Le typhon Halong a causé des dégâts considérables dans au moins quinze villages du delta du Yukon-Kuskokwim, en Alaska. Des vents de force ouragan et des vagues géantes ont détruit des maisons, coupé l'électricité et déplacé des infrastructures essentielles. La communauté de Kipnuk est parmi les plus touchées, avec environ 90% des habitations détruites et la quasi-totalité de ses 700 résidents évacués.
Points Clés
- Le typhon Halong a frappé le delta du Yukon-Kuskokwim, une région de la taille de l'Oregon.
- Environ 15 villages ont subi des dégâts majeurs, dont Kipnuk où 90% des maisons sont détruites.
- La fonte du pergélisol et l'érosion côtière aggravent l'impact des tempêtes.
- Les efforts de reconstruction et de relocalisation sont complexes et coûteux.
- La région connaît un réchauffement climatique quatre fois plus rapide que la moyenne mondiale.
Impact Dévastateur sur les Communautés Autochtones
Le typhon Halong a frappé la région les 11 et 12 octobre, avec des vents atteignant 172 km/h à Kusilvak. Les marées ont dépassé les 1,8 mètre à Kwigillingok, submergeant des terres et des habitations. Cette catastrophe souligne la vulnérabilité croissante des communautés autochtones face aux phénomènes climatiques extrêmes.
Dans le village de Kipnuk, la situation est particulièrement grave. La plupart des 700 habitants ont été évacués par avion militaire. Des images montrent des maisons arrachées de leurs fondations et des passerelles en bois brisées. Les coupures de courant sont généralisées, et le manque d'accès aux services essentiels complique les opérations de secours et de rétablissement.
Faits Importants
- 90% des maisons détruites à Kipnuk.
- Vents de 172 km/h enregistrés à Kusilvak.
- Plus de 30 000 autochtones de 58 tribus vivent dans la région.
- Le réchauffement dans la région est quatre fois plus rapide que la moyenne mondiale.
« Nous connaissons cette terre. »
Des Vies Bouleversées et des Disparus
La tempête a eu des conséquences humaines tragiques. Ella Mae Kashatok, 67 ans, a été retrouvée sans vie après que sa maison a été emportée. Son frère et son fils sont toujours portés disparus. Ces événements rappellent la fragilité de la vie dans ces environnements extrêmes.
Tony Paul, un jeune homme de 22 ans de Kipnuk, a participé aux efforts de sauvetage avec son bateau. Ce même bateau, épargné par la tempête, est devenu un outil précieux pour l'équipe de rétablissement. Il a permis de secourir plusieurs villageois et de chercher des outils emportés par les eaux.
Un Contexte de Changement Climatique Accéléré
Le delta du Yukon-Kuskokwim est une zone particulièrement exposée aux effets du changement climatique. Le réchauffement y est presque quatre fois plus rapide que la moyenne mondiale, selon l'Administration nationale des océans et de l'atmosphère (NOAA). Cette situation entraîne une accélération de la fonte du pergélisol, une érosion côtière chronique et une augmentation de l'intensité et de la fréquence des inondations.
La région, l'une des six principales zones d'impact climatique en Alaska, repose sur une toundra fragile. Les Yup'ik décrivent cette vulnérabilité comme l'« usteq », un effondrement catastrophique des terres. Les eaux boueuses ont submergé des sites de cueillette de baies et des sentiers de chasse, des lieux où un savoir ancestral est transmis de génération en génération. Des tombes d'anciens ont été déterrées, symbolisant une blessure profonde pour des communautés où la terre et la parenté sont indissociables.
Informations Contextuelles
Le delta du Yukon-Kuskokwim est une vaste étendue de terre de la taille de l'Oregon, où les fleuves Yukon et Kuskokwim rencontrent la mer de Béring. Cette région est habitée par des populations autochtones, principalement Yup'ik, qui dépendent de la subsistance et ont un lien profond avec leur environnement naturel.
