Les nations africaines devraient concentrer leurs efforts climatiques sur l'adaptation aux effets du réchauffement planétaire plutôt que sur la réduction des émissions. C'est la recommandation d'un ancien ministre sud-africain, Valli Moosa. Selon lui, les ressources devraient être allouées de manière significative à la gestion des conséquences climatiques, car la contribution du continent aux émissions mondiales est minime.
Cette approche stratégique vise à maximiser l'efficacité des investissements dans un contexte où l'Afrique subit déjà de plein fouet les impacts du changement climatique, malgré sa faible empreinte carbone. Les pays de la région sont invités à revoir leurs priorités pour mieux protéger leurs populations et leurs économies.
Points Clés
- L'Afrique devrait consacrer 80% de ses ressources à l'adaptation climatique.
- Seulement 20% des fonds devraient être alloués à la réduction des émissions.
- La part des émissions africaines dans le total mondial est très faible.
- Valli Moosa, ancien ministre sud-africain, est à l'origine de cette recommandation.
- L'objectif est de gérer les impacts immédiats du réchauffement planétaire.
Réorienter les Stratégies Climatiques Africaines
Valli Moosa, qui a occupé des postes ministériels en Afrique du Sud et a présidé la compagnie d'électricité publique Eskom Holdings SOC Ltd., a clairement exposé sa vision. Il propose une répartition des ressources où 80% des efforts se concentreraient sur l'adaptation. Cela inclut la construction d'infrastructures résilientes, le développement de systèmes d'alerte précoce et le soutien aux pratiques agricoles durables face aux sécheresses et inondations.
Les 20% restants seraient dédiés à la mitigation, c'est-à-dire à la lutte contre l'augmentation des températures par la réduction des gaz à effet de serre. Cette proportion reflète la réalité que les émissions de gaz à effet de serre de l'Afrique représentent une fraction très faible des émissions globales. En 2020, par exemple, l'ensemble du continent africain ne contribuait qu'à environ 3-4% des émissions mondiales, selon diverses études.
« Les nations africaines devraient allouer 80% de leurs ressources à la gestion des impacts d'une planète qui se réchauffe et 20% à la lutte contre l'augmentation des températures », a déclaré Valli Moosa.
Faits Importants
- L'Afrique est l'un des continents les plus vulnérables aux effets du changement climatique.
- Les sécheresses prolongées, les inondations et l'élévation du niveau de la mer sont des menaces croissantes.
- Malgré cela, le continent est historiquement le moins responsable des émissions de gaz à effet de serre.
- Les investissements dans l'adaptation peuvent protéger les moyens de subsistance de millions de personnes.
L'Impératif de l'Adaptation
L'adaptation climatique est devenue une priorité absolue pour de nombreux pays africains. Les impacts du changement climatique se manifestent déjà par des phénomènes météorologiques extrêmes. On observe des sécheresses plus intenses dans la Corne de l'Afrique et en Afrique australe, ainsi que des inondations dévastatrices dans d'autres régions. Ces événements menacent la sécurité alimentaire, déplacent les populations et freinent le développement économique.
Investir dans l'adaptation signifie renforcer la résilience des communautés. Cela peut passer par la mise en place de systèmes d'irrigation plus efficaces, la construction de digues de protection côtière, ou le développement de cultures résistantes à la sécheresse. Ces mesures ont un impact direct et immédiat sur la vie des citoyens, contrairement aux efforts de mitigation dont les bénéfices sont plus globaux et à long terme.
Contexte des Émissions Globales
Le continent africain, abritant environ 17% de la population mondiale, est responsable d'une part disproportionnellement faible des émissions historiques et actuelles de gaz à effet de serre. Les grandes puissances industrielles et les pays développés portent une responsabilité bien plus lourde dans l'accumulation de ces gaz dans l'atmosphère. Cette réalité justifie une approche différenciée des actions climatiques pour l'Afrique.
Défis et Opportunités pour l'Afrique
La mise en œuvre de cette stratégie d'adaptation pose des défis financiers et techniques. Les pays africains ont besoin d'un soutien international substantiel pour financer ces initiatives. Selon le Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE), le coût de l'adaptation dans les pays en développement pourrait atteindre entre 140 et 300 milliards de dollars par an d'ici 2030.
Cependant, cette approche offre aussi des opportunités. Elle permet de développer des innovations locales et de renforcer les capacités nationales. En se concentrant sur l'adaptation, l'Afrique peut créer des emplois verts, stimuler la recherche et le développement, et construire des sociétés plus résilientes. Cela peut également attirer des investissements dans des secteurs clés comme l'agriculture durable et les énergies renouvelables, même si ces dernières relèvent davantage de la mitigation.
Les discussions internationales sur le financement climatique doivent tenir compte de cette perspective. Il est crucial que les fonds promis par les pays développés pour l'adaptation soient effectivement débloqués et accessibles aux nations africaines. Cela est essentiel pour garantir une transition juste et équitable face au changement climatique.
L'Appel à une Action Ciblée
La proposition de Valli Moosa n'est pas isolée. De nombreux experts et dirigeants africains appellent depuis longtemps à une reconnaissance de la spécificité des défis du continent. Ils soulignent que, bien que la mitigation soit nécessaire à l'échelle mondiale, l'urgence pour l'Afrique est de protéger ses populations contre des impacts déjà visibles et croissants. Les ressources limitées doivent être utilisées là où elles auront le plus grand impact immédiat.
Cette approche équilibrée mais prioritaire sur l'adaptation est cruciale pour le développement durable de l'Afrique. Elle permettrait aux pays de continuer à se développer tout en faisant face aux menaces climatiques. La collaboration internationale et le transfert de technologies sont des éléments clés pour réussir cette transition. L'Afrique a un rôle à jouer dans la lutte mondiale contre le changement climatique, mais ses priorités doivent refléter sa réalité et ses besoins les plus pressants.
Statistiques Clés
- L'Afrique émet moins de 4% des gaz à effet de serre mondiaux.
- Environ 60% de la population africaine dépend de l'agriculture pluviale, très vulnérable aux changements climatiques.
- Le coût de l'adaptation en Afrique est estimé à des dizaines de milliards de dollars par an.
- Les pertes économiques dues aux événements météorologiques extrêmes sont en augmentation constante sur le continent.
Perspectives d'Avenir
L'accent mis sur l'adaptation ne signifie pas un abandon des efforts de mitigation. Au contraire, il s'agit d'une allocation stratégique des ressources pour une efficacité maximale. L'Afrique peut et doit développer des énergies renouvelables et des pratiques industrielles plus propres. Cependant, la protection des vies et des moyens de subsistance doit rester la préoccupation principale face à une crise dont le continent est la victime plutôt que le principal responsable.
Les prochaines conférences climatiques devront prendre en compte ces appels. Les mécanismes de financement devront être revus pour mieux soutenir les stratégies d'adaptation en Afrique. Une action coordonnée et une compréhension mutuelle des défis régionaux sont indispensables pour une réponse globale efficace au changement climatique.





