Une nouvelle étude met en lumière l'ampleur des pertes de vies humaines, des maladies et des handicaps liés au changement climatique d'origine humaine. Cette recherche, publiée le 17 septembre 2025, souligne que le réchauffement climatique n'est pas seulement une question environnementale, mais une urgence de santé publique mondiale. Les scientifiques appellent les décideurs politiques à reconnaître et à agir sur ces impacts sanitaires.
L'étude révèle que les méthodes d'attribution scientifique ont progressé. Elles permettent désormais de quantifier la part des impacts sanitaires directement causés par les activités humaines. Historiquement, ces études se sont concentrées sur les pays à revenus élevés et les effets de la chaleur ou des événements météorologiques extrêmes. La nouvelle recherche offre une vision plus complète et mondiale de ce fardeau sanitaire.
Points Clés
- Le changement climatique est directement lié à des décès, maladies et handicaps.
- La science de l'attribution quantifie la part humaine dans ces impacts sanitaires.
- Les études se sont élargies au-delà de la chaleur, incluant maladies vectorielles et pollution.
- Les coûts économiques des pertes de vies humaines dépassent des dizaines de milliards de dollars par an.
- Les pays à faibles revenus et les populations vulnérables sont les plus touchés.
L'Attribution Scientifique et ses Révélations
Le consensus scientifique est clair : le changement climatique actuel dépasse la variabilité naturelle. Les facteurs naturels ne peuvent expliquer les changements observés. Les activités humaines sont responsables d'une augmentation d'environ +1,3 °C de la température mondiale par rapport aux niveaux préindustriels. Cette conclusion s'appuie sur des méthodes de détection et d'attribution du changement climatique. Ces méthodes distinguent les contributions humaines et naturelles au système climatique.
Au cours de la dernière décennie, les chercheurs ont adapté ces méthodes pour isoler les effets des forçages anthropiques sur les conséquences sociales et écologiques du changement climatique. Ces études, dites d'attribution d'impacts de bout en bout, bien que minoritaires, fournissent des preuves solides. Elles offrent des estimations claires et quantitatives des impacts historiques et actuels.
Fait Marquant
La première étude d'attribution d'impact sanitaire de bout en bout a été menée en 2016. Elle a estimé la contribution du changement climatique d'origine humaine à la mortalité liée à la chaleur pendant la canicule européenne de 2003.
Un Fardeau Sanitaire en Expansion
La santé humaine est l'une des catégories d'impacts les plus visibles du changement climatique. Cela inclut la perte de vies, mais aussi les maladies, les handicaps et une mauvaise qualité de vie. La plupart des travaux sur les impacts sanitaires du changement climatique se sont limités aux tendances à long terme. Ils ont aussi examiné la relation avec la température et les précipitations, ou les conséquences d'événements météorologiques extrêmes spécifiques.
Cependant, une vingtaine d'études ont maintenant quantifié les impacts sanitaires actuels du changement climatique d'origine humaine. À une seule exception près, toutes ces études rapportent un impact négatif significatif sur la santé. Le plus souvent, il s'agit de pertes de vies dues à la hausse des températures ou aux événements météorologiques extrêmes.
"Le changement climatique doit être traité comme une urgence sanitaire mondiale, pas seulement comme un problème environnemental." - Colin J. Carlson, chercheur principal.
Diversification des Risques Étudiés
Les estimations de la mortalité au niveau local varient de 10 décès (lors d'une journée de canicule à Londres en 2006) à 1 683 décès (liés à la chaleur à Zurich entre 1969 et 2018). Au niveau national et au-delà, les estimations vont de 370 décès (canicule estivale de 2022 en Suisse) à 271 656 décès (liés à la chaleur dans 43 pays entre 1991 et 2018).
Jusqu'à présent, la recherche s'est principalement concentrée sur les risques liés à la température (17 études sur 20), la mortalité (11 sur 20) et les événements météorologiques extrêmes en Europe (4 sur 6). Toutefois, ces études se diversifient. Les recherches récentes abordent le fardeau croissant des maladies virales transmises par les moustiques, la mortalité due à la pollution de l'air par les feux de forêt, le déplacement de populations par les inondations. Elles examinent aussi plusieurs risques sanitaires uniques chez les enfants, incluant les décès néonatals et les naissances prématurées.
- Maladies vectorielles : Dengue, virus du Nil occidental.
- Pollution de l'air : Particules fines (PM2.5) issues des feux de forêt.
- Déplacements de population : Causés par les inondations.
- Impacts sur les enfants : Décès néonatals, naissances prématurées, faible poids à la naissance, paludisme infantile.
Contexte des Naissances Prématurées
Les naissances prématurées liées aux vagues de chaleur peuvent entraîner des associations à vie avec l'asthme, le diabète de type 1 et 2, et des troubles cognitifs. Ces impacts ont des conséquences économiques majeures.
Les Coûts Économiques des Pertes Sanitaires
Dans certains cas, l'impact économique ou la valeur de ces pertes est considérable. Par exemple, une étude a estimé que les coûts médicaux liés aux naissances prématurées dues aux vagues de chaleur en Chine pourraient dépasser 300 millions de dollars américains par an. La perte de revenus à vie associée aux troubles cognitifs pourrait dépasser 1 milliard de dollars américains par an.
Une autre étude a estimé que les années de vie perdues à cause de l'ouragan Harvey pourraient valoir environ 17 milliards de dollars américains. Une étude mondiale sur 185 événements météorologiques extrêmes a estimé une perte moyenne de vies attribuables évaluée à 22,7 milliards de dollars américains par an.
