La prochaine Conférence des Parties (COP30), prévue en novembre à Belém, au Brésil, représente un moment crucial pour l'avenir de l'adaptation climatique. Alors que 3,6 milliards de personnes sont déjà fortement exposées aux impacts du changement climatique, les engagements financiers actuels sont insuffisants et les mécanismes de suivi des progrès restent à finaliser.
Le sommet doit répondre à des questions fondamentales : un nouvel objectif de financement de l'adaptation sera-t-il défini avec des engagements concrets ? Des systèmes de suivi robustes seront-ils mis en place pour l'Objectif Mondial sur l'Adaptation (OMA) et les Cibles de Dubaï ? Enfin, l'adaptation recevra-t-elle l'attention politique nécessaire pour passer des discours à l'action ?
Points Clés
- 3,6 milliards de personnes sont vulnérables aux impacts climatiques.
- Les besoins annuels de financement pour l'adaptation varient entre 215 et 387 milliards de dollars.
- Les engagements financiers de Glasgow expirent fin 2024.
- L'Objectif Mondial sur l'Adaptation manque encore de mécanismes de suivi clairs.
- La COP30 doit définir un nouvel objectif de financement et un cadre de suivi.
Un nouvel objectif de financement de l'adaptation
La question du financement est au cœur des discussions à Belém. L'objectif de doubler le financement de l'adaptation, fixé par le Pacte de Glasgow, arrive à échéance fin 2024. Il est impératif de déterminer ce qui le remplacera.
Les pays vulnérables ont besoin d'une somme colossale pour s'adapter. Les estimations actuelles chiffrent leurs besoins annuels entre 215 milliards et 387 milliards de dollars. Ces montants dépassent de loin les fonds disponibles.
Le Saviez-vous ?
67 pays en développement ont déjà achevé leurs Plans Nationaux d'Adaptation (PNA), et 77 autres sont en cours d'élaboration. Ces plans sont essentiels pour identifier les besoins spécifiques de chaque nation.
La forme de l'objectif financier est également cruciale. S'agira-t-il d'une cible basée sur des provisions, avec des contributions publiques mesurables ? Ou plutôt d'une cible de mobilisation, dépendante de l'investissement privé, souvent moins transparent ?
« L'adaptation climatique ne peut pas être réservée aux riches », a déclaré le président de la COP30, Corrêa do Lago. « Les populations vulnérables ne doivent pas être laissées à elles-mêmes. »
Le Fonds d'Adaptation, après deux années consécutives de sous-performance, est sous pression pour atteindre ses objectifs et obtenir un réapprovisionnement pluriannuel. Cela garantirait un soutien prévisible pour les projets d'adaptation.
Le rôle des banques multilatérales de développement
Les banques multilatérales de développement (BMD) jouent un rôle clé. Elles sont appelées à intégrer l'adaptation dans leurs approches nationales, en alignant les financements pour une action accélérée et en fournissant des financements de démarrage rapide pour la mise en œuvre des Plans Nationaux d'Adaptation (PNA).
Sans de nouveaux engagements financiers concrets, l'ambition de l'Objectif Mondial sur l'Adaptation risque de rester purement rhétorique. Les pays développés doivent renouveler ou augmenter leurs engagements bilatéraux au-delà des promesses de l'ère de Glasgow.
Un système pour suivre les progrès de l'Objectif Mondial sur l'Adaptation
L'Objectif Mondial sur l'Adaptation (OMA) a été établi par l'Accord de Paris en 2015. Malgré plusieurs programmes de travail depuis 2021 et l'élargissement par le Cadre de Dubaï pour la Résilience Climatique Mondiale (COP28), il manque toujours d'un mécanisme clair pour mesurer les progrès.
Le Cadre de Dubaï a fixé 11 cibles et lancé le Programme de Travail Émirats Arabes Unis-Belém. La COP30 devra s'accorder sur un ensemble d'indicateurs robustes et simplifiés, à la fois scientifiquement solides et utilisables par des pays aux capacités diverses.
Contexte de l'OMA
L'OMA vise à renforcer la capacité d'adaptation, à renforcer la résilience et à réduire la vulnérabilité au changement climatique. Il couvre des domaines prioritaires comme l'eau et l'assainissement, l'alimentation et l'agriculture, la santé, les écosystèmes, les infrastructures, les moyens de subsistance et le patrimoine culturel.
Les négociateurs doivent s'entendre sur l'inclusion d'indicateurs équitables concernant les moyens de mise en œuvre : financement, technologie et renforcement des capacités. Ils devront aussi décider des prochaines étapes dans le cadre de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques pour garantir l'application des cibles de Dubaï dans les deux à cinq prochaines années.
Une attention politique accrue pour l'adaptation
Le président de la COP30, Corrêa do Lago, a récemment publié une lettre axée sur l'élévation du profil de l'adaptation, appelant à des solutions qui feront de Belém la « COP de la mise en œuvre de l'adaptation ». Il doit désormais intégrer ce principe dans toute l'architecture de la COP30.
Un test majeur sera la manière dont l'adaptation sera intégrée dans la Feuille de Route de Bakou à Belém pour atteindre 1 300 milliards de dollars, qui doit être publiée par la présidence. Le programme d'action de la COP30, qui propose un plan pour l'action climatique collective, pourrait servir de pont entre la vision politique et la réalisation pratique de l'adaptation.
- Objectifs de financement : Définir des cibles claires et mesurables.
- Systèmes de mesure : Établir des indicateurs de progrès pour l'OMA.
- Engagements politiques : Assurer que l'adaptation soit une priorité dans les déclarations des dirigeants.
Le Brésil, en tant qu'hôte et président de la COP30, a maintes fois souligné l'importance de faire correspondre l'adaptation avec des ressources et une responsabilité concrètes. Il a mis en avant l'adaptation comme l'une des cinq étoiles directrices de l'Accord de Paris, aux côtés de l'atténuation, du financement, de la technologie et du renforcement des capacités.
Avec les bons résultats à Belém concernant les objectifs de financement, les systèmes de mesure et les engagements politiques, la COP30 pourrait être le moment où le financement et la mise en œuvre de l'adaptation atteindront enfin l'ampleur du défi climatique mondial.





