Cinq institutions de recherche européennes ont lancé une initiative pour désigner le 10 octobre comme Journée internationale des coccolithophores. Cette démarche vise à sensibiliser le public au rôle crucial de ces micro-organismes marins dans la régulation du climat terrestre, la production d'oxygène et le maintien de la santé des écosystèmes océaniques.
Points Clés
- Les coccolithophores sont des algues microscopiques essentielles à la régulation du carbone.
- Ils produisent de l'oxygène et forment des sédiments marins qui enregistrent l'histoire climatique.
- Le 10 octobre pourrait devenir la Journée internationale des coccolithophores.
- Le changement climatique menace ces organismes vitaux et les écosystèmes qui en dépendent.
- La recherche scientifique approfondit notre compréhension de leur rôle et de leur avenir.
Les Coccolithophores : Des Architectes Océaniques Invisibles
Les coccolithophores, bien que plus petits qu'un grain de poussière, exercent une influence majeure sur le climat de la planète. Ces algues unicellulaires, qui flottent dans les couches supérieures de l'océan éclairées par le soleil, sont recouvertes de plaques de carbonate de calcium appelées coccolithes. Leur action est fondamentale pour la vie sur Terre.
Chaque année, ces organismes produisent plus de 1,5 milliard de tonnes de carbonate de calcium. Ce processus capte le dioxyde de carbone de l'atmosphère et le stocke dans les sédiments marins profonds. Cette capacité fait d'eux des régulateurs naturels de carbone parmi les plus efficaces de la planète.
Le saviez-vous ?
- Les coccolithophores génèrent plus de 1,5 milliard de tonnes de carbonate de calcium chaque année.
- Leurs plaques de calcite forment des couches de craie et de calcaire qui racontent l'histoire climatique de la Terre.
- Ils sont responsables d'une part significative de la production d'oxygène dans les océans.
Un Rôle Vital pour le Climat et les Océans
Au-delà de leur rôle dans la capture du carbone, les coccolithophores sont des producteurs d'oxygène essentiels. Ils nourrissent également les réseaux trophiques marins, servant de base à de nombreux écosystèmes. Leur présence influence directement l'équilibre des gaz à effet de serre de notre planète.
Malgré leur importance, très peu de personnes connaissent ces micro-organismes. Sans eux, les océans et le climat seraient radicalement différents. Leur contribution silencieuse est indispensable à la stabilité écologique mondiale.
« Contrairement à d'autres groupes, ils construisent des plaques de carbonate de calcium complexes qui non seulement aident à réduire le dioxyde de carbone atmosphérique, mais le transportent également dans les sédiments océaniques profonds, où il peut être enfermé pendant des millénaires. »
Le professeur Alex Poulton du Lyell Centre souligne que cette biominéralisation laisse une trace géologique exceptionnelle. Elle permet aux scientifiques d'étudier comment ces organismes ont réagi aux changements climatiques passés. Cette connaissance est essentielle pour prédire leur rôle futur.
Les Menaces du Changement Climatique
Les coccolithophores dominent souvent de vastes zones océaniques. Cependant, le changement climatique modifie la température, la chimie et la composition nutritive de l'eau de mer. Ces altérations représentent de graves menaces pour leur survie. La stabilité des écosystèmes marins qui dépendent d'eux est également en jeu.
L'acidification des océans, l'augmentation des températures et les modifications des courants marins sont des facteurs qui perturbent leur habitat. Ces perturbations peuvent avoir des répercussions en cascade sur l'ensemble de la chaîne alimentaire marine et sur les cycles biogéochimiques globaux.
Contexte Scientifique
Les coccolithophores sont des organismes planctoniques qui utilisent la photosynthèse pour produire leur énergie. Leurs coccolithes, faits de carbonate de calcium, protègent la cellule et contribuent à la flottabilité. Lorsque les coccolithophores meurent, leurs coccolithes tombent au fond de l'océan, formant des sédiments qui, au fil du temps, deviennent de la craie et du calcaire, comme les falaises de Douvres.
