Un nouveau rapport d'Oxfam International met en lumière une disparité alarmante : les émissions de carbone liées à la consommation des 0,1 % les plus riches de la planète ont augmenté de manière exponentielle, tandis que celles de la moitié la plus pauvre de l'humanité ont à peine changé. Ces chiffres, publiés avant le sommet climatique COP30, soulignent le lien direct entre l'extrême richesse et l'accélération de la crise climatique.
Le document, intitulé « Pillage Climatique : Comment une poignée de puissants enferme le monde dans le désastre », révèle que les individus les plus fortunés financent et profitent de la destruction du climat, laissant les populations les plus vulnérables subir les conséquences les plus graves.
Points Clés
- Une personne faisant partie des 0,1% les plus riches émet plus de 800 kg de CO2 par jour, contre 2 kg pour une personne de la moitié la plus pauvre de la population.
- Entre 1990 et 2023, les émissions des ultra-riches ont augmenté de 92 tonnes par personne, contre seulement 0,1 tonne pour les plus pauvres.
- Le rapport coïncide avec les ravages de l'ouragan Melissa en Jamaïque, un pays responsable de seulement 0,02% des émissions mondiales.
- Oxfam appelle les gouvernements à taxer la richesse extrême et les activités de luxe pour financer la transition climatique.
Un fossé carbone qui se creuse
Les données actualisées par Oxfam dressent un portrait saisissant des inégalités climatiques. Entre 1990 et 2023, les émissions de carbone basées sur la consommation des 0,1 % les plus riches ont connu une croissance de 92 tonnes par individu. En comparaison, sur la même période de plus de trente ans, les émissions de la moitié la plus pauvre de la population mondiale n'ont augmenté que de 0,1 tonne.
Cette différence se traduit par des chiffres quotidiens tout aussi frappants. Le rapport explique qu'une personne issue de l'élite mondiale émet en moyenne plus de 800 kilogrammes de dioxyde de carbone chaque jour. C'est un poids qu'une personne robuste ne pourrait même pas soulever.
Un jour contre une année
L'étude souligne une statistique particulièrement révélatrice : « Une personne du top 0,1 % émet plus en une journée qu'une personne des 50 % les plus pauvres n'émet en une année entière. »
En revanche, une personne appartenant aux 50 % les plus pauvres de la planète génère en moyenne seulement 2 kg de CO2 par jour, une quantité qu'un jeune enfant pourrait facilement porter. Cette disparité met en évidence la responsabilité écrasante d'une petite minorité dans l'urgence climatique actuelle.
Les conséquences sur le terrain
Le rapport d'Oxfam est publié alors que des catastrophes climatiques s'intensifient. L'ouragan Melissa, la plus puissante tempête de l'année, a récemment dévasté la Jamaïque avant de frapper Cuba. Cet événement illustre tragiquement comment les nations les plus vulnérables subissent de plein fouet une crise qu'elles n'ont que très peu contribué à créer.
La Jamaïque, par exemple, n'est responsable que d'environ 0,02 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre, selon les données les plus récentes. Pourtant, le pays fait face à des destructions massives, dont l'ampleur commence seulement à être évaluée.
« La crise climatique est une crise des inégalités », a déclaré Amitabh Behar, directeur exécutif d'Oxfam. « Les individus les plus riches du monde financent et profitent de la destruction du climat, laissant la majorité mondiale subir les conséquences fatales de leur pouvoir incontrôlé. »
Cette situation crée un paradoxe où ceux qui polluent le moins sont ceux qui souffrent le plus des phénomènes météorologiques extrêmes, tels que les ouragans, les sécheresses et les inondations, qui deviennent de plus en plus fréquents et intenses.
Un appel à l'action avant la COP30
À moins de deux semaines du début de la COP30 à Belém, au Brésil, Oxfam exhorte les gouvernements à prendre des mesures décisives. Le rapport ne se contente pas de constater, il propose des solutions ciblées pour freiner les émissions des ultra-riches.
Vers une fiscalité climatique ciblée
Oxfam insiste sur la nécessité de mettre en place des politiques fiscales visant spécifiquement les modes de vie et les investissements les plus polluants. L'organisation appelle à :
- Instaurer des taxes sur les voyages de luxe, comme des prélèvements pour les grands voyageurs (frequent flyers).
- Taxer les investissements dans les industries polluantes.
- Interdire le lobbying des grandes fortunes qui entrave les politiques climatiques ambitieuses.
L'objectif est de réorienter les ressources financières vers la transition écologique et d'aider les communautés les plus affectées. Pour Oxfam, il est impératif de donner plus de poids aux populations victimes du changement climatique dans les processus de décision internationaux.
« C'est une parodie que le pouvoir et la richesse aient pu s'accumuler entre les mains de quelques-uns, qui ne les utilisent que pour renforcer leur influence et nous enfermer tous dans une voie de destruction planétaire », a ajouté Amitabh Behar.
Le message est clair : sans une action directe sur la richesse extrême et son influence politique, les objectifs climatiques mondiaux resteront hors de portée, et les inégalités continueront de s'aggraver de manière dramatique.





