Les ouragans deviennent de plus en plus intenses et leurs impacts s'étendent bien au-delà des côtes. C'est le constat alarmant dressé par Corey Davis, climatologue adjoint de l'État de Caroline du Nord, lors d'une récente conférence. Les données historiques et les recherches actuelles montrent une augmentation des dangers liés à ces phénomènes météorologiques, notamment en raison du réchauffement des océans et de l'atmosphère.
Davis a ouvert son exposé en rappelant le "Grand Ouragan de Beaufort" de 1879, une tempête de catégorie 3 qui avait causé la mort de 46 personnes en Caroline du Nord et en Virginie. À l'époque, les ouragans étaient perçus comme des événements principalement côtiers. Cependant, la situation a profondément changé au cours des dernières décennies.
Points Clés
- L'intensité des ouragans augmente, avec une fréquence accrue d'intensification rapide.
- Les prévisions de trajectoire se sont améliorées, mais la communication des risques reste un défi.
- Le réchauffement des océans et de l'atmosphère contribue à des tempêtes plus humides et plus lentes.
- Les impacts s'étendent désormais loin à l'intérieur des terres, affectant de nouvelles zones.
- De nombreuses constructions continuent dans les zones inondables, malgré les risques avérés.
Évolution des Prévisions et des Dangers
Depuis les années 1970, la science de la prévision des ouragans a fait des progrès significatifs. Corey Davis a souligné l'amélioration notable de la précision des trajectoires. "Au cours des cinq à dix dernières années, l'erreur de prévision à 72 heures est inférieure à 100 milles nautiques", a-t-il précisé. Cela contraste fortement avec les années 1970 et 1980, où cette erreur atteignait environ 400 milles nautiques.
Cependant, malgré ces avancées, la communication des risques au public demeure un enjeu majeur. Historiquement, l'accent était mis sur les vents, surtout pour les zones côtières. Aujourd'hui, les météorologues insistent davantage sur les quantités de pluie, les inondations et les ondes de tempête, y compris pour les régions intérieures.
Fait Marquant
L'erreur moyenne de prévision de trajectoire des ouragans à 72 heures est passée de 400 milles nautiques dans les années 1970 à moins de 100 milles nautiques aujourd'hui. Une avancée technologique cruciale pour la sécurité des populations.
Impact du Changement Climatique sur les Tempêtes
Le changement climatique joue un rôle déterminant dans l'aggravation des ouragans. Le principal facteur est l'augmentation du contenu thermique des océans mondiaux. "Nous savons maintenant que les océans ont vraiment absorbé le choc du réchauffement, surtout au cours des 50 à 60 dernières années", a déclaré Davis. Cette chaleur supplémentaire a plusieurs conséquences directes sur les tempêtes tropicales.
Océans Plus Chauds, Tempêtes Plus Fortes
Des océans plus chauds signifient des saisons plus favorables à l'activité tropicale. Une eau suffisamment chaude permet aux tempêtes de se former plus facilement. Un autre impact majeur est l'intensification rapide. Par exemple, l'ouragan Erin est passé de catégorie 1 à catégorie 4 en seulement 18 heures cet été. Cette intensification rapide augmente considérablement la puissance des tempêtes lorsqu'elles touchent terre.
"Quand il y a autant d'eau chaude, cela signifie que plus de saisons seront propices à l'activité tropicale. Si l'océan est suffisamment chaud, vous pouvez presque toujours voir des tempêtes se former." – Corey Davis, Climatologue Adjoint de l'État.
Atmosphère Plus Humide, Pluies Plus Abondantes
Une atmosphère plus chaude agit comme une éponge plus grande, capable d'absorber davantage d'humidité. Cette humidité est ensuite libérée d'un seul coup, souvent loin à l'intérieur des terres. "Les tempêtes deviennent globalement plus humides", a expliqué Davis. L'ouragan Florence en septembre 2018 en est un exemple frappant, déversant 36 pouces de pluie dans certaines parties du sud-est de la Caroline du Nord, des quantités "inouïes".
