Tuvalu, une nation insulaire du Pacifique, explore activement des stratégies innovantes pour survivre à la montée des eaux. Le ministre du Changement Climatique, Maina Talia, a souligné l'urgence de construire des digues et de sécuriser un financement climatique immédiat pour protéger son pays de la menace existentielle.
Situé entre l'Australie et Hawaï, cet archipel de neuf atolls et îles est l'un des pays les plus vulnérables au monde face aux impacts du changement climatique. Ses efforts diplomatiques visent à obtenir des engagements concrets de la communauté internationale pour permettre à ses citoyens de rester sur leurs terres ancestrales.
Points Clés
- Tuvalu donne la priorité à la construction de digues et à la récupération de terres face à la montée des eaux.
- Le pays demande un financement climatique immédiat et non différé.
- Tuvalu promeut un traité de non-prolifération des combustibles fossiles.
- Le pays cherche à inscrire tout son patrimoine culturel à l'UNESCO.
- Un accord avec l'Australie offre des voies de migration mais ne remplace pas la souveraineté.
La Menace Imminente et le Besoin de Financement
Tuvalu se trouve à peine à un mètre au-dessus du niveau de la mer. Cette faible altitude rend la nation extrêmement vulnérable aux effets du changement climatique. Pour Maina Talia, ministre du Changement Climatique, de l'Intérieur et de l'Environnement de Tuvalu, la priorité absolue est de construire des digues et de récupérer des terres.
Lors d'un entretien avec Al Jazeera en marge de la récente Assemblée générale des Nations Unies à New York, M. Talia a insisté sur l'urgence de la situation. Il a déclaré que le financement climatique est crucial pour la survie de son pays. Selon lui, il ne s'agit pas de projets à long terme, mais d'une aide nécessaire « dès maintenant » pour répondre à la crise climatique.
« Venant d'un pays qui se trouve à peine à un mètre au-dessus de la mer, la récupération de terres et la construction de digues, ainsi que le renforcement de notre résilience, sont la priorité numéro un pour nous », a affirmé Maina Talia.
« Nous ne pouvons plus attendre. Le financement climatique est essentiel pour notre survie. »
Chiffres Clés
- 39 petits pays insulaires ont besoin d'environ 12 milliards de dollars par an pour faire face au changement climatique.
- Ils reçoivent collectivement environ 2 milliards de dollars par an, soit 0,2 % du financement climatique mondial.
- Ces États insulaires subissent des pertes économiques annuelles moyennes de 1,7 milliard de dollars.
Déception aux COP et Nouvelles Stratégies
Le financement sera un sujet central lors de la prochaine réunion climatique COP30 de l'ONU, prévue en novembre à Belém, dans l'Amazonie brésilienne. Tuvalu est l'un des nombreux pays qui militent pour un meilleur accord sur le financement climatique. La déception a été grande après la réunion de l'année dernière en Azerbaïdjan, où l'objectif de 300 milliards de dollars fixé par les pays riches a été jugé insuffisant.
Maina Talia a qualifié les réunions de la COP de « festival pour les pays producteurs de pétrole ». Il a critiqué la présence massive de représentants de ces pays. Selon lui, ils cherchent à « étouffer la voix des petits pays en développement », à contrôler le discours et à diluer les textes relatifs au financement climatique.
« Ils prennent le contrôle du récit. Ils prennent le contrôle du processus. Ils essaient d'édulcorer tous les textes. Ils essaient de stopper le financement climatique », a dénoncé Talia.
« Il est temps d'appeler le monde à reconnaître que le financement est vital pour notre survie. »
Principes de Responsabilité et Dépenses Militaires
Le ministre a rappelé le principe du « pollueur-payeur » comme un élément fondamental. Il a également exprimé sa frustration de voir des milliards de dollars investis dans les guerres, tandis que son pays lutte pour sa survie.
Un rapport récent du Global Center on Adaptation (GCA) a révélé que 39 petits pays insulaires, abritant environ 65 millions de personnes, ont besoin d'environ 12 milliards de dollars par an pour faire face aux effets du changement climatique. Ce chiffre est bien supérieur aux 2 milliards de dollars qu'ils reçoivent actuellement, représentant seulement 0,2 % du financement climatique mondial.
Contexte de la Vulnérabilité
Tuvalu est particulièrement exposé en raison de son altitude moyenne très basse. Les conséquences du changement climatique, comme l'érosion côtière, l'infiltration d'eau salée dans les nappes phréatiques et la submersion des terres, menacent directement la vie quotidienne et la culture des habitants.
La survie de Tuvalu dépend non seulement de l'adaptation locale mais aussi d'un effort mondial pour réduire les émissions de gaz à effet de serre.
Initiatives Mondiales et Préservation Culturelle
Tuvalu ne se concentre pas uniquement sur sa survie. La nation prend l'initiative de lutter contre le changement climatique à l'échelle mondiale. Elle est à l'avant-garde du mouvement pour un Traité de non-prolifération des combustibles fossiles. Environ 16 pays ont déjà signé ce traité. La Colombie a proposé d'accueillir la première conférence internationale sur l'élimination progressive des combustibles fossiles l'année prochaine.
« Nous y voyons sa pertinence pour nous », a dit Talia à propos du traité. « Nous voulons que le nombre augmente afin de parvenir à un traité, en dehors de l'Accord de Paris. »
Patrimoine Mondial de l'UNESCO
En plus de ses efforts diplomatiques, Tuvalu prépare son avenir incertain. Le pays a entrepris de créer un dépôt numérique de sa culture. Cela garantira que son patrimoine ne sera pas perdu si les îles venaient à disparaître sous les eaux. Maina Talia, également ministre de la Culture de Tuvalu, a soumis une demande préliminaire à l'UNESCO. Il souhaite que « l'ensemble de Tuvalu soit inscrit » sur la Liste du patrimoine mondial.
« Si nous devions disparaître, ce que nous ne souhaitons pas anticiper, mais si le pire devait arriver, au moins vous sauriez que nos valeurs, notre culture, notre patrimoine, sont bien protégés », a-t-il expliqué à Al Jazeera.
Accord avec l'Australie et Décision de la CIJ
Tuvalu a signé un pacte de coopération avec l'Australie en 2023. Cet accord inclut le premier visa de migration climatique au monde. Cependant, Talia ne considère pas cet accord comme une échappatoire. Il le voit plutôt comme une « voie » permettant aux Tuvaluans d'accéder à une meilleure éducation et formation, puis de retourner chez eux.
L'accord Falepili reconnaît la « continuité de l'État et de la souveraineté de Tuvalu ». Il stipule que les droits et devoirs inhérents seront maintenus, malgré l'impact de la montée du niveau de la mer liée au changement climatique. Cela montre l'engagement de Tuvalu à préserver son identité nationale.
Responsabilité Internationale
Une décision récente de la Cour internationale de Justice (CIJ) à La Haye a renforcé la position de Tuvalu. La Cour a déclaré que les États ont la responsabilité d'aborder le changement climatique. Cela implique de coopérer pour réduire les émissions, de respecter les accords climatiques et de protéger les populations et écosystèmes vulnérables.
Maina Talia a souligné que cette décision de la CIJ « a vraiment changé tout le contexte des débats sur le changement climatique ». Il a ajouté que la plus haute cour s'est prononcée. Il est donc impératif de « tenir les pays industrialisés responsables de leurs actions ».
- La décision de la CIJ met l'accent sur la responsabilité des États.
- Elle renforce la nécessité de réduire les émissions.
- Elle exige la protection des populations vulnérables.