La fonte du pergélisol affaiblit les fondations des bâtiments et des infrastructures, rendant les villages encore plus vulnérables aux tempêtes et à l'érosion.
Obstacles au Financement et à la Reconstruction
Malgré l'urgence, l'accès aux fonds nécessaires pour la défense et la reconstruction des villages reste difficile. En 2022, deux villages fluviaux, Newtok et Napakiak, ont reçu 25 millions de dollars chacun du Bureau des Affaires Indiennes pour des projets de relocalisation. Newtok a achevé la première migration climatique à grande échelle en Amérique du Nord l'année dernière, se déplaçant de 14 kilomètres vers Mertarvik. Le déplacement de Napakiak est en cours et devrait coûter des centaines de millions de dollars.
Cependant, ces subventions sont souvent trompeuses. Sheryl Musgrove de l'Alaska Institute for Justice (AIJ) explique que « ces communautés ont beaucoup de mal à obtenir des subventions car elles sont très compétitives. Et ces villages sont basés sur la subsistance. Ils n'ont souvent pas les moyens de générer de l'argent. »
Des Décisions Politiques Controversées
Kipnuk avait obtenu sa première subvention de l'Agence de Protection de l'Environnement (EPA) de 20 millions de dollars pour lutter contre l'érosion côtière. Malheureusement, l'administration Trump a annulé cette subvention en mai. Lee Zeldin, administrateur de l'EPA, a défendu cette annulation, affirmant que les fonds étaient mieux conservés au Trésor américain.
Cette décision a suscité la controverse, notamment parce que Zeldin a confondu la rivière Kugkaktlik, qui borde Kipnuk, avec la rivière Kuskokwim. Musgrove a souligné : « Ces villages sont très, très pauvres. Ils dépendent de l'aide comme les subventions de l'EPA pour faire avancer les choses. » Une déclaration de catastrophe de l'ère Biden a débloqué des fonds de la FEMA, mais selon les chefs tribaux, aucun n'est encore arrivé.
L'Appel à l'Action et l'Incertitude de l'Avenir
Lors d'une conférence de presse à Anchorage, la sénatrice de l'Alaska, Lisa Murkowski, a cité un proverbe chinois : « Le meilleur moment pour planter un arbre, c'était hier. Le deuxième meilleur moment, c'est maintenant. » Elle a exhorté à une action immédiate et concertée, marquant un changement par rapport à sa position il y a trois ans, après le typhon Merbok, où elle s'interrogeait sur la nécessité de se préparer aux intempéries extrêmes en Alaska.
Après Halong, il n'y a plus de doute. « Cela va nécessiter des ressources et un effort combiné », a déclaré Murkowski. Elle a salué la demande du gouverneur de l'Alaska, Mike Dunleavy, d'une déclaration de catastrophe fédérale pour activer l'aide de la FEMA pour une cinquantaine de communautés côtières.
Des questions essentielles demeurent : Kipnuk sera-t-il reconstruit ? Si non, quel sera l'avenir de cette communauté ? Rick Thoman, un climatologue, a déclaré : « C'est ce que nous redoutons depuis des années – des décennies. Ces typhons se déplaçant vers le nord et ce qui se trouve sur leur chemin : est-ce quelque chose auquel nous pouvons nous attendre davantage ? Nous ne savons pas. Et les habitants de l'Alaska doivent savoir. » Il a insisté sur une certitude : « Nous devons espérer que les tribus seront au centre de ces conversations. »
- Les dernières personnes évacuées sont arrivées à Anchorage en avion militaire.
- Beaucoup ont été hébergés dans des abris temporaires.
- Lacey Paul, secrétaire d'école de Kipnuk, a retrouvé son chien Shiny, resté derrière lors de l'inondation.
Le président-directeur général de la Yukon-Kuskokwim Health Corporation (YKHC), Dan Winkelman, qui avait célébré une expansion de clinique avant la tempête, a désormais pour mission d'aider les habitants à se rétablir. La terre commence à guérir, et les communautés doivent faire de même.





