Le Vatican a officiellement soumis un nouveau plan climatique aux Nations Unies, s'engageant à réduire ses émissions de gaz à effet de serre d'au moins 28 % d'ici 2035 par rapport aux niveaux de 2011. Cette initiative s'inscrit dans le cadre de ses obligations au titre de l'Accord de Paris et repose principalement sur un projet de parc solaire majeur destiné à assurer son indépendance énergétique.
Points Clés
- Le Saint-Siège s'engage à réduire ses émissions de 28 % d'ici 2035, en utilisant 2011 comme année de référence.
- Un projet de parc solaire de 400 hectares (environ 1000 acres) est prévu pour couvrir la totalité des besoins électriques du Vatican.
- L'objectif est de faire de la Cité du Vatican le premier État au monde neutre en carbone.
- Cet engagement a été déposé auprès des Nations Unies avant le sommet climatique COP30 au Brésil.
Un engagement formel dans le cadre de l'Accord de Paris
Le Saint-Siège a déposé en septembre sa nouvelle contribution déterminée au niveau national (CDN) auprès de l'ONU. Ce document détaille les actions que le plus petit État du monde entend mener pour lutter contre le changement climatique, conformément aux exigences de l'Accord de Paris de 2015.
L'accord international demande aux pays signataires de soumettre tous les cinq ans des plans de réduction d'émissions de plus en plus ambitieux. L'objectif global est de limiter le réchauffement de la planète à 1,5 degré Celsius par rapport aux niveaux préindustriels, un seuil critique selon les scientifiques.
Le Contexte de la COP30
La soumission de ces nouveaux plans nationaux est une étape cruciale avant la conférence des Nations Unies sur le climat, la COP30, qui se tiendra en novembre à Belém, au Brésil. Les analystes estiment que les engagements actuels des nations sont insuffisants et mèneraient à un réchauffement de 2,6 degrés Celsius.
Pour rester sur une trajectoire compatible avec l'objectif de 1,5 °C, les émissions mondiales doivent être réduites de près de moitié d'ici 2030 et de 60 % d'ici 2035 par rapport à 2019.
Le projet solaire : pilier de la transition énergétique
La pièce maîtresse du plan du Vatican est la construction d'un vaste parc solaire de 400 hectares au nord de Rome. Ce projet est conçu pour répondre intégralement aux besoins en électricité de la Cité du Vatican, qui dépend actuellement quasi exclusivement d'importations énergétiques.
Une fois opérationnel, ce parc solaire permettra au Vatican de franchir une étape décisive vers son objectif de devenir le premier État souverain neutre en carbone au monde. Cet engagement avait été annoncé pour la première fois par le Pape François en 2020, avec un horizon fixé à 2050 pour atteindre la neutralité carbone.
Les autres initiatives écologiques du Vatican
Au-delà de ce projet phare, le Saint-Siège a déjà mis en œuvre plusieurs mesures pour réduire son empreinte écologique. Ces actions s'inscrivent dans la continuité de l'encyclique Laudato Si' du Pape François sur la sauvegarde de la maison commune.
- Efficacité énergétique : Des travaux d'amélioration ont été réalisés dans la basilique Saint-Pierre et les bâtiments environnants pour réduire la consommation d'énergie.
- Mobilité durable : La flotte de véhicules du Vatican intègre de plus en plus de modèles électriques.
- Infrastructures vertes : L'entrée des Musées du Vatican a été équipée de panneaux solaires, et la salle d'audience Paul VI est alimentée par une installation solaire depuis 2008.
- Gestion des déchets et reforestation : Le plan mentionne également des programmes futurs pour optimiser le traitement des déchets et mener des actions de reboisement.
Une influence morale plus que statistique
Avec une superficie de seulement 44 hectares et une population de moins de 900 habitants, la contribution de la Cité du Vatican aux émissions mondiales de gaz à effet de serre est infinitésimale, représentant bien moins de 0,01 % du total.
Émissions mondiales en perspective
À titre de comparaison, la Chine est responsable de 25 % des émissions mondiales actuelles, tandis que les États-Unis, premier émetteur historique, en représentent 11 % aujourd'hui. L'action du Vatican est donc avant tout symbolique.
Le document soumis à l'ONU le reconnaît explicitement : « Bien que la contribution de l'État de la Cité du Vatican aux émissions mondiales soit négligeable, il considère essentiel d'investir dans des projets de réduction d'émissions de qualité. »
Le Saint-Siège met également l'accent sur son rôle dans l'éducation à l'écologie intégrale, qu'il juge essentielle pour provoquer la « conversion écologique » nécessaire pour affronter la crise climatique.
« L'action du Vatican montre que même les petits États, guidés par une conviction morale plutôt que par la puissance économique, peuvent montrer l'exemple et inspirer les autres à agir avec une responsabilité similaire », a déclaré Musamba Mubanga, responsable du plaidoyer chez Caritas Internationalis.
Un rôle d'animation pour l'Église catholique mondiale
Les experts soulignent que la véritable portée de l'engagement du Vatican réside dans sa capacité à mobiliser l'Église catholique à l'échelle mondiale. David Knecht, de l'organisation d'aide catholique suisse Fastenaktion, qualifie ce plan de « pas dans la bonne direction ».
Selon lui, le Saint-Siège a une « opportunité importante de faire progresser l'action climatique à grande échelle » en coordonnant les efforts des diocèses et des communautés religieuses du monde entier.
Cette coordination pourrait se traduire par des actions concrètes, comme la transition des énergies fossiles vers les énergies renouvelables pour les bâtiments de l'Église ou la promotion d'une utilisation plus durable des terres appartenant à des institutions catholiques.
« Le Saint-Siège peut aider à animer la communauté catholique mondiale pour qu'elle agisse comme une force morale et pratique pour la transformation écologique, vivant l'appel de Laudato Si' à prendre soin de notre maison commune et à être solidaire des pauvres et de la planète », a ajouté David Knecht.





