De nouvelles recherches révèlent que les décisions politiques en matière de développement côtier en Chine ont un impact plus important sur l'exposition aux inondations que l'élévation du niveau de la mer. Cette étude, publiée dans Nature Climate Change, souligne l'urgence d'une planification spatiale prudente pour gérer les risques côtiers jusqu'en 2100 et au-delà.
Les zones côtières de la Chine sont confrontées à des menaces croissantes liées au changement climatique. Les évaluations des risques sont essentielles pour guider les stratégies d'adaptation. Cependant, les analyses précédentes ont souvent omis des facteurs cruciaux comme l'évolution de l'utilisation des sols et la subsidence des terres, entraînant des sous-estimations des risques réels.
Points Clés
- Les politiques de développement côtières chinoises influencent davantage l'exposition aux inondations que l'élévation du niveau de la mer.
- La subsidence des terres, souvent causée par l'activité humaine, est un facteur majeur d'augmentation du niveau de la mer relatif.
- Les événements extrêmes (marées et ondes de tempête) sont les principaux moteurs des zones d'inondation potentielles.
- La protection côtière actuelle réduit l'exposition, mais le "facteur digue" crée des risques en cas de défaillance.
- Une meilleure planification de l'utilisation des sols et une réduction des émissions sont cruciales pour la gestion des risques.
L'influence des politiques de développement sur les risques
L'étude a développé des scénarios spécifiques au contexte chinois jusqu'en 2100. Elle intègre des simulations à haute résolution des changements démographiques et de l'utilisation des sols avec des évaluations de l'exposition aux inondations. Ces évaluations prennent en compte l'élévation du niveau de la mer (ESM), la subsidence des terres, les marées et les ondes de tempête.
Les résultats montrent que les décisions politiques ont un effet plus important sur ce qui est exposé aux inondations côtières que l'ampleur de l'élévation du niveau de la mer. Cela est valable jusqu'à la fin du siècle. Par conséquent, les choix de développement côtiers influencent largement les risques et les besoins d'adaptation.
"Les décisions politiques côtières influencent largement les risques côtiers et les besoins d'adaptation jusqu'en 2100, démontrant la nécessité d'une conception politique appropriée pour gérer ces risques," selon les auteurs de l'étude.
Les zones côtières sont en première ligne face aux menaces croissantes liées au changement climatique. L'analyse des scénarios côtiers et les évaluations des risques sont des outils importants. Ils permettent d'estimer les populations et les biens exposés aux inondations et de peser les pertes économiques anticipées par rapport aux coûts d'adaptation.
Facteur Clé: La Subsidence des Terres
La subsidence des terres, souvent due à des activités humaines comme l'extraction des eaux souterraines, augmente le niveau de la mer relatif. Elle le fait souvent à des taux bien plus élevés que ceux causés par le seul changement climatique.
Limites des évaluations passées et nouvelles approches
Jusqu'à présent, les évaluations mondiales et régionales de l'exposition aux inondations côtières présentaient des limites. Elles n'ont pas toujours désagrégé les impacts sur les différentes utilisations des sols et secteurs. De plus, elles n'ont pas pris en compte toutes les composantes de l'exposition et avaient une résolution spatiale grossière.
Les évaluations récentes pour la Chine ont parfois ignoré les effets de la subsidence des terres. Elles n'ont pas non plus considéré en détail comment la planification de l'utilisation des sols interagit avec l'élévation du niveau de la mer. Ces omissions peuvent entraîner une sous-estimation de l'exposition et une sur-accentuation du changement climatique comme principal moteur, conduisant à des erreurs de jugement sur l'urgence de l'adaptation.
Modélisation des Scénarios
L'étude a simulé les changements des systèmes terrestres pour l'ensemble de la zone côtière de la Chine continentale et de Hainan. Cinq scénarios de politique de développement ont été utilisés, combinés à des estimations de la subsidence des terres et des niveaux de mer extrêmes (ESL) pour trois scénarios d'élévation du niveau de la mer.
- Scénarios politiques: développement économique (ECON), protection écologique (ECOL) et voie médiane (MID).
- Scénarios d'élévation du niveau de la mer: faible, moyen et élevé.
Impacts variés selon les politiques
Les événements extrêmes ont le plus grand effet sur la zone d'inondation potentielle. La subsidence des terres et l'élévation du niveau de la mer amplifient cet effet. Cependant, les scénarios de développement côtier influencent davantage les fonctions des systèmes terrestres exposées que les scénarios d'élévation du niveau de la mer.
Par exemple, une transition d'une politique de protection écologique stricte (ECOL élevée) vers un développement économique agressif (ECON élevé) augmente considérablement l'intensité de développement des zones urbaines et industrielles exposées aux inondations.
En 2050 et 2100, les types de sols les plus exposés varient. Ils passent des zones suburbaines et agricoles aux zones industrielles côtières et urbaines à faible densité, selon le scénario politique.
