Alors que l'ancien président Donald Trump qualifiait le changement climatique d'« arnaque » lors d'une réunion aux Nations Unies, le gouverneur de Californie, Gavin Newsom, multipliait les initiatives pour positionner son État comme un leader mondial en matière de politique environnementale. Cette divergence illustre une profonde division au sein de la politique américaine sur l'un des enjeux les plus critiques de notre époque.
À New York, les deux hommes politiques ont présenté des visions radicalement opposées. D'un côté, un appel au rejet des énergies vertes ; de l'autre, la signature d'accords internationaux pour réduire les émissions de carbone, créant un véritable contre-pouvoir diplomatique au niveau des États.
Points Clés
- Donald Trump a qualifié le changement climatique de « plus grande arnaque jamais perpétrée » lors d'un discours à l'ONU.
- Gavin Newsom a signé un accord de collaboration climatique avec le Brésil, s'ajoutant à des pactes similaires avec le Canada et le Danemark.
- La Californie poursuit activement des objectifs climatiques, contrastant avec le retrait américain de l'Accord de Paris sous l'administration Trump.
- Newsom utilise la scène internationale pour renforcer son profil politique et critiquer directement les politiques de Trump.
Deux Discours, Deux Amériques
Lors de la réunion des Nations Unies à New York, Donald Trump a exprimé une position de défiance face aux efforts mondiaux de lutte contre le changement climatique. Il a qualifié ces initiatives d'« arnaque verte » et a encouragé les autres nations à abandonner les politiques en faveur des énergies renouvelables, affirmant que celles-ci mèneraient leurs pays à l'échec.
Cette rhétorique s'inscrit dans la continuité de son premier mandat, marqué par le retrait des États-Unis de l'Accord de Paris sur le climat. Son discours a signalé une intention d'accentuer encore ce rejet s'il retournait à la Maison Blanche.
La Californie en Contre-Courant
Au même moment, à quelques kilomètres de là, le gouverneur Gavin Newsom menait une offensive diplomatique parallèle. Il a signé un accord non contraignant mais symbolique avec le Brésil, visant une collaboration pour réduire les émissions de carbone. Cet accord fait suite à des ententes similaires conclues récemment avec le Canada et le Danemark.
En agissant ainsi, Newsom positionne la Californie, l'État le plus peuplé des États-Unis et une puissance économique majeure, comme un acteur international de premier plan sur la question climatique, comblant le vide laissé par le gouvernement fédéral.
Le Poids Économique de la Californie
Si la Californie était un pays indépendant, son économie se classerait parmi les plus grandes du monde, souvent comparée à celle de pays comme l'Allemagne ou le Japon. Cette puissance économique lui confère une influence significative pour négocier des accords et promouvoir ses propres normes environnementales, indépendamment de la politique fédérale.
Une Stratégie de Visibilité Mondiale
L'activisme de Gavin Newsom sur la scène climatique n'est pas nouveau, mais les événements de New York ont mis en lumière sa stratégie. Il cherche à se présenter comme le leader de l'opposition aux politiques de Trump, notamment en matière d'environnement. Ses actions suggèrent une préparation pour une éventuelle candidature présidentielle en 2028.
En 2023, il a effectué un voyage en Chine axé sur le climat, où il a rencontré le président Xi Jinping et signé plusieurs accords avec des dirigeants locaux. Ce type de déplacement, habituellement réservé aux chefs d'État, a renforcé son image de leader international.
« Nous comblons un vide sur de nombreuses questions. La Californie est le pilier de la politique climatique dans ce pays alors que [Trump] se retire de Paris, qu'il abandonne le leadership et l'autorité morale dans le monde. » - Gavin Newsom, lors de son passage à l'émission « The Late Show With Stephen Colbert ».
Durant son séjour à New York, Newsom a également rencontré des dignitaires du Royaume-Uni, de l'Union européenne et de l'Australie, consolidant ses relations internationales.
La Bataille sur le Front Intérieur
L'opposition entre Newsom et Trump ne se limite pas à la scène internationale. En Californie, le gouverneur a récemment promulgué une série de lois climatiques importantes. Celles-ci incluent la prolongation du programme de plafonnement et d'échange de droits d'émission (cap-and-trade), qui impose un coût aux entreprises pour leurs émissions de dioxyde de carbone.
Cependant, ce paquet législatif comprend aussi une mesure controversée augmentant le forage pétrolier dans la Central Valley, ce qui a suscité la colère de certains groupes environnementaux.
L'Infrastructure Électrique Californienne en Chiffres
- Plus de 200 000 bornes de recharge publiques pour véhicules électriques (VE) sont disponibles dans l'État.
- Ce chiffre dépasse le nombre estimé de pompes à essence, qui est d'environ 120 000.
- Environ 94 % des Californiens vivent à moins de 10 minutes d'une borne de recharge pour VE.
- On estime à 800 000 le nombre de chargeurs installés dans des résidences privées.
Ces chiffres illustrent l'engagement de l'État en faveur de la transition vers les véhicules électriques, une politique directement opposée à celle de l'administration Trump, qui a réduit les subventions fédérales pour les VE et promu un retour au charbon.
Un Conflit Juridique et Politique
La relation entre Newsom et Trump s'est considérablement détériorée. Le gouverneur a rappelé avoir engagé 41 procès contre l'administration Trump sur diverses questions, y compris l'environnement. L'un des points de friction majeurs a été la décision de l'administration Trump de révoquer l'autorisation de la Californie à fixer ses propres normes d'émissions de véhicules, plus strictes que les normes fédérales.
Lors d'une discussion avec l'ancien président Bill Clinton, Newsom a critiqué le recul de Trump sur les politiques relatives aux véhicules électriques, affirmant que cela revenait à « céder notre compétitivité à la Chine », qui domine actuellement ce marché.
Un Leadership Isolé sur la Scène Mondiale ?
Les experts en relations internationales soulignent le contraste frappant entre la position de Trump et le consensus mondial. Alice C. Hill, du Council on Foreign Relations, a noté que la posture de Trump isole les États-Unis.
« Il ignore tout simplement ce qui se passe dans le reste du monde et prouve que les États-Unis se sont mis à l'écart sur le changement climatique. Le président Trump se retrouve seul parmi les nations. » - Alice C. Hill, Council on Foreign Relations.
Pendant ce temps, la Californie continue de tracer sa propre voie. En se positionnant comme le principal moteur du leadership environnemental à grande échelle aux États-Unis, l'État de Newsom démontre qu'une action climatique ambitieuse reste possible, même en l'absence de soutien au niveau fédéral.





