur l'état du monde et qui avait un plan pour y faire face. » Pour le mouvement, affronter l'autoritarisme fait désormais partie intégrante de ce plan.





