Aux États-Unis, la nouvelle administration présidentielle a initié une série de mesures qui remettent en question des décennies de politique environnementale. Des directives internes visent à modifier le langage utilisé par les agences fédérales concernant le changement climatique, tandis que des nominations clés favorisent les intérêts de l'industrie des énergies fossiles.
Points Clés
- Le Département de l'Énergie a publié un rapport minimisant la gravité du changement climatique.
- Une liste de termes comme « changement climatique », « décarbonisation » et « énergie propre » est désormais restreinte dans les communications officielles.
- Plus de 100 experts liés à l'industrie des combustibles fossiles ont été nommés à des postes clés.
- Les énergies renouvelables, comme le solaire, démontrent leur efficacité et leur rentabilité malgré le manque de soutien fédéral.
Une nouvelle orientation pour la politique énergétique
Le Département de l'Énergie, sous la direction de Chris Wright, a entrepris de réécrire les rapports politiques antérieurs sur la science du climat. Un rapport récent publié par le département minimise l'urgence et la sévérité des impacts climatiques, marquant une rupture nette avec les consensus scientifiques établis.
Parallèlement, l'Office de l'Efficacité Énergétique et des Énergies Renouvelables a reçu des instructions pour éviter l'utilisation de plusieurs mots dans ses documents officiels. Les termes concernés incluent « changement climatique », « vert », « décarbonisation », « transition énergétique » et « empreinte carbone ».
Cette réorientation s'accompagne de nominations stratégiques. Plus de 100 personnes ayant des liens avec l'industrie des combustibles fossiles, des lobbyistes d'entreprise ou des opposants aux énergies renouvelables ont été placées dans neuf agences fédérales, influençant directement la réglementation et la politique énergétique du pays.
La suppression du langage scientifique
Selon des observateurs, ces interdictions de mots ne sont pas de simples changements sémantiques. Elles représentent une tentative de modifier le discours public et de saper les fondements scientifiques qui sous-tendent les politiques climatiques. En éliminant le vocabulaire de la science du climat, l'administration rend plus difficile la justification de réglementations basées sur des données probantes.
Les conséquences sur la recherche et l'économie
Les critiques affirment que cette approche a des effets concrets et immédiats. « Il ne s'agit pas seulement de recherche et de politique directement, cela affectera aussi ce que nous voyons et ne voyons pas, et ce que nous disons et ne disons pas », explique Rakesh Bhandari, directeur associé des études interdisciplinaires à l'Université de Californie à Berkeley.
« Ces interdictions de mots sont des décisions conscientes qui changent le discours public et constituent une attaque directe et intentionnelle contre la science fondée sur des preuves et la pensée indépendante, qui sont des outils essentiels pour tenir les gouvernements responsables. » — Meghan Pazik, Public Citizen’s Climate Program
Sur le plan économique, des groupes politiques de droite continuent de faire pression pour bloquer les entreprises qui cherchent à intégrer les risques climatiques dans leurs stratégies. Cela se produit alors que les coûts liés aux impacts climatiques deviennent de plus en plus difficiles à ignorer pour les investisseurs, les municipalités et les contribuables.
Le coût de l'inefficacité énergétique
Le système énergétique mondial actuel, largement basé sur les combustibles fossiles, est marqué par une forte inefficacité. Près des deux tiers de toute l'énergie primaire sont perdus lors de la production, du transport et de l'utilisation. Ce gaspillage représente plus de 4,6 billions de dollars par an, soit près de 5 % du PIB mondial.
Les énergies renouvelables comme alternative viable
En dépit du contexte politique, les énergies renouvelables continuent de gagner du terrain. L'énergie propre est désormais la forme de nouvelle production d'électricité la moins chère à construire, une tendance qui s'accélère avec la croissance des centres de données et l'électrification des transports.
Ted Kelly, directeur et avocat principal pour l'énergie propre à l'Environmental Defense Fund, souligne cette contradiction. « Le solaire et le stockage sont les moyens les plus rapides et les moins chers d'apporter l'énergie abordable dont les communautés ont besoin, alors que la demande et les coûts de l'électricité augmentent », dit-il.
Il dénonce une approche à deux vitesses de la part de l'administration. « Les combustibles fossiles polluants et coûteux bénéficient d'un 'service de conciergerie', tandis que les énergies renouvelables et le stockage bon marché subissent des gels, des retards et des annulations. »
Un exemple concret d'efficacité
L'efficacité des énergies renouvelables n'est plus théorique. Durant les vagues de chaleur estivales en Nouvelle-Angleterre, l'énergie solaire a joué un rôle crucial. Les panneaux installés sur les maisons, les entreprises et dans de plus grands parcs solaires ont fourni jusqu'à 22 % de l'électricité de la région lors des pics de demande.
Cette production a permis de stabiliser le réseau électrique et d'économiser des dizaines de millions de dollars pour les consommateurs pendant les journées les plus chaudes. Ce type de performance démontre la fiabilité et les avantages économiques des technologies propres, même dans un climat politique qui leur est défavorable.





