Un nouveau rapport alerte sur l'écart important entre les empreintes carbone des modes de vie et les objectifs climatiques mondiaux. Les émissions liées aux habitudes de consommation, particulièrement dans les pays riches, compromettent sérieusement la capacité à limiter le réchauffement global à 1,5°C, un seuil clé de l'Accord de Paris.
Ce constat souligne l'urgence d'agir non seulement sur les politiques industrielles, mais aussi sur les comportements individuels et les inégalités de richesse qui alimentent la surconsommation.
Points Clés
- Les pays à revenus élevés ont une empreinte carbone jusqu'à 17 fois supérieure aux objectifs climatiques.
- L'inégalité et la surconsommation sont des obstacles majeurs à l'atteinte de l'Accord de Paris.
- Trois domaines de consommation sont les principaux responsables : l'alimentation, le logement et le transport.
- Des changements systémiques, incluant des taxes sur la richesse, sont jugés nécessaires en plus des efforts individuels.
L'urgence de réduire les empreintes carbone individuelles
Les objectifs climatiques mondiaux sont menacés. Un récent rapport de l'Institut Hot or Cool, basé à Berlin, indique que les empreintes carbone liées aux modes de vie sont bien trop élevées pour atteindre les cibles de l'Accord de Paris. Pour limiter le réchauffement climatique à 1,5°C, une réduction drastique des émissions est nécessaire, en particulier dans les nations prospères.
L'étude, la plus vaste de son genre, a analysé les empreintes carbone de 25 pays. Elle a couvert des nations à revenus élevés, moyens-supérieurs et moyens-inférieurs. Les résultats sont clairs : les pays à revenus élevés doivent réduire leurs émissions moyennes liées au mode de vie de 82 à 94 %.
Même les pays à revenus moyens-supérieurs et moyens-inférieurs ne sont pas sur la bonne voie. Ils doivent réduire leurs émissions moyennes de style de vie de 81 % et 67 % respectivement. Aucun des pays examinés n'est en adéquation avec les objectifs climatiques.
Statistique Clé
Les États-Unis affichent l'empreinte carbone moyenne la plus élevée, 17 fois supérieure à celle requise pour un mode de vie aligné sur l'Accord de Paris.
Les pays les plus pollueurs par mode de vie
Le rapport identifie les pays à revenus élevés comme les principaux contributeurs aux émissions excessives. Les États-Unis se classent en tête, suivis par l'Australie et le Canada. Leur empreinte carbone dépasse largement les limites nécessaires pour atteindre les objectifs climatiques.
- États-Unis : 17 fois plus élevé que l'objectif.
- Australie : 12 fois plus élevé que l'objectif.
- Canada : 11 fois plus élevé que l'objectif.
Parmi les 25 pays étudiés, tous les pays de l'Union européenne étaient classés comme à revenus élevés. L'Italie se distingue comme le pays de l'UE avec l'empreinte carbone la plus élevée, 7,5 fois supérieure aux exigences climatiques. L'Allemagne, le Portugal et l'Estonie suivent de près.
La Grèce, bien que dans la catégorie des pays à revenus élevés, a les émissions moyennes de mode de vie les plus basses de ce groupe. Cependant, elle dépasse toujours les objectifs de plus de cinq fois.
« Le budget carbone restant est désormais si faible que les gouvernements nationaux du monde entier devront faire un choix difficile : soit se concentrer sur la satisfaction des besoins sociétaux, soit sur la gestion des impacts du changement climatique, à moins que des mesures drastiques ne soient prises d'urgence. »
Crise Climatique et Sociale
Le Dr. Lewis Akenji souligne que les crises climatique et sociale sont liées. L'augmentation des émissions et l'élargissement des inégalités se renforcent mutuellement, rendant la tâche de la transition encore plus complexe.
Trois piliers pour réduire l'empreinte carbone
Les chercheurs ont identifié trois domaines clés pour « s'attaquer directement à la surconsommation » et réduire significativement les empreintes carbone par habitant. Ces secteurs représentent entre 66 et 95 % de l'empreinte carbone totale liée au mode de vie, toutes catégories de revenus confondues.
1. L'alimentation
L'adoption de régimes alimentaires à base de plantes, végétariens ou sains pour la planète peut réduire les émissions de CO₂e. Selon le contexte national, cela représente une économie de 1 000 à 2 500 kilogrammes de CO₂e par personne et par an. Cela met en évidence l'impact significatif des choix alimentaires quotidiens.
2. Le transport
Abandonner les voitures privées en zone urbaine au profit des transports en commun ou des modes de déplacement actifs (marche, vélo) est une solution efficace. La réorganisation de l'urbanisme, pour que les lieux de vie et de travail soient plus proches, peut également avoir un impact majeur. Ces mesures peuvent économiser plus de 1 000 kg de CO₂e par personne et par an, surtout dans les pays très dépendants de la voiture.
3. Le logement
La rénovation des bâtiments existants, l'utilisation de matériaux à faible émission de carbone et l'adoption de systèmes de chauffage et de refroidissement propres peuvent réduire la demande énergétique. Ces actions diminuent les émissions liées au mode de vie à grande échelle.
Le rôle des inégalités de richesse
Les changements de mode de vie personnels ont des limites. Le rapport met en lumière une réalité frappante : les 10 % les plus riches de la population mondiale sont responsables de près de la moitié des émissions totales. En revanche, les 50 % les moins aisés contribuent à moins d'un tiers des émissions.
Face à cette disparité, le rapport appelle à un « changement systémique ». Il suggère que des taxes coordonnées et des plafonds de richesse sont nécessaires pour atteindre l'Accord de Paris. Ces mesures incluent :
- Des impôts progressifs sur le revenu, la richesse et les successions.
- Une taxation complète des gains en capital.
- Des ratios maximum-minimum de revenus.
- Des plafonds absolus de richesse.
Les revenus générés par ces mesures devraient être réorientés. Le rapport propose de les utiliser pour financer des services universels de base et des infrastructures axées sur la suffisance. Cette approche permettrait de financer la suffisance pour tous et de réduire les tensions sociales qui freinent la coopération climatique.
« Aujourd'hui, une action coordonnée à l'échelle mondiale sur la richesse et la fiscalité pourrait à la fois financer la suffisance pour tous et réduire les tensions sociales qui sapent la coopération climatique », conclut le rapport. Le défi est immense, mais les solutions existent, à condition de s'attaquer aux racines de la surconsommation et des inégalités.