La Recherche Scientifique en Action
Plusieurs équipes de recherche européennes travaillent activement à comprendre les coccolithophores et à évaluer leur vulnérabilité face aux changements environnementaux.
Le rôle de l'équipe OceanCANDY en Écosse
Au Lyell Centre en Écosse, l'équipe OceanCANDY, dirigée par le professeur Alex Poulton, étudie comment ces planctons extraient le CO2 de l'air et le stockent dans la mer. Ils testent comment des océans plus chauds et plus acides pourraient modifier ce processus. Des prévisions informatiques comparent les espèces les plus efficaces pour cette tâche, aujourd'hui et à l'avenir.
Les études norvégiennes sur le cycle de vie
En Norvège, des scientifiques du NORCE Research, sous la direction du Dr Kyle Mayers, suivent les cycles de vie des coccolithophores. Ils étudient leur croissance, leurs prédateurs et les virus qui les infectent. Ces recherches montrent comment le carbone se déplace dans l'océan. L'ADN ancien trouvé dans la boue du fond marin offre une perspective historique sur les changements climatiques passés.
« Les interactions des coccolithophores avec les virus et les brouteurs sont importantes. Ces liens façonnent les réseaux trophiques et la manière dont l'océan stocke le carbone. »
Les recherches croates sur le cycle du carbone
En Croatie, l'équipe Cocco de l'Institut Ruđer Bošković étudie la manière dont les coccolithophores façonnent le cycle du carbone océanique. Leurs travaux couvrent la décomposition de la matière organique et les interactions bactériennes qui influencent la chimie de l'eau de mer et l'absorption du CO2.
« En comprenant les coccolithophores, nous découvrons le moteur vivant de l'équilibre du carbone océanique. Leurs interactions avec les bactéries déterminent comment le carbone se déplace et se transforme, des processus qui relient l'échelle microscopique du plancton à la stabilité du climat de notre planète. »
Les études portugaises sur la fertilisation par aérosols
Au MARE, Université de Lisbonne, la Dre Catarina V. Guerreiro dirige des études pour déterminer comment la fertilisation par aérosols influence la distribution des coccolithophores. Elle trace leur parcours de l'Atlantique à l'océan Austral, et ce que cela signifie pour les pompes à carbone océaniques actuelles et récentes. Son approche combine des échantillons d'aérosols et d'eau de mer avec des enregistrements sédimentaires, des données satellites et des microcosmes de laboratoire.
« Nous relions de minuscules organismes crayeux aux flux de carbone planétaires. »
L'Association Internationale de Nannoplancton (INA)
À l'INA, les scientifiques établissent un lien entre les coccolithophores vivants et leurs fossiles. Ils utilisent leurs plaques microscopiques pour dater les roches et retracer l'histoire climatique de la Terre. En affinant les cadres biostratigraphiques mondiaux et en calibrant les chronologies évolutives des espèces, les chercheurs de l'INA transforment les fossiles de coccolithophores en outils précis pour reconstruire les océans anciens, reliant l'écologie moderne du plancton au registre géologique du changement climatique.
La Journée Internationale des Coccolithophores : Un Impact Mondial
Désigner une journée pour les coccolithophores peut sembler un petit geste, mais ses défenseurs estiment que cela pourrait avoir un grand impact. L'objectif est de changer la perception que nous avons de l'océan.
La Dre Sarah Cryer, du projet CHALKY et de l'équipe OceanCANDY, explique : « Nous parlons le plus souvent des baleines, des récifs coralliens et des calottes glaciaires, mais les coccolithophores sont une partie vitale du système climatique de la planète. Ils nous rappellent que les plus petits organismes peuvent avoir le plus grand impact, et que la vie microscopique joue un rôle crucial dans la formation de l'avenir de notre planète. »
La campagne pour établir le 10 octobre comme Journée internationale des coccolithophores est un appel à l'action. En mettant en lumière le rôle profond et souvent négligé de ces organismes, les scientifiques espèrent inspirer une nouvelle vague de sensibilisation aux océans, d'orientation politique et d'engagement public. Cette initiative est cruciale pour mieux comprendre et protéger notre planète.





