Des critiques visant la scientifique Friederike Otto, figure majeure de la recherche climatique, ont émergé en lien avec son rôle dans le prochain rapport du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) des Nations Unies. Ces attaques proviennent d'alliés de l'industrie des combustibles fossiles et de détracteurs de la science climatique dominante. Ils affirment que ses recherches sur l'attribution des phénomènes météorologiques extrêmes au réchauffement climatique d'origine humaine renforcent les actions en justice intentées contre les compagnies pétrolières et gazières.
La controverse met en lumière la tension croissante entre la recherche scientifique sur le climat et les intérêts économiques des industries des énergies fossiles. Les travaux de Mme Otto, en particulier ceux menés au sein de World Weather Attribution, sont devenus un point focal dans le débat sur la responsabilité climatique et les litiges associés.
Points clés
- La scientifique Friederike Otto est ciblée par des critiques.
- Ces critiques émanent de l'industrie fossile et de sceptiques climatiques.
- Leur inquiétude porte sur les liens entre ses recherches et les procès climatiques.
- Mme Otto est une auteure principale coordinatrice pour le 7e rapport du GIEC.
- Ses travaux portent sur l'attribution des événements météorologiques extrêmes au changement climatique.
Contexte de la controverse
La campagne contre Friederike Otto a pris de l'ampleur en août, suite à une tribune publiée dans le New York Post. Roger Pielke Jr., un politologue de l'American Enterprise Institute, un groupe de réflexion conservateur, y a soulevé des préoccupations concernant la nomination de Mme Otto comme auteure principale coordinatrice pour le septième rapport d'évaluation du GIEC.
Le GIEC est l'organisme des Nations Unies chargé d'évaluer la science liée au changement climatique. Ses rapports sont des références mondiales pour les décideurs politiques.
Qu'est-ce que le GIEC ?
Le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) est l'organe des Nations Unies chargé d'évaluer la science liée au changement climatique. Il fournit aux gouvernements des évaluations scientifiques régulières sur le changement climatique, ses implications et ses risques futurs, ainsi que des options d'adaptation et d'atténuation. Créé en 1988, le GIEC ne mène pas ses propres recherches mais synthétise des milliers d'études scientifiques.
La science de l'attribution météorologique
Le cœur des critiques vise la science de l'attribution des événements météorologiques extrêmes. Ce domaine de recherche examine si et dans quelle mesure le réchauffement climatique causé par l'homme a rendu un événement météorologique extrême, tel qu'une vague de chaleur ou de fortes pluies, plus grave ou plus probable.
Friederike Otto est une figure de proue dans ce domaine. Elle est co-fondatrice de World Weather Attribution (WWA), une initiative qui réalise des analyses rapides pour démontrer le rôle du climat dans des événements météorologiques extrêmes spécifiques. Par exemple, après une vague de chaleur, WWA peut publier une analyse montrant si et comment le changement climatique a influencé son intensité ou sa probabilité.
« La science de l'attribution météorologique est devenue un outil essentiel pour comprendre les liens directs entre le changement climatique et les événements que nous observons. Elle permet de quantifier l'influence humaine sur des phénomènes spécifiques », a déclaré un expert en climatologie, souhaitant rester anonyme en raison de la sensibilité du sujet.
Impact sur les litiges climatiques
Les conclusions de la science de l'attribution ont été citées dans des auditions au Congrès et intégrées dans des propositions de lois. L'objectif est de souligner les liens entre les événements météorologiques extrêmes et le changement climatique. Plus important encore, ces découvertes ont été utilisées dans des procès intentés contre des producteurs de combustibles fossiles.
Ces actions en justice cherchent à tenir les entreprises responsables des coûts liés à la gestion du changement climatique. Les plaignants s'appuient sur ces preuves scientifiques pour établir un lien de causalité entre les émissions historiques de gaz à effet de serre et les dommages subis par les communautés.
Statistiques clés
- Plus de 2 000 litiges climatiques ont été recensés dans le monde depuis 1986.
- Environ 75 % de ces litiges ont été engagés depuis 2015.
- La science de l'attribution est de plus en plus utilisée pour étayer les arguments dans ces affaires, avec une augmentation de plus de 150 % des citations dans les cinq dernières années.
Réactions de l'industrie et de l'administration
L'utilisation de la science de l'attribution dans les litiges a attiré l'attention des administrations politiques et de l'industrie. L'administration Trump, par exemple, a examiné de près ces conclusions.
Les critiques de la science climatique, souvent soutenues par des groupes d'intérêts liés aux combustibles fossiles, tentent de discréditer les travaux de scientifiques comme Friederike Otto. Ils arguent que ces recherches sont biaisées ou qu'elles dépassent les limites de la science objective pour soutenir des objectifs politiques ou juridiques.
Cependant, les défenseurs de la science de l'attribution soulignent sa rigueur méthodologique. Ils expliquent que les modèles climatiques et les analyses statistiques permettent d'estimer la probabilité qu'un événement se produise dans un monde sans influence humaine, comparé à un monde où le changement climatique est en cours.
Le rôle des groupes de réflexion
Des groupes de réflexion conservateurs, comme l'American Enterprise Institute, jouent un rôle dans la critique de la science climatique. Ils publient des analyses et des tribunes qui remettent en question certains aspects de la recherche climatique, influençant le débat public et politique. Ces organisations sont souvent financées par des sources qui peuvent avoir des intérêts économiques dans le maintien du statu quo énergétique.
Implications pour le GIEC
La nomination de Friederike Otto au GIEC est significative. En tant qu'auteure principale coordinatrice, elle joue un rôle essentiel dans la synthèse des recherches scientifiques mondiales pour le prochain rapport d'évaluation. Les tentatives de discréditer son travail pourraient potentiellement influencer la perception publique des rapports du GIEC.
Le GIEC est conçu pour être un processus scientifique neutre, évaluant l'état des connaissances sans prendre parti. Les critiques directes envers des scientifiques individuels peuvent créer un environnement difficile pour la collaboration internationale et la diffusion de la science.
La liberté académique en question
Ces attaques soulèvent des questions sur la liberté académique et la capacité des scientifiques à mener leurs recherches sans pressions extérieures. Les experts estiment qu'il est crucial de protéger les scientifiques qui contribuent à la compréhension des enjeux climatiques, en particulier lorsque leurs travaux ont des implications importantes pour la politique publique et la justice environnementale.
Le débat sur l'attribution des événements extrêmes est loin d'être clos. Il continuera de façonner les discussions sur la responsabilité climatique et les stratégies d'adaptation et d'atténuation.
Prochain rapport du GIEC
Le septième rapport d'évaluation du GIEC est actuellement en préparation. Il devrait être publié en plusieurs parties au cours des prochaines années. Ces rapports sont fondamentaux pour les négociations climatiques internationales et les politiques nationales, fournissant une base scientifique solide pour l'action climatique mondiale.





