Alors que les dirigeants mondiaux se préparent pour la COP30 au Brésil, un nouveau rapport révèle une expansion massive des projets pétroliers et gaziers. Cette tendance contredit directement les objectifs de l'Accord de Paris et les avertissements des experts climatiques, soulevant de sérieuses questions sur l'engagement réel des entreprises et des nations face à l'urgence climatique.
Points Clés
- 96% des entreprises fossiles explorent de nouvelles ressources.
- L'expansion à court terme a augmenté de 33% depuis 2021.
- Les entreprises investissent 75 fois plus dans l'exploration que les gouvernements dans le Fonds Pertes et Dommages.
- Le Brésil, hôte de la COP30, autorise des forages en Amazonie.
- Le marché du GNL pourrait être surapprovisionné d'ici cinq ans.
Les Géants des Combustibles Fossiles Ignoreraient l'Accord de Paris
Un rapport récent de l'organisation allemande Urgewald, intitulé «Global Oil and Gas Exit List» (GOGEL), met en lumière une réalité préoccupante. L'industrie des combustibles fossiles semble ignorer les avertissements climatiques. Elle continue d'accélérer son expansion, malgré les engagements pris il y a une décennie avec l'Accord de Paris.
Ce rapport est publié juste avant la Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques (COP30) de 2025, qui se tiendra à Belém, au Brésil. Il souligne que les discussions sur la transition verte sont minées par une augmentation massive de l'extraction et de la production de pétrole et de gaz. Cela inclut le secteur de la fracturation hydraulique et du gaz naturel liquéfié (GNL).
Chiffres Clés de l'Expansion
- 96% des entreprises de combustibles fossiles explorent et développent de nouvelles ressources pétrolières et gazières.
- L'expansion à court terme a augmenté de 33% depuis 2021.
- Les géants des fossiles prévoient de produire 256 milliards de barils équivalents pétrole et gaz dans les années à venir.
En 2021, l'Agence Internationale de l'Énergie (AIE) a clairement déclaré qu'aucun nouveau champ pétrolier ou gazier ne devrait voir le jour pour limiter le réchauffement planétaire à 1,5°C. Pourtant, l'industrie continue ses investissements massifs.
«Les plus grandes entreprises de combustibles fossiles au monde traitent l'Accord de Paris comme une suggestion polie, pas comme un plan de survie.»
Dix ans après la signature de l'Accord de Paris par 195 pays, cet accord juridiquement contraignant visait à réduire les émissions de combustibles fossiles. Avec 256 milliards de barils de nouveaux projets sur la table, cette situation n'est pas une transition, mais un défi.
Un Écart Colossal entre Promesses et Investissements
L'Accord de Paris prévoyait également que les pays riches contribuent financièrement à aider les pays du Sud à s'adapter et à atténuer l'urgence climatique. Des conférences annuelles de l'ONU ont abordé le financement climatique. Cependant, le rapport révèle un déséquilibre frappant.
L'industrie dépense environ 75 fois plus pour l'exploration pétrolière et gazière que ce que les gouvernements ont promis au Fonds des Nations Unies pour les pertes et dommages. En moyenne, les entreprises figurant sur la liste GOGEL ont dépensé 60,3 milliards de dollars au cours des trois dernières années pour l'expansion pétrolière et gazière.
Le Fonds Pertes et Dommages
Ce fonds a été créé pour aider les pays en développement à faire face aux conséquences irréversibles du changement climatique. Il reste largement sous-financé, tandis que les investissements dans les énergies fossiles continuent de croître.
Les États-Unis ont promis seulement 17,5 millions de dollars au Fonds Pertes et Dommages. Pendant ce temps, deux de leurs plus grandes entreprises fossiles, Chevron et ExxonMobil, ont dépensé respectivement 1,3 milliard et 1,1 milliard de dollars pour l'exploration pétrolière et gazière au cours des trois dernières années.
«Alors que le Fonds Pertes et Dommages est presque vide, les entreprises pétrolières et gazières investissent plus de 60 milliards de dollars chaque année dans de nouvelles explorations, aggravant le problème que le fonds est censé atténuer. C'est une négligence financière et morale.»
Hypocrisie Climatique et Expansion au Brésil et aux États-Unis
Le Brésil, pays hôte de la COP30, est pointé du doigt pour son «hypocrisie climatique». Alors qu'il se positionne comme un leader climatique, la compagnie pétrolière nationale Petrobras commence des forages dans le bassin de Foz do Amazonas. Cette zone est une partie fragile et biodiversifiée de la forêt amazonienne.
Petrobras est classée 15e plus grand exportateur de combustibles fossiles au monde. Elle dépense actuellement 1,1 milliard de dollars par an pour la recherche de nouvelles réserves, juste avant d'accueillir un sommet censé se concentrer sur la réduction des émissions.
«Le Brésil fait preuve d'une hypocrisie climatique alarmante, se présentant comme un leader climatique à la COP30 tout en autorisant l'expansion pétrolière et gazière aux portes mêmes du sommet, menaçant l'un de nos écosystèmes les plus fragiles.»
Aux États-Unis, l'expansion pétrolière et gazière se poursuit également. Le pays a même dépassé la Chine en tant que premier développeur d'énergie au gaz. Cela se produit même si un rapport récent de l'ONU et de la Banque Mondiale montre que neuf projets d'énergie renouvelable sur dix sont moins chers que les alternatives fossiles les moins coûteuses.
Le Boom du GNL et ses Conséquences
Les États-Unis abritent le plus grand développeur mondial d'exportations de GNL, Venture Global. Les entreprises prévoient une capacité d'exportation d'environ 847 millions de tonnes par an, soit une augmentation de 171% par rapport à la capacité opérationnelle actuelle. Même Patrick Pouyanné, PDG de TotalEnergies, a récemment reconnu que le secteur du GNL «construit trop».
Risque de Surapprovisionnement
Des analystes préviennent que si les plans actuels se réalisent, le monde pourrait faire face à un marché du gaz surapprovisionné d'ici cinq ans. La capacité dépasserait largement la demande mondiale.
Les entreprises de fracturation hydraulique américaines produisent bien plus de gaz qu'elles ne peuvent en vendre sur le marché intérieur. Elles se tournent vers le Mexique comme plateforme d'exportation. Elles construisent de nouvelles installations de GNL pour liquéfier leur surplus et le vendre à d'autres pays.
«Ces nouveaux projets de GNL ne sont pas pour le bénéfice des Mexicains. Ils importeront du gaz fracturé des États-Unis, le liquéfieront au Mexique et l'enverront directement en Asie. La liquéfaction du gaz est une activité incroyablement sale.»
Malgré les avertissements clairs des experts en énergie et en climat, l'expansion des combustibles fossiles continue de mettre en péril les communautés et le climat. La situation actuelle soulève des inquiétudes majeures quant à la capacité du monde à atteindre ses objectifs climatiques.