Contexte Historique
L'ouragan de Beaufort de 1879 est souvent cité pour illustrer le manque de préparation et de compréhension des tempêtes à l'époque. Le gérant de l'hôtel Atlantic avait ignoré les avertissements, croyant que sa région était épargnée par les tempêtes majeures depuis 20 ans. Une leçon tragique qui souligne l'importance des prévisions modernes.
Ralentissement des Tempêtes et Risques Accrus
Les recherches montrent que depuis le début des années 1970, les tempêtes ont tendance à ralentir, voire à stagner, une fois qu'elles atteignent la terre, en particulier sur les côtes des Carolines. "Cela signifie que nous voyons des tempêtes comme Florence. Elles atteignent nos côtes et ralentissent considérablement ; elles restent au-dessus de nous pendant des jours et déversent encore plus de pluie que nous n'en avons jamais vu", a précisé Davis.
Ces changements mettent davantage de personnes en danger. Une étude a révélé que pour chaque maison retirée d'une zone inondable en Caroline du Nord, dix nouvelles étaient construites dans ces mêmes zones. Une autre étude a montré qu'entre 1996 et 2020, 43% des bâtiments inondés dans l'État se trouvaient en dehors des zones désignées par la FEMA, et 23% ont été inondés plusieurs fois.
- 43% des bâtiments inondés entre 1996 et 2020 étaient hors des zones inondables officielles.
- 23% des bâtiments inondés ont subi des inondations répétées au cours de cette période.
L'Évolution des "Pires Tempêtes"
Les cartes des pires événements tropicaux en Caroline du Nord ont radicalement changé. Une carte datant de 2010 montrait des tempêtes comme Hazel (1954) ou Fran (1996) comme les plus dévastatrices. La nouvelle carte, mise à jour en septembre, présente un tableau très différent.
Pour le comté de Carteret, par exemple, si Hazel (1954) était un événement côtier majeur, Dorian (2019) a provoqué des ondes de tempête côté baie jamais vues auparavant sur les North Core Banks et l'île d'Ocracoke. Pour la majeure partie du sud-est de la Caroline du Nord, Florence (2018) est désormais considérée comme la pire tempête. Pas moins de 50 autres comtés ont connu leur pire tempête au cours des dix dernières années.
L'ouragan Florence, par son ampleur, est désormais considéré comme la pire tempête de Cape Lookout jusqu'aux banlieues de Charlotte. "C'est une empreinte massive que nous n'avons tout simplement pas vue historiquement pour ce type de tempêtes", a commenté Davis.
Leçons à Tirer pour l'Avenir
Corey Davis a insisté sur plusieurs leçons cruciales. La première est l'"action à distance". Une zone peut subir des impacts importants même si l'œil de la tempête reste loin au large. L'ouragan Erin, à 200 ou 300 milles des côtes cet été, a tout de même provoqué des courants d'arrachement et des submersions côtières.
La deuxième leçon est de ne pas se fier uniquement à la force des vents ou à la catégorie d'une tempête. La tempête tropicale Chantal, début juillet, était une faible dépression tropicale, mais elle a déversé 8 à 10 pouces de pluie en 12 heures sur le centre de la Caroline du Nord, des quantités inédites pour ces régions.
Enfin, Davis a rappelé l'importance de tirer des leçons de l'histoire. Après l'ouragan Floyd en 1999, de nombreux habitants ont reconstruit leurs maisons à l'identique, pensant qu'un tel événement ne se reproduirait pas de leur vivant. "Ce n'est qu'avec les tempêtes suivantes, Matthew puis Florence, qu'ils ont réalisé que ce n'était probablement pas une bonne idée d'avoir une maison ici, car ce n'est pas un événement unique", a-t-il conclu. "Si cela arrive une fois, cela arrivera encore."