Évaluation des impacts potentiels
L'étude a évalué cinq indicateurs au sein des zones potentiellement inondées:
- Population humaine
- Valeur monétaire des services écosystémiques (ESV)
- Production céréalière
- Production aquacole (terrestre)
- Produit intérieur brut (PIB)
Population et PIB
L'exposition de la population et du PIB est la plus élevée dans le scénario d'élévation du niveau de la mer élevé et le scénario politique ECON élevé. L'exposition de la population augmente dans les décennies à venir dans tous les scénarios. Cela indique une concentration de la population dans les zones exposées près du littoral.
En 2050, entre 6,8% et 8,9% de la population côtière et entre 7,5% et 12,1% du PIB pourraient être exposés aux inondations. Ces fourchettes passent à 9,5%-19,1% pour la population et 11,9%-22,2% pour le PIB d'ici 2100, en supposant les normes de protection actuelles.
Production alimentaire et services écosystémiques
L'exposition de la production céréalière est plus élevée dans les scénarios ECOL et MID que dans les scénarios ECON. En revanche, l'exposition de l'aquaculture est constamment la plus élevée dans le scénario de développement ECON élevé.
L'aquaculture est exposée à des profondeurs d'inondation bien plus importantes que les autres fonctions. Jusqu'à 19,2% de la production aquacole pourrait être exposée à des profondeurs de 2 mètres ou plus d'ici 2050.
La valeur absolue des services écosystémiques (ESV) est plus élevée dans les scénarios ECOL. Cela est dû à la plus grande proportion d'écosystèmes naturels dans ces scénarios.
Statistiques Clés
- En 2100, la zone potentiellement inondée pourrait atteindre 49 370 km² (9,85% de la zone côtière analysée) dans le scénario élevé.
- La majorité de cette inondation est due aux marées et ondes de tempête, non à l'élévation du niveau de la mer seule.
- Sans protection, l'effet de la subsidence des terres sur l'étendue des inondations est 14 fois supérieur à celui de l'élévation du niveau de la mer seule dans le scénario faible.
Stratégies de gestion des risques
Les résultats révèlent que l'exposition aux inondations en Chine est principalement affectée par les niveaux de mer extrêmes liés aux marées et aux ondes de tempête. Ces phénomènes naturels sont amplifiés par le changement climatique.
Des mesures d'adaptation sont nécessaires pour faire face aux événements extrêmes. Cela inclut les systèmes d'alerte précoce, le zonage des plaines inondables et les mesures de protection contre les inondations. Les approches basées sur les écosystèmes, telles que les herbiers marins et les mangroves, peuvent également être efficaces.
Réduction de la subsidence et des émissions
Dans certaines régions, la subsidence des terres est beaucoup plus rapide que l'élévation moyenne du niveau de la mer. Cela est aggravé par l'extraction des eaux souterraines et la construction dense. La réglementation de l'extraction des eaux souterraines est essentielle pour atténuer la subsidence, en particulier dans les deltas.
La Chine, étant l'un des pays les plus émetteurs de gaz à effet de serre, a une grande responsabilité dans l'atténuation du changement climatique. La réduction des émissions est donc dans l'intérêt du pays pour minimiser les risques côtiers jusqu'en 2100 et au-delà.
Le "facteur digue" et la nécessité de nouvelles approches
La protection contre les inondations est la stratégie d'adaptation dominante en Chine. Cependant, elle présente des risques comme le "facteur digue". Ce phénomène se produit lorsque le risque augmente en raison du développement derrière des digues censées le réduire. En cas de défaillance de la protection, les impacts potentiels sur les fonctions des systèmes terrestres pourraient augmenter de 60%.
En 2017, la Chine avait construit 14 500 km de digues, mais leurs normes varient considérablement. Shanghai a une norme de protection contre les marées d'un événement tous les 500 ans, tandis que d'autres parties du littoral ont des normes aussi basses qu'un événement tous les 20 ans. De plus, le taux de conformité de la qualité de la construction n'est que de 42,5%.
Ces résultats soulignent l'urgence d'améliorer les normes de protection contre les inondations extrêmes. Ils appellent également à reconsidérer la dépendance exclusive à la protection. Une réflexion à long terme sur le retrait géré est nécessaire, car l'absence de cette approche dans les documents de planification est préoccupante.
Conclusion et recommandations
L'analyse montre que les scénarios climatiques seuls sous-estiment probablement l'éventail des futurs possibles en termes d'exposition aux inondations côtières. L'approche intégrée de cette étude ouvre la voie au développement de scénarios d'adaptation détaillés pour les côtes.
Les conclusions de cette évaluation intégrée devraient être intégrées dans les stratégies de développement à moyen et long terme de la Chine. Elles doivent servir de base scientifique essentielle pour la planification côtière à tous les niveaux. Cela inclut la planification urbaine, la délimitation des zones de protection écologique et l'approbation des changements d'utilisation des sols.
Au niveau sous-national, les provinces et les villes côtières devraient élaborer des plans d'adaptation spécifiques à moyen et long terme. Ces plans devraient inclure des mesures adaptatives, des transitions d'utilisation des sols dans les zones à haut risque et la mise en œuvre de stratégies de retrait géré en complément de la protection technique.





