Une nouvelle étude menée par des chercheurs de l'Université de Cambridge révèle une menace économique majeure liée au changement climatique. Selon leurs projections, le produit intérieur brut (PIB) mondial pourrait chuter de près d'un quart d'ici la fin du siècle si les émissions de gaz à effet de serre ne sont pas maîtrisées. Cette analyse met en lumière les conséquences financières directes et tangibles de l'inaction climatique pour les nations riches comme pour les plus pauvres.
L'étude, publiée dans la revue PLOS Climate, a examiné 174 pays pour évaluer les pertes économiques potentielles en fonction de différents scénarios d'émissions. Les résultats soulignent que même les économies les plus développées ne sont pas à l'abri, avec des impacts significatifs attendus sur la productivité, l'emploi et la production industrielle.
Points Clés
- Le PIB mondial pourrait chuter jusqu'à 24 % d'ici 2100 dans le pire des scénarios climatiques.
- Les pays à faible revenu pourraient voir leur PIB diminuer de 15 %, contre 8 % pour les pays riches.
- En 2022, le changement climatique a déjà coûté 1,5 trillion de dollars à l'économie mondiale.
- Le respect de l'Accord de Paris pourrait au contraire entraîner un gain de revenu mondial de 0,25 %.
Une Menace Économique Systémique
L'impact du changement climatique sur l'économie n'est plus une projection lointaine, mais une réalité mesurable. Les chercheurs Kamiar Mohaddes et Mehdi Raissi, qui ont dirigé l'étude, expliquent que les changements persistants des conditions météorologiques affectent durablement les communautés et leur capacité de production.
Les sécheresses et les pénuries d'eau, exacerbées par la hausse des températures, menacent directement la sécurité alimentaire mondiale. Près de la moitié de l'approvisionnement alimentaire de la planète pourrait être affectée, ce qui aurait des répercussions en cascade sur les prix et la stabilité économique.
Des Coûts Directs et Indirects
Au-delà de l'agriculture, les événements météorologiques extrêmes engendrent des coûts colossaux. Les ouragans, inondations et incendies de forêt détruisent des infrastructures, des habitations et des entreprises, nécessitant des milliards de dollars pour la reconstruction. Une analyse a révélé que les catastrophes naturelles ont représenté environ 140 milliards de dollars de pertes assurées rien que l'année dernière.
Ces coûts directs s'accompagnent d'effets indirects. L'étude a analysé la productivité dans dix secteurs industriels aux États-Unis, constatant que si certains se sont adaptés aux températures plus élevées, d'autres restent extrêmement vulnérables. Des secteurs comme la construction, l'agriculture et le tourisme subissent des baisses de productivité importantes lors des vagues de chaleur.
Un Monde Déjà Appauvri
Selon une étude de l'Université du Delaware, l'économie mondiale a perdu 1,5 trillion de dollars en 2022 uniquement à cause des effets du changement climatique. Les auteurs de l'étude précisent : "Cela signifie que le monde est estimé être 1,5 trillion de dollars plus pauvre qu'il ne l'aurait été sans le changement climatique."
L'Inégalité Face à la Crise Climatique
Les conséquences économiques du réchauffement climatique ne sont pas réparties équitablement. Les nations les plus pauvres, qui ont le moins contribué aux émissions de gaz à effet de serre, sont souvent les plus durement touchées. Leurs économies, souvent dépendantes de l'agriculture et des ressources naturelles, sont plus sensibles aux perturbations climatiques.
L'étude de Cambridge prévoit que le PIB des pays à faible revenu pourrait chuter de 15 %, soit près du double de la contraction de 8 % attendue pour les pays riches. Cette disparité menace d'aggraver les inégalités mondiales et de freiner les efforts de développement.
"Alors que les gens peuvent avoir du mal à comprendre les impacts personnels du changement climatique, tout le monde ressent les difficultés économiques. Cette étude souligne à quel point nos moyens de subsistance sont en jeu si nous n'atténuons pas le problème."
Les Ménages Vulnérables en Première Ligne
Au sein même des pays, ce sont les ménages à faible revenu qui subissent le plus lourd fardeau. Ils disposent de moins de ressources pour s'adapter, que ce soit pour reconstruire après une catastrophe, faire face à la hausse des prix alimentaires ou supporter les coûts de santé liés à la chaleur extrême. La crise climatique est donc aussi une crise sociale qui creuse les écarts de richesse.
Le Contexte de l'Accord de Paris
Signé en 2015, l'Accord de Paris vise à limiter le réchauffement climatique bien en dessous de 2 degrés Celsius par rapport aux niveaux préindustriels, en poursuivant les efforts pour le limiter à 1,5 degré. Atteindre cet objectif nécessite une réduction drastique et rapide des émissions mondiales.
Une Voie Possible pour Limiter les Pertes
Le rapport n'est pas uniquement porteur de mauvaises nouvelles. Les chercheurs ont également modélisé un scénario optimiste dans lequel les nations respectent leurs engagements pris dans le cadre de l'Accord de Paris. Dans ce cas, les perspectives économiques s'inversent radicalement.
Si la hausse annuelle de la température mondiale est limitée à 0,01 degré Celsius, non seulement les pertes catastrophiques seraient évitées, mais l'économie mondiale pourrait même connaître un gain de revenu net de 0,25 %. Ce chiffre, bien que modeste, représente des milliers de milliards de dollars qui seraient sauvés et réinvestis dans la croissance durable.
Cette projection démontre que l'action climatique n'est pas un coût, mais un investissement dans la stabilité et la prospérité futures. Les efforts de transition vers une économie sobre en carbone peuvent stimuler l'innovation, créer de nouveaux emplois dans les énergies renouvelables et l'efficacité énergétique, et améliorer la santé publique.
Les Prochaines Étapes Cruciales
Pour atteindre ce scénario positif, une action gouvernementale et internationale coordonnée est indispensable. Les politiques doivent encourager les investissements dans les technologies propres, fixer un prix sur le carbone et soutenir les communautés dans leur adaptation aux changements déjà inévitables.
L'étude de Cambridge sert de puissant rappel que l'économie et l'environnement sont inextricablement liés. Ignorer les avertissements des scientifiques n'est pas seulement une menace pour la planète, mais également une stratégie économique vouée à l'échec. La protection du climat est désormais synonyme de protection de l'économie mondiale.





