La course à la direction du Nouveau Parti Démocratique (NPD) met en lumière une fracture idéologique sur l'avenir des énergies fossiles au Canada. Lors d'un débat à Ottawa, le candidat Avi Lewis a adopté une position ferme, appelant à un arrêt complet de toute nouvelle expansion de la production de pétrole, de gaz et de charbon, qualifiant la dépendance du pays à ces ressources d'« addiction ».
Cette déclaration a immédiatement créé un contraste avec ses principaux rivaux, la députée Heather McPherson et le leader syndical Rob Ashton, qui ont présenté des approches plus nuancées, soulignant la nécessité de protéger les emplois actuels tout en planifiant une transition vers une économie verte.
Points Clés
- Avi Lewis demande un arrêt immédiat de l'expansion de la production d'énergies fossiles au Canada.
- Heather McPherson met l'accent sur la création d'emplois verts et des projets d'infrastructure nationaux.
- Rob Ashton insiste sur la protection des emplois syndiqués existants et le consentement des Premières Nations pour tout projet.
- Le débat révèle des tensions entre l'aile fédérale du parti et ses sections provinciales dans les régions productrices d'énergie.
La ligne dure d'Avi Lewis contre l'expansion
Avi Lewis a clairement cherché à se démarquer lors de la discussion organisée par la Fondation Douglas-Coldwell-Layton. Il a affirmé que le NPD devait adopter des politiques audacieuses pour se différencier des Libéraux fédéraux.
« Nous ne pouvons pas continuer à augmenter la production de combustibles fossiles dans ce pays », a déclaré Lewis devant le public.
Il a comparé la relation de la société avec les énergies fossiles à une dépendance, alimentée non seulement par la consommation mais aussi par la dépendance des gouvernements aux revenus qu'elles génèrent. « C'est autant une dépendance aux revenus des combustibles fossiles de la part des gouvernements provinciaux et fédéraux qu'une dépendance à la substance elle-même », a-t-il précisé.
Lewis a insisté sur le fait que le parti fédéral devait être prêt à avoir des « désaccords » avec ses homologues provinciaux, notamment dans des provinces comme l'Alberta, la Saskatchewan et la Colombie-Britannique, où l'économie dépend fortement de ces industries.
Une approche axée sur l'emploi et la transition
La vision de Heather McPherson
La députée d'Edmonton, Heather McPherson, bien que ne s'opposant pas directement à Lewis sur scène, a plus tard qualifié ses propos de peu novateurs. « Cela fait partie de la politique du NPD depuis Jack Layton », a-t-elle commenté aux journalistes, ajoutant qu'il n'y avait « rien de vraiment nouveau là-dedans ».
McPherson a préféré orienter la conversation vers une stratégie d'emploi concrète pour l'avenir. Elle a détaillé ses plans pour un « Youth Climate Corps » visant à former les jeunes dans les métiers, les arts, la santé, la garde d'enfants et les emplois verts.
Le défi de la politique du NPD
Le livre de politiques du NPD de 2021 ne mentionne pas explicitement un engagement à limiter l'expansion des combustibles fossiles. Il s'engage cependant à mettre fin aux subventions fédérales pour ce secteur, une position que les anciens chefs Thomas Mulcair et Jagmeet Singh ont eu du mal à communiquer de manière cohérente, créant des tensions avec les sections provinciales du parti.
Ses propositions incluent également des projets d'envergure nationale comme le développement du train à grande vitesse, la rénovation énergétique des bâtiments et la création d'un « corridor d'énergie propre » qui pourrait comprendre un réseau électrique est-ouest.
La priorité de Rob Ashton : les travailleurs
Le leader syndical Rob Ashton a abordé la question sous l'angle de la protection des travailleurs. Interrogé sur sa position concernant l'expansion des énergies fossiles, il a rappelé leur importance économique actuelle.
« Les combustibles fossiles dans ce pays nourrissent beaucoup de familles », a-t-il souligné. Ashton a conditionné son soutien à de futurs projets à deux critères principaux : le consentement libre, préalable et éclairé des nations autochtones et une évaluation rigoureuse des impacts environnementaux.
Il a également insisté sur la nécessité de créer des emplois verts bien rémunérés et syndiqués pour assurer une transition juste.
« Si nous ne remplaçons pas de bons emplois syndiqués qui soutiennent les familles par le même type d'emploi dans une économie verte, il y aura toujours beaucoup de résistance de la part des gens », a-t-il averti.
Ashton a également plaidé pour le développement de l'énergie renouvelable, en particulier l'énergie éolienne, en s'assurant que les infrastructures, comme les éoliennes, soient fabriquées au Canada par des travailleurs syndiqués.
Les Énergies Fossiles et le Climat
Selon les Nations Unies, les combustibles fossiles (charbon, pétrole et gaz) sont de loin le principal contributeur au changement climatique mondial. Ils représentent environ 68 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre et près de 90 % de toutes les émissions de dioxyde de carbone.
Un débat qui définit l'avenir du parti
La divergence des points de vue entre les trois principaux candidats illustre le dilemme central auquel le NPD est confronté. Le parti doit trouver un équilibre entre ses engagements environnementaux et la réalité économique des milliers de Canadiens qui travaillent dans le secteur des énergies fossiles.
La position d'Avi Lewis représente un appel à une rupture radicale avec le statu quo, une stratégie qui pourrait mobiliser l'aile la plus progressiste et environnementaliste du parti. En revanche, les approches de McPherson et Ashton sont plus pragmatiques, cherchant à construire un pont entre le présent économique et un avenir plus durable, sans laisser les travailleurs pour compte.
Le choix que feront les membres du NPD déterminera non seulement l'identité du prochain chef, mais aussi la direction stratégique du parti pour les années à venir, alors que le Canada fait face à la double urgence du changement climatique et de la transition économique.