Estimations Monétisées des Pertes
En utilisant des estimations standard de la valeur statistique d'une vie (VSV), les pertes annuelles sont d'au moins 10 milliards de dollars américains. Par exemple :
- 29,5 milliards de dollars américains (ajustés) pour les décès néonatals liés à la température dans 29 pays à faibles et moyens revenus.
- 31,0 milliards de dollars américains (ajustés) pour les décès liés à la chaleur dans 43 pays.
- 40,2 milliards de dollars américains (ajustés) pour la pollution de l'air par les particules fines (PM2.5) provenant des feux de forêt mondiaux.
Dans certains cas, les pertes directement quantifiées pourraient approcher les milliers de milliards. L'estimation de 271 656 décès liés à la chaleur et attribuables au changement climatique dans 43 pays entre 1991 et 2018 équivaudrait à une perte de 869,3 milliards de dollars américains (3,1 billions de dollars non ajustés).
Ces estimations seront de plus en plus importantes. Les pays cherchent des financements pour les pertes et dommages résultant du changement climatique. Les impacts sur la santé humaine dominent les estimations des dommages économiques globaux du futur changement climatique.
Attribution aux Émetteurs Spécifiques
Une autre avancée importante est l'attribution à la source. Cette méthode quantifie les contributions d'émetteurs majeurs de gaz à effet de serre aux événements extrêmes, aux tendances de réchauffement à long terme et, dans certains cas, aux impacts en aval. Par exemple, une prépublication récente a estimé que des dizaines de décès liés à la chaleur en Suisse entre 1969 et 2018 pouvaient être attribués à des entreprises spécifiques de combustibles fossiles :
- Chevron : 59 décès
- ExxonMobil : 54 décès
- Saudi Aramco : 53 décès
En utilisant la même approche de VSV, ces estimations équivaudraient à des pertes de 188,8 millions de dollars américains, 172,8 millions de dollars américains et 169,6 millions de dollars américains attribuables à chaque émetteur, respectivement. Ces études d'attribution à la source sont pertinentes pour les actions en justice contre les émetteurs et les gouvernements.
Perspectives et Défis Futurs
Ces études représentent la ligne de preuve la plus solide disponible concernant les impacts actuels du changement climatique sur la santé. Elles sont souvent plus à jour que les estimations basées sur des modèles. La seule estimation complète de la mortalité et de la morbidité mondiales dues au changement climatique (vers l'an 2000) a été publiée il y a 20 ans. En 2014, ces estimations ont été prolongées jusqu'en 2030 et 2050.
Pour certains impacts sanitaires, comme la mortalité liée à la chaleur et aux événements météorologiques extrêmes, les études d'attribution concordent largement avec ces projections. Dans d'autres cas, la divergence est notable. Par exemple, la mortalité attribuable au changement climatique liée à la dengue a été un ordre de grandeur supérieur aux attentes. La mortalité due au paludisme est estimée un ordre de grandeur inférieur.
Domaines de Recherche à Approfondir
Certaines sources majeures de mortalité attendues n'ont pas encore été réévaluées. Par exemple, aucune estimation n'existe pour la mortalité attribuable à la malnutrition, bien qu'une étude ait montré que chaque augmentation de 1 °C du réchauffement anthropique entraînait une augmentation de 1 à 2 % de l'insécurité alimentaire. De même, il n'y a pas eu d'études d'attribution d'impact axées sur les maladies diarrhéiques.
De nouvelles recherches continuent d'être publiées. Les études futures pourraient évaluer l'impact du changement climatique sur des dizaines de maladies infectieuses, des maladies non transmissibles (asthme, cancer, diabète, maladies cardiaques et rénales), les impacts sanitaires de l'insécurité alimentaire (malnutrition, retard de croissance, mortalité directe) et la santé mentale (anxiété, dépression, suicides).
Inégalités et Représentation Géographique
Les études futures devraient également explorer les impacts inégaux du changement climatique au sein des populations. Ces analyses sont rares. Une étude a révélé que les femmes et les personnes âgées représentaient respectivement 60 % et 90 % des décès liés à la chaleur attribuables. Les femmes âgées connaissaient un taux de mortalité 1,8 fois supérieur à celui de la population générale.
Enfin, les études futures devraient viser à fournir une vue plus représentative géographiquement des impacts sanitaires du changement climatique. Presque toutes les études au niveau infranational se sont jusqu'à présent concentrées sur les communautés des pays à revenus élevés. Ces biais reflètent la communauté de recherche, presque entièrement dirigée par des institutions du Nord global, même lorsqu'elles se concentrent sur les impacts sanitaires dans le Sud global.
Méthodologie de l'Étude
Cette étude se concentre sur les recherches qui mènent une attribution d'impact sanitaire de bout en bout. Cela signifie une analyse statistique qui quantifie les impacts ou risques sanitaires actuels ou historiques. Ces risques résultent des forçages anthropiques sur le climat. La quantification se fait par la comparaison de scénarios factuels et contrefactuels. Le scénario contrefactuel exclut généralement tous les forçages anthropiques.
Les chercheurs ont utilisé un ensemble de mots-clés pour rechercher la littérature pertinente. Ils ont exploré PubMed et Web of Science. Ils ont examiné 3 677 résumés d'études et évalué le texte intégral de 552 études. Un total de 20 publications et prépublications évaluées par des pairs ont été identifiées. Elles ont toutes mené une attribution de bout en bout des résultats de santé humaine au changement climatique d'origine humaine.





