Un rapport des Nations Unies publié vendredi révèle une réalité alarmante : près de 80 % des personnes les plus pauvres du monde, soit environ 900 millions d'individus, sont directement exposées aux dangers climatiques aggravés par le réchauffement planétaire. Cette situation crée ce que l'ONU qualifie de « double fardeau profondément inégal ».
Points Clés
- Environ 900 millions de personnes pauvres sont directement menacées par les aléas climatiques.
- L'Afrique subsaharienne et l'Asie du Sud sont les régions les plus touchées.
- Les principaux risques identifiés sont la chaleur extrême, la pollution de l'air, les inondations et la sécheresse.
- L'ONU appelle à intégrer la lutte contre la pauvreté dans l'action climatique lors de la COP30.
Une vulnérabilité disproportionnée
Le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) et l'Oxford Poverty and Human Development Initiative ont conjointement publié une étude annuelle qui met en lumière cette injustice. Selon leurs analyses, 1,1 milliard de personnes vivent dans une pauvreté « multidimensionnelle aiguë », un indicateur qui va au-delà du simple revenu.
Ce concept prend en compte des privations multiples comme l'accès à l'éducation, aux soins de santé, à l'électricité, à l'assainissement et à un logement décent. La moitié de ces personnes sont des enfants.
« Personne n'est à l'abri des effets de plus en plus fréquents et intenses du changement climatique, mais ce sont les plus pauvres d'entre nous qui subissent l'impact le plus dur », a déclaré Haoliang Xu, administrateur par intérim du PNUD.
Le visage humain de la pauvreté multidimensionnelle
Pour illustrer cette réalité, le rapport cite l'exemple de Ricardo, membre de la communauté indigène Guarani en Bolivie. Il partage une petite maison avec 18 autres membres de sa famille, dont ses trois enfants. Leur logement ne dispose que d'une seule salle de bain et d'une cuisine fonctionnant au bois et au charbon.
Les enfants de Ricardo ne sont pas scolarisés et ses revenus de journalier sont très faibles. Selon le rapport, « leur vie reflète les réalités multidimensionnelles de la pauvreté », une situation qui les rend extrêmement vulnérables à tout choc externe, qu'il soit économique ou climatique.
Qu'est-ce que la pauvreté multidimensionnelle ?
Contrairement à la pauvreté monétaire qui se base uniquement sur le revenu, l'indice de pauvreté multidimensionnelle (IPM) mesure les privations aiguës en matière de santé, d'éducation et de niveau de vie. Une personne est considérée comme pauvre sur le plan multidimensionnel si elle subit des privations dans au moins un tiers des indicateurs pondérés.
L'intersection des crises : climat et précarité
L'étude établit un lien direct entre la pauvreté et l'exposition à quatre risques environnementaux majeurs : la chaleur extrême, la sécheresse, les inondations et la pollution de l'air. Les deux régions les plus affectées, l'Afrique subsaharienne et l'Asie du Sud, sont également celles qui subissent de plein fouet les conséquences du dérèglement climatique.
Les ménages pauvres dépendent souvent de secteurs très sensibles au climat, comme l'agriculture ou le travail informel. « Lorsque les dangers se superposent ou frappent à plusieurs reprises, ils aggravent les privations existantes », précise le document.
Statistiques de l'exposition aux risques
- 887 millions de personnes pauvres (79 %) sont exposées à au moins un de ces risques.
- 608 millions subissent des chaleurs extrêmes.
- 577 millions sont affectées par la pollution de l'air.
- 465 millions sont menacées par les inondations.
- 207 millions sont touchées par la sécheresse.
Le cumul des risques est également une préoccupation majeure. Environ 651 millions de personnes sont exposées à au moins deux de ces menaces, et 309 millions à trois ou quatre. Un chiffre particulièrement frappant révèle que 11 millions de personnes pauvres ont déjà subi les quatre risques au cours d'une seule année.
Un appel urgent à l'action mondiale
Le rapport souligne que le lien entre pauvreté et aléas climatiques est un problème mondial qui menace les progrès réalisés en matière de développement. L'Asie du Sud, par exemple, a fait des avancées significatives dans la réduction de la pauvreté, mais 99,1 % de sa population pauvre reste exposée à au moins un risque climatique.
Cette région, comme d'autres, doit trouver un équilibre entre la réduction de la pauvreté et une action climatique innovante pour ne pas voir ses efforts anéantis.
La COP30 : un moment décisif
Face à l'accélération du réchauffement de la planète, les experts préviennent que la situation ne fera qu'empirer, touchant de manière disproportionnée les pays les plus pauvres. Dans ce contexte, le prochain sommet des Nations Unies sur le climat, la COP30, qui se tiendra au Brésil en novembre, est considéré comme un tournant.
« La COP30 est le moment pour les dirigeants du monde de considérer l'action climatique comme une action contre la pauvreté », a insisté Haoliang Xu.
La conclusion du rapport est sans appel : « Répondre aux risques qui se chevauchent exige de donner la priorité à la fois aux personnes et à la planète et, surtout, de passer de la reconnaissance à une action rapide ». L'urgence est de mettre en place des politiques qui protègent les plus vulnérables tout en luttant contre les causes profondes du changement climatique.





