Le Premier ministre britannique, Keir Starmer, n'a actuellement pas prévu de se rendre au sommet des Nations Unies sur le climat, la COP30, qui se tiendra en novembre au Brésil. Cette hésitation intervient alors qu'il avait vivement critiqué son prédécesseur, Rishi Sunak, pour une absence similaire il y a quelques années, qualifiant cette décision d'« échec de leadership ».
Bien qu'aucune décision définitive n'ait été prise, des sources proches du dossier indiquent que sa présence est peu probable. Cette situation expose un débat intense au sein du gouvernement travailliste, partagé entre la volonté d'affirmer l'engagement du Royaume-Uni sur la scène climatique mondiale et la nécessité de se concentrer sur les enjeux nationaux.
Points Clés
- La participation de Keir Starmer au sommet des dirigeants de la COP30 au Brésil est actuellement incertaine.
- Un débat interne oppose les conseillers prônant un engagement climatique international à ceux favorisant une approche axée sur la politique intérieure.
- Starmer avait critiqué son prédécesseur, Rishi Sunak, pour avoir manqué la COP27, déclarant qu'il y serait allé s'il avait été Premier ministre.
- Cette indécision survient dans un contexte politique national et international complexe, marqué par les critiques des politiques vertes et la position climatosceptique de Donald Trump.
Un débat interne au sein du gouvernement britannique
La question de la participation de Keir Starmer au sommet des dirigeants de la COP30, prévu les 6 et 7 novembre dans la ville portuaire de Belém, suscite une vive discussion au sein de son administration. Selon plusieurs personnes informées des pourparlers, un conflit oppose deux visions distinctes.
D'un côté, certains responsables gouvernementaux et députés insistent pour que le Premier ministre se rende au Brésil. Ils estiment que sa présence est essentielle pour réaffirmer l'engagement du Royaume-Uni dans la lutte contre le changement climatique, surtout après les récentes déclarations du président américain Donald Trump qualifiant le réchauffement climatique de « plus grande escroquerie jamais perpétrée ».
De l'autre côté, plusieurs conseillers s'opposent à ce déplacement. Ils préfèrent que Keir Starmer se concentre sur les problèmes intérieurs du pays. Selon une source du parti travailliste, cette faction craint les critiques de certains médias et électeurs qui jugent que les questions climatiques ne sont pas une priorité et que le Premier ministre passe trop de temps à l'étranger.
Une position en contradiction avec ses déclarations passées
L'hésitation actuelle de Keir Starmer contraste fortement avec ses prises de position antérieures. En 2022, il avait publiquement condamné la décision de Rishi Sunak de ne pas assister à la COP27 en Égypte. Il avait alors souligné l'importance pour un Premier ministre britannique de non seulement participer, mais aussi de jouer un rôle de leader pour mobiliser la communauté internationale.
« Beaucoup de gens s'attendraient à ce que le Premier ministre du Royaume-Uni non seulement assiste à la COP, mais qu'il en profite pour rassembler les dirigeants mondiaux afin de faire face au climat. Si j'étais Premier ministre, j'irais », avait déclaré Keir Starmer à l'époque.
Cette déclaration passée est aujourd'hui utilisée par les critiques pour souligner une potentielle incohérence. Doug Parr, directeur des politiques chez Greenpeace UK, a rappelé que Starmer avait été « prompt à critiquer ses prédécesseurs conservateurs pour avoir abandonné les sommets précédents » et qu'il « ne devrait pas se retirer lui-même ».
Le contexte climatique mondial
Selon les scientifiques, le changement climatique est une réalité qui s'aggrave, principalement en raison de l'activité humaine. L'année dernière a été enregistrée comme la plus chaude de l'histoire. Par ailleurs, l'Agence internationale pour les énergies renouvelables (IRENA) rapporte que plus de 90 % des nouveaux projets d'énergies renouvelables sont désormais moins chers que les alternatives aux combustibles fossiles.
Le contexte politique et les pressions nationales
La prudence de Keir Starmer s'inscrit dans un contexte politique plus large. Récemment, il a tenté de déplacer Ed Miliband de son poste de secrétaire à l'Énergie lors d'un remaniement ministériel. Cette manœuvre, bien qu'ayant échoué, a été interprétée comme une tentative de prendre ses distances avec les politiques de « net zéro », jugées controversées par certains et critiquées par des partis comme Reform UK de Nigel Farage.
La pression intérieure est également alimentée par des considérations logistiques et organisationnelles concernant la COP30. Une source gouvernementale a évoqué des inquiétudes quant à l'organisation « totalement chaotique » du sommet, citant un manque d'hébergements adaptés et des prix exorbitants, avec des chambres affichées jusqu'à 2 000 dollars la nuit à Belém.
Cette même source a ajouté que « le discours sur le climat est difficile sur le plan national », suggérant que les priorités de l'électorat sont actuellement ailleurs.
Les implications d'une éventuelle absence
Un signal pour la communauté internationale
Une absence de Keir Starmer serait perçue comme un coup dur pour les organisateurs de la COP30, qui espèrent une forte mobilisation des dirigeants mondiaux pour envoyer un message d'unité face aux défis climatiques, notamment en opposition à la position de l'administration Trump.
Le président brésilien Luiz Inácio Lula da Silva a récemment appelé les dirigeants mondiaux à « prouver le sérieux de leur engagement envers la planète ». Michael Jacobs, ancien conseiller sur le climat à Downing Street et aujourd'hui professeur à l'université de Sheffield, a averti qu'une telle décision « offrirait à Trump une énorme victoire sur l'Accord de Paris ».
L'Accord de Paris
Signé en 2015 par près de 200 pays, l'Accord de Paris constitue le fondement des efforts mondiaux pour lutter contre la hausse des températures. Il vise à limiter le réchauffement climatique bien en dessous de 2 degrés Celsius par rapport aux niveaux préindustriels, en poursuivant les efforts pour le limiter à 1,5 degré.
La représentation britannique assurée par Ed Miliband
Malgré l'incertitude concernant Keir Starmer, la présence britannique au sommet est confirmée. Le secrétaire à l'Énergie, Ed Miliband, assistera à la partie principale de la COP30, qui se déroulera du 10 au 21 novembre.
Interrogé sur la participation du Premier ministre, un responsable britannique a affirmé que le gouvernement « exerce un leadership climatique sur la scène mondiale en réalisant notre mission de superpuissance énergétique propre pour réduire les factures des familles chez nous, et en intensifiant nos objectifs ambitieux à l'étranger pour façonner le climat mondial ».
La décision finale de Keir Starmer sera scrutée de près, car elle pourrait définir l'orientation de la politique climatique de son gouvernement pour les années à venir, à la fois sur le plan national et international.





