Une étude mondiale révèle que 56 % des régions côtières ont vu leurs populations se déplacer vers l'intérieur des terres entre 1992 et 2019. Cependant, des millions de personnes dans les régions à faible revenu, souvent les plus vulnérables, restent exposées ou se rapprochent même des littoraux, soulignant un écart d'adaptation croissant face à l'intensification des risques climatiques.
Points Clés
- Plus de la moitié des régions côtières ont connu un déplacement des populations vers l'intérieur.
- Les régions pauvres d'Afrique et d'Asie sont souvent contraintes de rester sur place ou de se rapprocher de la mer.
- Les zones plus riches ont tendance à se retirer ou à investir dans des protections côtières.
- L'écart d'adaptation au changement climatique s'élargit, augmentant la vulnérabilité des populations à faible revenu.
Les Mouvements de Population Côtière en Chiffres
La recherche, publiée dans la revue Nature Climate Change, a examiné 1 071 régions côtières réparties dans 155 pays. Elle a analysé les données de lumière nocturne par satellite sur trois décennies, de 1992 à 2019, pour cartographier les tendances de peuplement humain.
Les résultats montrent que 56 % des régions étudiées ont enregistré un mouvement de leurs populations s'éloignant des côtes pour s'installer à l'intérieur des terres. Ce phénomène est principalement observé dans les zones confrontées à des risques côtiers croissants, tels que l'élévation du niveau de la mer et l'intensification des phénomènes météorologiques extrêmes.
Statistiques Clés
- 56 % des régions côtières ont vu leur population se déplacer vers l'intérieur des terres (1992-2019).
- 26 % des populations côtières sont restées sur place.
- 16 % des populations se sont rapprochées du littoral.
Disparités Mondiales dans les Déplacements
L'étude révèle des disparités importantes selon les continents. L'Amérique du Sud présente la plus forte proportion de personnes se rapprochant de la côte (17,7 %), suivie par l'Asie (17,4 %), l'Europe (14,8 %) et l'Océanie (13,8 %).
En Afrique, 12,4 % de la population côtière s'est relocalisée plus près de la mer, tandis que l'Amérique du Nord a enregistré 8,8 %. Ces mouvements sont souvent liés à la vulnérabilité des populations et à leur capacité à répondre aux crises climatiques.
« Pour la première fois, nous avons cartographié la manière dont les établissements humains se relocalisent loin des côtes à travers le monde. Il est clair que le déplacement vers l'intérieur des terres se produit, mais uniquement là où les gens en ont les moyens », a déclaré Xiaoming Wang, professeur adjoint au Département de génie civil et environnemental de l'Université Monash et auteur principal de l'étude.
L'Écart d'Adaptation et ses Conséquences
Les populations des régions plus pauvres, qui disposent de peu ou pas de moyens pour faire face aux risques climatiques, sont contraintes de rester exposées aux conditions météorologiques extrêmes et aux menaces climatiques élevées. Dans 46 % des régions à faible revenu, principalement en Afrique et en Asie, les populations sont restées sur place ou se sont rapprochées du littoral.
Ce phénomène met en évidence un important écart d'adaptation face aux futurs risques liés au changement climatique. Les communautés les plus vulnérables sont souvent celles qui subissent le plus lourd fardeau des impacts environnementaux.
Contexte du Changement Climatique
L'élévation du niveau de la mer et l'intensification des phénomènes côtiers extrêmes, comme les tempêtes et l'érosion, sont des conséquences directes du changement climatique. Ces facteurs augmentent la pression sur les communautés côtières, rendant certaines zones inhabitables ou très risquées.
Protections Structurelles et Fausse Sécurité
L'étude a également noté des contrastes frappants en Océanie et en Australie. Dans ces régions, des communautés plus aisées comme plus modestes se sont rapprochées des côtes, souvent en raison de leur dépendance à l'égard des économies côtières.
Les communautés qui restent près des côtes disposent souvent de protections structurelles plus importantes, comme des digues anti-inondation, et d'une meilleure capacité d'adaptation. Cependant, les chercheurs s'inquiètent que ces infrastructures de protection puissent créer un faux sentiment de sécurité et encourager un développement risqué plus près du littoral.
« D'une part, le mouvement vers les littoraux peut exposer les populations vulnérables aux impacts des tempêtes, de l'érosion et de l'élévation du niveau de la mer. D'autre part, il peut exposer ces communautés aisées aux risques côtiers croissants », a souligné Xiaoming Wang.
La Relocalisation comme Stratégie à Long Terme
Les auteurs de l'étude concluent que la relocalisation vers l'intérieur des terres pourrait devenir une stratégie d'adaptation essentielle à mesure que le niveau de la mer continue de monter et que les impacts climatiques s'intensifient. La relocalisation des populations humaines implique des impacts économiques et sociaux considérables pour les individus, les communautés et les régions.
Cette stratégie doit être considérée comme une mesure d'adaptation climatique à long terme. Elle nécessite une planification minutieuse et des ressources importantes pour minimiser les perturbations sociales et économiques.
- La relocalisation doit faire partie d'une stratégie d'adaptation climatique durable.
- Elle doit réduire l'exposition côtière.
- Elle doit améliorer les habitats informels.
- Elle doit équilibrer les moyens de subsistance avec les risques.
« Sans cela, les écarts d'adaptation ne feront que s'élargir et laisseront les plus pauvres du monde derrière », a averti Xiaoming Wang. L'adaptation au changement climatique ne peut être efficace que si elle prend en compte les inégalités socio-économiques et offre des solutions équitables pour toutes les populations.





