La ville d'Asheboro, en Caroline du Nord, est sous pression. L'Agence américaine de protection de l'environnement (EPA) exige qu'elle contrôle les rejets d'un produit chimique toxique, le 1,4-Dioxane, dans les eaux potables. La ville de 28 000 habitants refuse jusqu'à présent de se conformer à cette demande, malgré les risques pour la santé de près d'un million de personnes en aval.
Points Clés
- Asheboro refuse de limiter ses rejets de 1,4-Dioxane dans l'eau potable.
- Le 1,4-Dioxane est un solvant industriel considéré comme un cancérogène probable.
- Environ 900 000 personnes en aval sont affectées par cette pollution.
- L'EPA a émis un avis sanitaire de 0,35 partie par milliard pour le 1,4-Dioxane.
- Les installations de traitement actuelles ne sont pas efficaces contre ce contaminant.
La Contamination de l'Eau Potable : Un Défi Majeur
Le 1,4-Dioxane est un solvant industriel. Il est classé comme un cancérogène probable pour l'homme. Des études de l'Université d'État de Caroline du Nord montrent que la Caroline du Nord présente les niveaux les plus élevés de 1,4-Dioxane dans les eaux de surface du pays. La ville d'Asheboro, située dans le bassin supérieur de la rivière Cape Fear, est un point chaud de cette contamination.
L'usine de traitement des eaux usées d'Asheboro rejette ce produit chimique directement dans Haskett Creek. Ce cours d'eau se jette ensuite dans la principale source d'eau potable. Environ 900 000 personnes vivant en aval, notamment à Sanford, Pittsboro, Fayetteville et Wilmington, dépendent de cette source. Une exposition à long terme au 1,4-Dioxane peut causer des dommages au foie et aux reins.
Fait Marquant
L'EPA a fixé un objectif d'exposition à vie de 0,35 partie par milliard (ppb) pour le 1,4-Dioxane dans l'eau potable. Cependant, certaines municipalités en aval ont reçu des niveaux des centaines, voire des milliers de fois supérieurs à cet objectif.
L'Impasse entre l'EPA et Asheboro
En janvier, l'administration Biden, par l'intermédiaire de l'EPA, a envoyé une lettre au Département de la Qualité Environnementale (DEQ) de Caroline du Nord. L'EPA s'opposait au permis de rejet d'eaux usées proposé par Asheboro. Ce permis ne contenait aucune exigence pour la ville de limiter ses rejets de 1,4-Dioxane. L'EPA a déclaré que de telles limites étaient « raisonnables et conformes aux exigences » du Clean Water Act.
Si le DEQ n'inclut pas ces limites dans un permis révisé, l'autorité exclusive de délivrer le permis reviendra à l'EPA. Asheboro a demandé une audience publique sur cette objection de l'EPA. Cette démarche est autorisée par la loi fédérale. L'audience a eu lieu la semaine dernière au Randolph Community College.
« Asheboro peut résoudre ce problème. Son refus n'est pas juste pour le reste d'entre nous qui devons nous inquiéter quand nous ouvrons le robinet. » — Zoe Mehta, avocate associée au Southern Environmental Law Center.
Origines de la Pollution et Solutions Ignorées
Le 1,4-Dioxane provient principalement de deux sources : StarPet, un fabricant de plastiques, et la décharge de Great Oak. Ces entités rejettent ou acheminent le produit chimique vers l'usine de traitement des eaux usées d'Asheboro. Les systèmes de traitement conventionnels ne parviennent pas à l'éliminer. Le produit s'écoule donc directement dans Haskett Creek.
D'autres municipalités, comme Greensboro et Burlington, ont réussi à réduire drastiquement leurs rejets. Elles ont fait pression sur leurs sources industrielles pour qu'elles prétraitent leurs eaux usées ou trouvent des alternatives au 1,4-Dioxane. StarPet a bien installé un système de prétraitement en novembre 2020. Cependant, ce système tombe souvent en panne. Il a été mis hors service six fois depuis 2021, et deux fois depuis le début de l'année, selon des documents judiciaires.
Contexte Juridique
Le permis original du DEQ pour Asheboro exigeait des contrôles sur le 1,4-Dioxane. Ces limites devaient être introduites progressivement sur cinq ans. Mais en 2024, un juge administratif de l'État a annulé ces limites, estimant que le DEQ avait dépassé son autorité. La ville d'Asheboro s'appuie sur cette décision pour justifier son refus actuel.
Les Conséquences pour les Communautés en Aval
Lors de l'audience publique, de nombreux citoyens ont exprimé leur colère et leur désespoir. Casey Dixon, une résidente de Sanford de quatrième génération, a témoigné de l'impact sur sa famille. Elle a mentionné son neveu de 2 ans qui boit de l'eau contaminée.
« Spider-Man ne peut pas le sauver du 1,4-Dioxane », a déclaré Mme Dixon aux fonctionnaires de l'EPA. « C'est votre travail. »
Les services publics en aval subissent également une charge financière importante. Kenneth Waldroup, directeur exécutif de la Cape Fear Public Utility Authority, a souligné que le produit chimique est persistant et se déplace loin une fois dans le bassin. L'élimination du 1,4-Dioxane de l'eau potable est extrêmement coûteuse. Ces investissements sont importants, et le fardeau financier retombe sur les contribuables. Mick Noland, de la Fayetteville Public Works Commission, a rappelé que leur division a déjà dépensé 100 millions de dollars pour un système de traitement avancé contre les PFAS, mais cette méthode ne fonctionne pas pour le 1,4-Dioxane.
Prochaines Étapes et Incertitudes
L'administrateur de l'EPA Région 4 doit maintenant décider s'il maintient le permis du DEQ, demande une révision ou le rejette entièrement. Le calendrier de cette décision est incertain, notamment en raison de la fermeture du gouvernement. Une autre incertitude concerne la position de l'administrateur de l'EPA sous l'ancien président Donald Trump, Lee Zeldin, sur cette question.
Parallèlement, Union Carbide Corporation, une filiale de Dow Chemical, conteste l'évaluation des risques du 1,4-Dioxane par l'EPA dans une affaire judiciaire distincte. L'affaire est suspendue jusqu'à la fin de l'année.
- 1,4-Dioxane : Solvant industriel, cancérogène probable.
- Impact : Dommages au foie et aux reins.
- Population affectée : 900 000 personnes en Caroline du Nord.
- Coût du traitement : Très élevé, non couvert par les systèmes actuels.





