Un nouveau rapport du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) révèle une réalité alarmante : le changement climatique exacerbe la pauvreté dans le monde entier. Alors que les dirigeants se préparent pour la prochaine conférence sur le climat, les données montrent que les populations les plus démunies sont les premières victimes des vagues de chaleur, des sécheresses et des inondations.
Selon les Nations Unies, 1,1 milliard de personnes vivent aujourd'hui dans une pauvreté aiguë. Pour elles, les dérèglements climatiques ne sont pas une menace lointaine, mais une crise quotidienne qui détruit leurs moyens de subsistance et met leur vie en danger.
Points Clés
- Le changement climatique affecte de manière disproportionnée les 1,1 milliard de personnes vivant dans la pauvreté.
- Même dans les pays riches, 82 % des personnes pauvres sont exposées à des risques climatiques majeurs comme la chaleur extrême et les inondations.
- L'agriculture dans les pays en développement, qui fait vivre plus de 500 millions de petits producteurs, est particulièrement menacée.
- La lutte contre la pauvreté et l'action climatique sont désormais considérées comme deux facettes d'un même combat.
Un double fardeau pour les plus vulnérables
Le lien entre pauvreté et vulnérabilité climatique est direct et implacable. Les personnes ayant de faibles revenus manquent souvent des ressources nécessaires pour s'adapter ou se protéger des catastrophes naturelles. Elles vivent fréquemment dans des zones à haut risque, comme des plaines inondables ou des terres sujettes à la sécheresse, car ce sont les seuls endroits qu'elles peuvent se permettre.
À Rio de Janeiro, dans le quartier d'Arara, Luis Cassiano vit cette réalité. Les vagues de chaleur estivale transforment sa maison en briques en véritable four. Il y a dix ans, il a installé un toit végétalisé qui permet de réduire la température intérieure jusqu'à 15 degrés Celsius par rapport à ses voisins. Malgré cela, les pannes de courant fréquentes dues à un réseau surchargé rendent son climatiseur peu fiable.
« Le soleil en été, de nos jours, est effrayant », confie Luis Cassiano.
Son cas illustre un problème mondial. Un rapport du PNUD a révélé que même dans les pays les plus développés, 82 % des personnes vivant dans la pauvreté sont exposées à au moins un des quatre grands risques climatiques : chaleur intense, sécheresse, inondations et pollution de l'air.
Le cercle vicieux de la précarité
Selon Carter Brandon, expert au World Resources Institute, les impacts financiers des catastrophes climatiques sont dévastateurs pour les familles sans épargne. « Il ne s'agit pas seulement de bâtiments ou de ponts détruits. Le climat anéantit les moyens de subsistance des familles », explique-t-il.
Lorsqu'une catastrophe frappe, les plus pauvres n'ont ni les moyens de reconstruire, ni la possibilité de déménager. Ce choc économique s'ajoute souvent à d'autres difficultés comme des problèmes de santé ou un accès limité à l'éducation, créant un piège dont il est difficile de s'échapper.
L'agriculture en première ligne
L'impact sur l'agriculture est l'une des plus grandes préoccupations. Les pays en développement, où vivent la majorité des 550 millions de petits producteurs agricoles du monde, seront les plus sévèrement touchés par la baisse des rendements.
L'Afrique, qui compte plus de 500 millions de personnes en situation de pauvreté, est particulièrement vulnérable. Une grande partie de sa population dépend directement des récoltes pour survivre.
Ismahane Elouafi, directrice générale du CGIAR, un réseau mondial de recherche agricole, souligne que si la technologie peut aider les agriculteurs à s'adapter, beaucoup n'ont pas les moyens de se la procurer. L'accès au financement pour ces technologies d'adaptation reste un défi majeur.
Un sommet climatique au cœur de la réalité
La décision d'organiser la prochaine conférence des Nations Unies sur le climat (COP) à Belém, une ville brésilienne située aux portes de l'Amazonie et confrontée à des défis économiques, est hautement symbolique. L'objectif est de rappeler aux négociateurs les réalités quotidiennes de millions de personnes.
« Je suis heureuse que nous allions dans un endroit comme celui-ci, car c'est là que le climat rencontre la pauvreté, la demande, les besoins de financement et la réalité de la majorité de la population mondiale », a déclaré Inger Andersen, directrice exécutive du Programme des Nations Unies pour l'environnement.
Le débat : Émissions contre souffrance humaine
Certaines voix influentes, comme celle de Bill Gates, appellent à un changement de priorité. Il suggère de passer d'un objectif centré sur la réduction des émissions à une approche visant d'abord à réduire la souffrance humaine. Selon lui, « il n'y a pas d'histoire apocalyptique pour les pays riches », mais la situation est critique pour les pays pauvres.
Cependant, de nombreux experts estiment que cette vision crée une fausse dichotomie. Pedro Conceição, directeur du Bureau du rapport sur le développement humain au PNUD, insiste sur le fait qu'il ne s'agit pas d'un compromis à faire.
« L'idée que le climat est seulement un problème futur, ou qu'il concerne des choses lointaines comme la fonte des glaciers, doit être complètement abandonnée. Les deux agendas, celui de la pauvreté et celui du climat, n'en font qu'un », affirme-t-il.
Alors que les négociations approchent, la stagnation des chiffres de la pauvreté dans le monde souligne l'urgence d'une action concertée. L'enjeu n'est plus seulement de sauver la planète, mais de protéger ses habitants les plus fragiles.





