Une nouvelle étude de l'Université du Kansas a produit la carte la plus détaillée de l'utilisation de la climatisation résidentielle aux États-Unis. Cette recherche révèle des disparités importantes dans l'accès à un refroidissement adéquat, soulignant la vulnérabilité de certaines populations face aux vagues de chaleur croissantes.
Points Clés
- Une carte inédite détaille l'accès à la climatisation aux États-Unis, y compris les types d'appareils.
- Environ 10% des foyers américains n'ont pas de climatisation efficace.
- Les zones rurales et certaines populations ethniques sont plus vulnérables aux températures extrêmes.
- Les données permettront aux autorités de mieux cibler les aides et les programmes de soutien.
Une Cartographie Précise pour une Meilleure Compréhension
La recherche, menée par Yoonjung Ahn, professeure adjointe de géographie et de science atmosphérique à l'Université du Kansas, comble un vide majeur. Les données publiques existantes sur la climatisation étaient auparavant limitées, souvent agrégées à des niveaux géographiques trop larges comme les comtés ou les zones métropolitaines. Ce manque de détail rendait difficile l'identification des zones et des populations les plus exposées au risque de chaleur extrême.
L'étude utilise une approche novatrice, combinant des ensembles de données immobilières exhaustifs au niveau des ménages avec des variables socio-économiques et climatiques. Cela inclut le type de logement, l'âge du bâtiment, l'année de rénovation, l'origine ethnique des habitants, les politiques de logement historiques et les données climatiques. Cette méthodologie permet une analyse beaucoup plus fine des tendances d'utilisation de la climatisation.
Un Chiffre Clé
Bien que 90% des Américains déclarent avoir une forme de climatisation, l'efficacité de ces systèmes varie grandement. Les unités portables ou évaporatives sont souvent moins performantes, surtout dans les régions humides, laissant de nombreux foyers sous-protégés.
Méthodologie Avancée pour des Données Complètes
Pour surmonter les lacunes des données initiales, Yoonjung Ahn et son co-auteur Christopher Uejio de l'Université d'État de Floride ont eu recours à des algorithmes d'apprentissage automatique. Un algorithme de forêt aléatoire a été utilisé pour compléter les informations manquantes dans les ensembles de données immobilières. Ensuite, un modèle XGBoost a classifié les foyers en quatre catégories de climatisation : climatisation centrale, autres types (unités de fenêtre ou portables), refroidisseurs évaporatifs et absence de climatisation.
Cette approche a permis d'obtenir une précision globale de 97 à 99% dans la classification des types de climatisation. La précision variait selon le type de système, allant de 87% à 97%. Ces prédictions ont ensuite été utilisées pour calculer les taux de possession de climatisation par secteur de recensement, offrant une granularité sans précédent.
« Cette base de données est cruciale pour comprendre comment les gens vivent les chaleurs extrêmes à mesure que le climat se réchauffe », a déclaré Yoonjung Ahn. « Même si 90% des Américains ont une forme de climatisation, tous les systèmes ne sont pas aussi efficaces. »
Disparités Urbaines, Rurales et Socio-Économiques
L'étude a révélé des différences marquées entre les régions urbaines et rurales. Par exemple, les climatiseurs centraux et les refroidisseurs évaporatifs sont plus courants dans les zones rurales de l'Oregon. En revanche, les zones urbaines de cet État montrent une prédominance de climatisation centrale ou d'autres types d'unités, ou même une absence totale de système. En Floride, environ 20% des ménages utilisaient d'autres types de climatisation, tandis que plus de 95% des foyers urbains disposaient d'une climatisation centrale.
Les données ont également mis en lumière des disparités socio-économiques et démographiques. Le climat et le type de chauffage étaient les prédicteurs les plus forts de l'utilisation de la climatisation. Cependant, la proportion de résidents hispaniques était une variable importante pour certains types de climatisation, en particulier les refroidisseurs évaporatifs et d'autres types d'unités. Ces systèmes sont concentrés dans des régions comme la Californie et le Nouveau-Mexique, qui comptent également d'importantes populations hispaniques.
Contexte Climatique
Alors que le changement climatique entraîne des vagues de chaleur de plus en plus fréquentes et intenses, l'accès à un refroidissement adéquat devient une question de santé publique et d'équité sociale. Cette nouvelle cartographie fournit des outils essentiels pour anticiper et atténuer les risques.
Implications pour la Santé Publique et les Politiques
Cette nouvelle base de données est un outil précieux pour les responsables de la santé publique, les urbanistes, les gestionnaires des urgences et les fournisseurs de services sociaux. Elle peut aider à identifier précisément les régions où le manque de refroidissement adéquat rend les populations particulièrement vulnérables aux températures mortelles.
Ces informations peuvent éclairer les décisions en matière d'efficacité énergétique, aidant les gens à choisir les systèmes de refroidissement les plus appropriés pour leur climat sans coût inutile. De plus, elles peuvent orienter les programmes de soutien et les subventions énergétiques vers les ménages qui en ont le plus besoin. Par exemple, les personnes travaillant à l'extérieur dans les zones rurales peuvent rentrer chez elles dans des environnements intérieurs chauds, sans les options de rafraîchissement disponibles dans les villes (bibliothèques, piscines).
Limitations et Perspectives Futures
Malgré l'avancée majeure, l'étude reconnaît certaines limites. Des taux élevés de données manquantes dans certaines régions, notamment les zones métropolitaines comme New York, introduisent une incertitude dans les prédictions. Le parc immobilier ancien et les revenus élevés de New York, combinés à la diversité des types de climatisation, n'ont pas été entièrement capturés par le modèle.
De plus, l'ensemble de données représente les conditions actuelles et ne reflète pas les tendances historiques. Yoonjung Ahn prévoit de développer une base de données historique remontant à 1980, date de la dernière enquête nationale sur la climatisation menée par le Bureau du recensement. Elle espère également combiner des données provenant de multiples sources pour compenser les limites individuelles à l'avenir.
- Identification des zones à risque : Les données permettent aux autorités de cibler les interventions.
- Subventions énergétiques : Les programmes peuvent être mieux orientés vers les populations vulnérables.
- Choix de systèmes : Les ménages peuvent faire des choix plus éclairés pour un refroidissement efficace.





