Un nouveau rapport de la Banque mondiale tire la sonnette d'alarme : sans une action climatique rapide et décisive, la Thaïlande pourrait subir des pertes économiques annuelles se chiffrant en milliards de dollars d'ici le milieu des années 2040. Le pays est confronté à une menace croissante liée aux inondations, à la chaleur extrême et à l'érosion côtière, mettant en péril des secteurs clés comme le tourisme et l'agriculture.
L'étude souligne que l'inaction pourrait réduire le produit intérieur brut (PIB) du pays de 7 à 14 % d'ici 2050. Cependant, le rapport met également en lumière une opportunité : des investissements stratégiques dans des technologies vertes et des infrastructures résilientes pourraient non seulement éviter ces pertes, mais aussi stimuler la croissance économique.
Points Clés
- La Thaïlande risque des pertes annuelles de 1 milliard de dollars d'ici 2045 en raison du changement climatique.
- L'inaction pourrait entraîner une perte de 7 à 14 % du PIB national d'ici 2050.
- Les principales menaces sont la perte de productivité due à la chaleur, les inondations et l'érosion côtière.
- Des investissements dans des solutions vertes pourraient augmenter le PIB annuel de 4 à 5 % d'ici 2050.
Un coût économique vertigineux
Les projections économiques présentées dans le rapport de la Banque mondiale sont préoccupantes. Les analystes estiment que si la trajectoire actuelle se poursuit, la Thaïlande devra faire face à des conséquences financières majeures. Les pertes de productivité liées à la chaleur sont identifiées comme une menace encore plus importante que les inondations à l'horizon 2050.
Pour une ville comme Bangkok, une simple augmentation de 1 degré Celsius de la température moyenne pourrait coûter à l'économie entre 85 et 123 milliards de bahts (soit entre 2,6 et 3,8 milliards de dollars). Ce chiffre englobe les coûts liés aux décès prématurés, à l'augmentation de la consommation d'énergie pour la climatisation et à la baisse de la productivité de la main-d'œuvre.
Bangkok sous la menace des eaux
Située dans un delta de basse altitude, la capitale thaïlandaise est particulièrement vulnérable à la montée des eaux. Des experts avertissent qu'une partie importante de la ville pourrait se retrouver sous l'eau d'ici 2030 si des mesures concrètes ne sont pas prises pour réduire les émissions de carbone et renforcer les protections contre les inondations.
Les multiples facettes de la crise climatique
Les défis climatiques pour la Thaïlande ne se limitent pas à un seul facteur. Le pays fait face à un ensemble de menaces interconnectées qui affectent différents aspects de son économie et de sa société.
Inondations récurrentes et dévastatrices
La Thaïlande figure parmi les nations les plus exposées au risque d'inondation dans le monde. En 2011, le pays a subi des pertes économiques équivalentes à 12,6 % de son PIB à la suite d'inondations catastrophiques. Le rapport prévient que de tels événements pourraient se reproduire si des mesures d'atténuation robustes ne sont pas mises en œuvre. Rien que l'année dernière, des pluies torrentielles ont causé des dizaines de morts et des dommages économiques s'élevant à plus de 7 milliards de dollars.
L'érosion côtière menace le tourisme
Le secteur touristique, pilier de l'économie thaïlandaise, est également en première ligne. L'érosion côtière affecte déjà environ 30 % du littoral du pays. Sans efforts d'adaptation significatifs, ce phénomène pourrait amputer les revenus de l'industrie touristique de près d'un milliard de dollars par an, menaçant les plages et les infrastructures qui attirent des millions de visiteurs.
La voie de l'investissement vert : une solution rentable
Face à ce sombre tableau, le rapport de la Banque mondiale ne se contente pas de lister les menaces. Il propose une alternative : transformer la crise en une opportunité de croissance durable. Des investissements judicieux dans des infrastructures résilientes et des technologies propres pourraient non seulement protéger le pays, mais aussi renforcer son économie.
"Les investissements dans l'atténuation des inondations, la sécurité de l'eau, la protection côtière, l'agriculture intelligente face au climat et le refroidissement pourraient augmenter le PIB annuel de 2 à 3 % d'ici 2040 et de 4 à 5 % d'ici 2050 par rapport à un scénario de statu quo, tout en protégeant les populations et en réduisant les risques d'événements extrêmes", a déclaré Kim Alan Edwards, économiste principal à la Banque mondiale et auteur principal du rapport.
Le calcul économique de l'action climatique
Le coût de l'inaction dépasse de loin celui de l'investissement. Le rapport estime que les mesures d'atténuation climatique coûteraient à la Thaïlande environ 219 milliards de dollars sur les 25 prochaines années, soit 2,4 % de son PIB. Ce montant est nettement inférieur aux pertes potentielles de 7 à 14 % du PIB si aucune mesure n'est prise. Plus important encore, ces investissements sauveraient des vies et préserveraient les moyens de subsistance de millions de personnes.
Une perspective mondiale sur les risques
La situation de la Thaïlande s'inscrit dans un contexte mondial plus large. Des recherches menées par l'Université de Cambridge confirment cette tendance. Leur analyse montre qu'une augmentation de la température moyenne mondiale de 3°C d'ici 2100 pourrait entraîner une baisse de la production économique mondiale de 15 à 34 %.
Cependant, cette même étude souligne que l'investissement de seulement 1 à 2 % du PIB mondial dans des mesures d'atténuation pourrait suffire à maintenir le réchauffement en dessous du seuil critique de 2°C. Pour la Thaïlande comme pour le reste du monde, le message est clair : agir maintenant est non seulement une nécessité environnementale, mais aussi un impératif économique.





