Un projet de pipeline de gaz naturel, le Northeast Supply Enhancement, reliant le New Jersey aux Rockaways, suscite un vif débat à New York. Des démocrates influents de la Chambre des représentants, dont Hakeem Jeffries et Alexandria Ocasio-Cortez, ont exhorté la gouverneure Kathy Hochul à rejeter ce projet, invoquant des préoccupations climatiques. Pourtant, l'impact réel de ce pipeline sur les émissions de gaz à effet de serre reste une question complexe et non clairement définie par ses opposants.
Points Clés
- Des démocrates new-yorkais s'opposent à un nouveau pipeline de gaz.
- Les arguments climatiques des opposants manquent de données précises sur les émissions.
- Le gaz naturel peut réduire les émissions par rapport au pétrole ou au charbon.
- Le coût élevé de l'énergie à New York est un facteur important.
- L'historique des prévisions environnementales est mitigé, comme l'a montré la fermeture d'Indian Point.
Le Projet de Pipeline et les Objections Politiques
Le Northeast Supply Enhancement est conçu pour augmenter l'approvisionnement en gaz naturel provenant du schiste de Marcellus en Pennsylvanie vers le nord-est des États-Unis. Ce projet promet des avantages économiques, notamment la création d'emplois et une réduction potentielle des coûts énergétiques pour les résidents de New York. Cependant, une lettre signée par plusieurs représentants démocrates de New York a mis en lumière une opposition unie sur des bases environnementales.
La lettre, adressée à la gouverneure Hochul, exprime des « préoccupations climatiques » sans toutefois détailler l'ampleur de l'augmentation des émissions ou si l'impact serait localisé à New York ou global. Ce manque de précision soulève des questions sur la base analytique de l'opposition.
« Les critiques savent qu'ils sont contre le pipeline. Ils savent que la raison pour laquelle ils sont contre le pipeline est liée aux préoccupations climatiques. Mais encore une fois, quelles sont les préoccupations ? »
Un fait intéressant
Les émissions américaines ont diminué depuis le début du boom du gaz naturel domestique vers 2007, en grande partie parce que le remplacement du charbon par le gaz réduit les émissions.
Impact Climatique : Une Analyse Complexe
Le rôle du gaz naturel dans la transition énergétique
L'argument selon lequel le gaz naturel est une solution transitoire pour réduire les émissions est souvent avancé. Les fours à gaz émettent environ 40 % moins de gaz à effet de serre que les fours à mazout. Rendre le gaz plus accessible et moins cher pourrait encourager un passage du mazout vers le gaz, ce qui aurait des avantages environnementaux significatifs.
De plus, une augmentation de l'approvisionnement en gaz pourrait réduire la dépendance de la région aux centrales électriques au fioul ou au charbon, souvent utilisées en période de forte demande. Ces centrales sont bien plus polluantes. La consommation de gaz à New York est projetée à rester stable ou à décliner grâce aux énergies renouvelables et à l'efficacité énergétique, mais les contraintes actuelles obligent la région à importer du gaz naturel liquéfié (GNL), plus cher et transporté par bateau, ce qui a aussi un coût environnemental.
Contexte énergétique
Le nord-est des États-Unis n'a plus de centrales au charbon actives. L'impact positif du gaz sur les émissions dans cette région ne viendrait donc pas du remplacement du charbon, mais plutôt du remplacement d'autres sources d'énergie plus polluantes comme le fioul.
Le paradoxe de la demande électrique
La promotion des véhicules électriques et des pompes à chaleur est un objectif partagé pour la décarbonation. Cependant, l'attrait de ces options dépend en partie des prix de l'électricité. Des centrales électriques au gaz, plus efficaces que les chaudières domestiques, pourraient générer de l'électricité pour alimenter ces technologies, réduisant ainsi les émissions globales par rapport aux moteurs à combustion interne et aux chaudières au fioul.
Il est important de noter que le développement d'un pipeline ne réduit pas la capacité d'un État à subventionner les énergies renouvelables. Au contraire, en abaissant le prix de l'énergie, il pourrait rendre les subventions aux renouvelables plus abordables.
- Les prix de l'électricité à New York sont 50 % plus élevés que la moyenne nationale.
- Une offre énergétique accrue pourrait aider à stabiliser ces coûts.
Les Leçons du Passé : L'Exemple d'Indian Point
La fermeture de la centrale nucléaire d'Indian Point à New York, sous l'impulsion de personnalités comme Andrew Cuomo, a eu des conséquences inattendues. De nombreux experts avaient averti que l'élimination d'une source majeure d'électricité sans émissions augmenterait les émissions globales. C'est exactement ce qui s'est produit, car les énergies renouvelables n'ont pas pu combler le déficit assez rapidement.
Cet épisode met en lumière la difficulté des prévisions environnementales et la nécessité d'une analyse rigoureuse. Les opposants aux pipelines ne semblent pas toujours fournir une modélisation détaillée de l'impact des émissions, ce qui rend difficile pour les décideurs politiques d'évaluer les arguments.
Impact de la fermeture d'Indian Point
La fermeture de la centrale nucléaire d'Indian Point a entraîné une augmentation des émissions de gaz à effet de serre à New York, contredisant les prévisions de certains groupes environnementaux.
La Vision des Énergies Renouvelables dans le Nord-Est
Le nord-est des États-Unis n'est pas la région la plus propice à la production d'énergies renouvelables à grande échelle. C'est l'une des régions les moins ensoleillées du pays et le vent y est moins fort que dans les Grandes Plaines, où l'éolien est très développé. Bien que des projets d'éoliennes offshore soient en cours, ils sont confrontés à des coûts de construction élevés.
Les habitants du Nord-Est, bien que soucieux du climat, sont également plus réticents à l'idée de défricher de vastes zones forestières pour installer des parcs éoliens ou solaires. Cela crée un dilemme : comment atteindre les objectifs climatiques sans compromettre l'économie ou le paysage local ?
Un raisonnement à rebours ?
Certains observateurs estiment que l'opposition aux pipelines découle d'un raisonnement à rebours, basé sur des objectifs climatiques ambitieux, mais parfois déconnectés de la réalité énergétique actuelle. L'idée d'une économie « zéro émission nette » d'ici 2050 est un objectif louable, mais il ne doit pas occulter les étapes intermédiaires ou les compromis nécessaires pour y parvenir.
La question centrale demeure : la construction de ce pipeline augmentera-t-elle ou diminuera-t-elle les émissions par rapport à un scénario où il ne serait pas construit ? Sans une analyse claire et chiffrée de cette question, les décisions politiques risquent d'être prises sur des bases fragiles.





