Le gouvernement fédéral australien a dévoilé son objectif climatique pour 2035. Il vise une réduction des émissions de 62 % à 70 % par rapport aux niveaux de 2005. Cette annonce, présentée lors d'une conférence de presse hors de Canberra, a soulevé des questions sur son application et les mesures immédiates. L'objectif a été rendu public avant que le Premier ministre et le ministre du Changement climatique ne partent pour l'Assemblée générale des Nations Unies à New York. Cette stratégie de communication a permis de diriger rapidement l'attention médiatique vers d'autres sujets.
Malgré l'ampleur de cette annonce, le débat public est resté limité. L'attention a été détournée par des querelles internes au Parti libéral et des interactions du Premier ministre avec le président américain. Sur le plan politique, la gestion de cette annonce par le gouvernement a été efficace, notamment grâce à une opposition divisée et marginalisée. Cependant, l'absence de législation contraignante pour cet objectif soulève des doutes sur sa mise en œuvre réelle.
Points Clés
- L'Australie vise une réduction de 62 % à 70 % des émissions d'ici 2035.
- L'annonce a été faite hors de la capitale, limitant le débat immédiat.
- Le gouvernement ne prévoit pas de légiférer l'objectif, le rendant non contraignant.
- Les émissions nationales n'ont pas diminué depuis 2022.
- Des questions demeurent sur les mesures immédiates pour atteindre cet objectif.
Un objectif climatique sans législation
Le Premier ministre Anthony Albanese a choisi de présenter l'objectif climatique de 2035 lors d'une conférence de presse en dehors de la galerie de la presse de Canberra. Cette décision a été remarquée, car le Premier ministre avait valorisé sa disponibilité face aux journalistes parlementaires pendant sa campagne électorale. Les journalistes spécialisés dans la politique climatique, habitués à sonder les détails, n'ont pas pu poser leurs questions habituelles.
Une question fondamentale est restée en suspens : l'objectif de réduction des émissions de 62 % à 70 % sera-t-il présenté au parlement sous forme de législation ? La réponse, obtenue par des briefings en coulisses, indique que le gouvernement ne cherchera probablement pas à légiférer cet objectif. Cela signifie qu'il ne sera pas une obligation légale, mais plutôt un engagement politique. L'absence de progrès significatifs sur les émissions depuis 2022 renforce les interrogations.
« Si le niveau des émissions n'a pas bougé depuis 2022, pourquoi aucune mesure additionnelle n'est-elle prise pour avancer ? Est-ce que tout va vraiment se passer au dernier moment, en 2029 ou 2034 ? »
Fait Important
L'objectif de réduction des émissions de 62 % à 70 % pour 2035 est comparé aux niveaux de 2005. Cela représente une ambition significative sur le papier, mais sa non-législation en affaiblit la portée contraignante.
Gestion médiatique et timing stratégique
L'annonce de l'objectif climatique a été faite juste avant le départ du Premier ministre et du ministre du Changement climatique, Chris Bowen, pour l'Assemblée générale des Nations Unies à New York. Ce timing a assuré que l'attention médiatique se porterait rapidement sur d'autres sujets internationaux. Cette stratégie a permis au gouvernement de diffuser une information majeure sans subir un examen approfondi immédiat.
Lors de la conférence de presse, les journalistes n'ont eu que très peu de temps pour assimiler les centaines de pages de conseils climatiques de l'Autorité du Changement Climatique, du Trésor et d'autres ministères. Cette méthode de diffusion de l'information a limité la capacité de la presse à poser des questions détaillées et complexes. La Coalition, l'opposition, s'est trouvée dans une impasse politique, incapable de critiquer efficacement la performance du gouvernement en matière d'émissions.
Contexte Politique
La politique climatique australienne a été marquée par des désaccords profonds pendant des années. Les changements fréquents de politique et l'incapacité à atteindre des consensus ont ralenti les progrès. La stratégie actuelle du gouvernement vise à naviguer dans ce paysage complexe en présentant des objectifs ambitieux tout en évitant des engagements législatifs immédiats qui pourraient être politiquement coûteux.
Des émissions stagnantes et des défis persistants
Malgré les objectifs annoncés, les émissions annuelles de carbone de l'Australie sont restées à peu près au même niveau qu'en 2022. De nouvelles sources d'émissions fugitives, qui représentent environ 20 % du total national, sont approuvées, notamment par de nouvelles mines et des projets gaziers étendus. Les cadres politiques en place pour gérer ces émissions, comme le mécanisme de sauvegarde, sont encore trop récents pour avoir démontré leur efficacité réelle.
- Émissions de véhicules : Les ventes de véhicules électriques restent inférieures à 10 % des nouvelles ventes. Cela met en question les conseils de l'Autorité du Changement Climatique selon lesquels la moitié des voitures vendues d'ici 2035 devraient être sans émissions.
- Prévisions du gouvernement : Le document de planification sectorielle des transports pour 2035 du gouvernement prévoit que les combustibles fossiles pour les voitures ne seront utilisés que dans des « circonstances très spécifiques ». La signification exacte de cette déclaration reste floue.
Ces prévisions et objectifs futurs ne contribuent pas à réduire les émissions à court terme. La focalisation sur des cibles lointaines, comme 2035 ou 2050, ressemble à une approche similaire à celle du budget fédéral. Les politiciens font des prévisions audacieuses pour des contraintes de dépenses futures, évitant ainsi des décisions difficiles à court terme.
Décisions actuelles et impact futur
L'objectif climatique de 2035 a été décrit comme « ambitieux et réalisable », un équilibre politique. Les groupes d'affaires auraient préféré un objectif plus modeste, mais n'ont pas critiqué ouvertement, peut-être en reconnaissant son caractère aspirationnel plutôt que contraignant. Les groupes environnementaux, en revanche, ont exprimé leur déception, estimant que l'objectif n'était pas assez ambitieux.
Richard Denniss, de l'Australia Institute, a souligné que le débat sur cet objectif lointain a détourné l'attention du manque d'action climatique immédiate de l'Australie. Il suggère des mesures qui auraient un impact plus rapide sur les émissions, comme la fin des subventions aux gros véhicules de luxe (utes et SUV). Ces propositions ont été largement ignorées au profit d'une discussion sur des pourcentages futurs.
Comme pour les budgets, les coûts de ces mesures immédiates seraient à court terme, ce qui conduit le gouvernement à les ignorer comme de véritables options. La nation semble débattre de la destination de vacances en 2035, tandis qu'il n'y a pas d'accord sur le dîner de ce soir. Cela illustre la difficulté de prendre des décisions concrètes et immédiates pour faire face au changement climatique.
Statistiques Clés
- Les émissions de carbone sont stables depuis 2022.
- Moins de 10 % des nouvelles voitures vendues sont électriques.
- Les émissions fugitives représentent environ 20 % du total national.





