Alors que l'incertitude plane sur la politique climatique fédérale américaine, un vaste réseau de villes, d'États et d'entreprises se mobilise pour maintenir le cap des objectifs de réduction des émissions. Menée par des figures comme l'ancienne directrice de l'EPA, Gina McCarthy, cette coalition entend prouver que l'action locale peut avoir un impact global, même en cas de blocage au sommet de l'État.
Cette initiative, baptisée "America Is All In", prépare une présence significative lors du prochain sommet des Nations Unies sur le climat, la COP30 au Brésil, pour démontrer la résilience de l'engagement américain sur le terrain, indépendamment des orientations de la Maison Blanche.
Points Clés
- Des villes et États américains s'organisent pour poursuivre les objectifs climatiques malgré l'incertitude politique fédérale.
- Une nouvelle étude montre que l'action locale pourrait réduire les émissions américaines jusqu'à 56 % d'ici 2035 par rapport aux niveaux de 2005.
- La coalition "America Is All In" enverra plus de 100 dirigeants locaux à la COP30 au Brésil pour affirmer leur engagement.
- Des voix s'élèvent pour dénoncer l'influence de l'industrie des énergies fossiles dans les négociations climatiques.
La Force du Local Face à l'Incertitude Fédérale
Face à une éventuelle administration Trump peu encline à l'action climatique, la résistance s'organise non pas à Washington, mais dans les capitales des États et les mairies à travers le pays. Gina McCarthy, ancienne administratrice de l'Agence de protection de l'environnement (EPA) et coprésidente de la coalition "America Is All In", a récemment souligné la détermination de ce mouvement.
"Nous n'autoriserons pas notre pays à devenir insensible ou affaibli par ceux qui font obstacle au progrès", a-t-elle déclaré lors d'un récent appel à la presse.
Cette coalition, qui regroupe des États, des villes, des entreprises et des institutions, se prépare à envoyer une délégation de plus de 100 dirigeants américains à la COP30. Parmi eux, des gouverneurs, près de 40 maires et des dizaines de responsables municipaux, tous unis par un objectif commun : prouver que l'action climatique américaine se poursuit activement au niveau local.
Un Potentiel de Réduction Significatif
Une étude récente menée par "America Is All In" et le Center for Global Sustainability de l'Université du Maryland révèle un potentiel impressionnant. Selon leurs projections, une action climatique élargie des villes et des États, combinée à un réengagement fédéral après 2028, pourrait réduire les émissions de gaz à effet de serre des États-Unis jusqu'à 56 % d'ici 2035, par rapport aux niveaux de 2005.
Des Secteurs Clés pour une Action Accélérée
L'étude identifie des domaines où les initiatives locales peuvent avoir un impact particulièrement rapide et important. Nate Hultman, directeur fondateur du Center for Global Sustainability, a précisé ces opportunités.
"Il existe des opportunités particulièrement grandes pour les États et les villes d'aller plus loin et plus vite dans les secteurs de l'énergie et des transports, ainsi que dans la réduction du méthane", a expliqué M. Hultman, ancien conseiller principal pour l'ambition climatique au Département d'État.
Cela se traduit par des politiques concrètes :
- Développement des énergies renouvelables (solaire, éolien).
- Électrification des flottes de transports publics.
- Incitations pour l'achat de véhicules électriques par les particuliers.
- Réglementations plus strictes sur les émissions de méthane issues de l'industrie et de l'agriculture.
Cependant, cette dynamique locale se heurte déjà à des tentatives de blocage. L'administration Trump a engagé des actions en justice pour invalider certaines politiques étatiques et cherche à supprimer les incitations financières favorisant les énergies propres.
Un Appel à la Résistance et à la Transparence
Le sénateur du Rhode Island, Sheldon Whitehouse, a exhorté les dirigeants locaux à ne pas céder à l'intimidation et à utiliser les moyens légaux pour contrer ce qu'il qualifie d'obstruction potentiellement illégale.
"Je pense que si vous vous laissez intimider par cette administration, elle s'emparera de tout le terrain que vous lui avez cédé et reviendra en chercher davantage", a-t-il affirmé aux journalistes.
Le sénateur a également pointé du doigt l'influence persistante de l'industrie des énergies fossiles, qu'il décrit comme les "méchants" de la crise climatique. Il a dénoncé la création de "toute une armada de faux groupes de façade" visant à protéger leurs intérêts et à semer le doute sur la science du climat, malgré leur connaissance précoce des impacts de leurs produits.
L'Influence des Lobbies aux Sommets Climatiques
La présence de lobbyistes des énergies fossiles lors des conférences de l'ONU sur le climat est un sujet de préoccupation croissant. Des chiffres records de représentants de ces industries ont été enregistrés depuis l'Accord de Paris en 2015. En réponse à la pression, l'organe des Nations Unies sur le changement climatique a introduit de nouvelles directives de transparence pour la COP30, demandant aux participants de divulguer qui finance leur présence. Cependant, cette déclaration reste volontaire.
Pour le sénateur Whitehouse, ces nouvelles règles sont un premier pas, mais insuffisant. "C'est un bon début, mais ce n'est pas là où ça devrait être", a-t-il commenté, appelant à une "vraie transparence sur qui se présente et sur le mal qu'ils ont fait".
Rachel Cleetus, directrice des politiques à l'Union of Concerned Scientists, partage ce point de vue. "Les entreprises de combustibles fossiles mentent et entravent les progrès de l'action climatique. C'est pourquoi nous en sommes là", a-t-elle conclu, soulignant que sans cette obstruction, le monde aurait pu agir bien plus tôt contre le réchauffement climatique.





