Des centaines d'organisations environnementales et de défense des droits humains ont signé une lettre demandant que la prochaine conférence des Nations Unies sur le climat, la COP30, qui se tiendra au Brésil, place la justice et les réparations au cœur des discussions. Ces demandes concernent les populations injustement touchées par la crise climatique, ainsi que les héritages du colonialisme et de l'esclavage. La conférence est prévue du 10 au 21 novembre de cette année à Maloca, dans l'Amazonie brésilienne.
Points Clés
- La COP30 est appelée à intégrer les coûts du colonialisme et de l'esclavage dans les discussions sur la justice climatique.
- La lettre souligne la vulnérabilité des communautés africaines, afro-descendantes et autochtones.
- La Cour Internationale de Justice (CIJ) a reconnu l'obligation légale des nations industrialisées de diriger la lutte climatique.
- Le financement pour les pertes et dommages reste bien en deçà des besoins des pays en développement.
Un Appel Mondial pour l'Équité Climatique
La lettre, envoyée par un large éventail de groupes, dont l'Instituto Luiz Gama du Brésil et le Caribbean Pan African Network (CPAN), insiste sur la nécessité de centrer les voix des Africains, des personnes d'ascendance africaine et des peuples autochtones. Ces communautés sont souvent les plus impactées par les changements climatiques, malgré leur faible contribution historique aux émissions de gaz à effet de serre.
Les signataires appellent spécifiquement le Brésil, en tant que pays hôte, et les autres organisateurs, à « souligner » le lien entre la justice climatique et les réparations. Ce lien est établi pour les histoires et les héritages du colonialisme et de l'esclavage. Le Brésil abrite la plus grande population de personnes d'ascendance africaine en dehors de l'Afrique et l'une des plus grandes populations de peuples autochtones au monde.
Le Saviez-vous ?
Le Brésil compte la plus grande population afro-descendante hors d'Afrique et une des plus importantes populations autochtones au niveau mondial.
Fondements Juridiques des Réparations
La lettre fait également référence aux avis consultatifs récents de la Cour Internationale de Justice (CIJ) et de la Cour Interaméricaine des Droits de l'Homme sur la justice climatique. Ces deux arrêts ont mis en évidence les vulnérabilités des communautés autochtones et afro-descendantes. C'est un point crucial pour les arguments en faveur des réparations.
« Nous demandons justice pour les pays et les peuples du monde qui ont historiquement le moins contribué au changement climatique, mais qui en sont souvent les plus durement touchés », ont déclaré les activistes dans leur lettre.
La CIJ a notamment affirmé que les nations industrialisées ont une obligation légale de prendre les devants dans la lutte contre le changement climatique. Cette obligation découle de leur plus grande responsabilité historique en matière d'émissions. C'est un argument clé pour les pays en développement qui subissent les conséquences du réchauffement climatique.
Disparité des Engagements et des Besoins
Lors des pourparlers de la COP à Paris en 2015, les pays riches avaient convenu d'aider les pays plus pauvres à s'adapter à la crise climatique grandissante. Cependant, les engagements actuels sont très en retard par rapport aux besoins. Les pays en développement estiment qu'il faut 1 300 milliards de dollars pour couvrir les pertes et dommages causés par des phénomènes météorologiques de plus en plus extrêmes.
Lors de la COP29 à Bakou, en Azerbaïdjan, les négociateurs se sont accordés sur un objectif de 300 milliards de dollars pour le financement des pertes et dommages. Ce montant vise à aider les nations en développement à s'adapter au changement climatique. Bien que ce chiffre soit une augmentation par rapport à l'engagement précédent de 100 milliards de dollars, il reste 200 milliards de dollars de moins que ce que 134 pays en développement réclamaient lors de la COP précédente.
Contexte Historique
Les demandes de réparations pour l'exploitation coloniale et l'esclavage, vieilles de plusieurs siècles, connaissent un regain d'intérêt mondial. Cependant, elles rencontrent également une opposition croissante. Les critiques estiment que les États et institutions modernes ne devraient pas avoir à payer pour des erreurs historiques.
Impacts Concrets du Changement Climatique
Cette nouvelle demande de réparations intervient alors que les pays du monde entier sont confrontés à des événements météorologiques extrêmes de plus en plus fréquents. Par exemple, le Pakistan est de nouveau aux prises avec des inondations cette année, après les crues dévastatrices de 2022. Ces inondations avaient causé environ 14,8 milliards de dollars de dommages et 15,2 milliards de dollars de pertes économiques.
Selon le rapport Climate Rate Index, ces événements ont plongé environ neuf millions de personnes dans la pauvreté au Pakistan. Des recherches récentes menées par des organisations européennes et la Banque Centrale Européenne ont également montré que le changement climatique provoque déjà des flambées des prix alimentaires. Cela inclut des hausses récentes pour le café brésilien et le cacao ghanéen.
Soutien International et Perspectives
Parmi les autres signataires de la lettre adressée aux organisateurs de la COP figurent la Global Afro-descendant Climate Collaboration for Climate Justice, l'organisation climatique de jeunes ougandaise Resilient 40, le Emancipation Support Committee de Trinité-et-Tobago et le HBCU Green Fund aux États-Unis. La ministre colombienne de l'environnement a également soutenu cette initiative.
La lettre sera officiellement envoyée au gouvernement brésilien et aux Nations Unies la semaine prochaine. Anielle Franco, ministre brésilienne de l'égalité raciale, a déclaré l'année dernière que les injustices du passé étaient longtemps restées ignorées par les personnes au pouvoir. Elle a ajouté que les réparations visaient à « construire un avenir plus digne ».
Ce mouvement souligne une prise de conscience croissante des liens complexes entre l'histoire, l'injustice sociale et la crise climatique. La COP30 au Brésil représente une opportunité importante pour aborder ces questions de manière plus holistique et pour progresser vers une justice climatique mondiale.





