La ville de Belém, au Brésil, se prépare à accueillir le sommet climatique des Nations Unies, la COP30, dans un climat de fortes tensions. Alors que les dirigeants mondiaux se réunissent pour discuter de l'avenir de la lutte contre le réchauffement climatique, les États-Unis adoptent une position de plus en plus controversée, cherchant à démanteler l'accord de Paris et à promouvoir les énergies fossiles américaines.
Cette approche suscite l'indignation de nombreux pays et diplomates, qui s'inquiètent des répercussions sur les objectifs climatiques mondiaux. L'absence de représentants américains de haut niveau à la COP30 souligne la divergence croissante entre Washington et le reste du monde sur la question climatique.
Points Clés
- Les États-Unis cherchent à démanteler l'accord de Paris et à promouvoir les énergies fossiles.
- L'administration américaine ne participe pas au sommet COP30 avec des représentants de haut niveau.
- Les efforts américains visent à affaiblir les objectifs de transition énergétique des autres pays.
- De nombreux pays s'engagent à poursuivre la lutte contre le changement climatique sans les États-Unis.
- La Chine et l'Union Européenne pourraient former un front uni face à la position américaine.
Une stratégie américaine de démantèlement climatique
La nouvelle stratégie américaine, portée par l'ancien président, vise désormais à démolir l'alliance mondiale de lutte contre le changement climatique. L'objectif est de la remplacer par une nouvelle coalition axée sur les combustibles fossiles américains. Cette diplomatie énergétique offensive représente un défi majeur pour les leaders mondiaux réunis à Belém.
Un ancien collaborateur de l'administration, Richard Goldberg, a déclaré que le simple retrait de l'accord de Paris de 2015 et du cadre climatique plus large de l'ONU ne suffisait pas. Selon lui, il faut « le dégrader, le dissuader, potentiellement le détruire ».
Un Chiffre Clé
L'accord de Paris a été signé en 2015 par près de 200 nations, fixant des objectifs pour limiter le réchauffement climatique.
Cette approche inclut des accords commerciaux exigeant que le Japon, l'Europe et d'autres partenaires achètent davantage de gaz naturel et de pétrole américains. L'administration utilise également la pression diplomatique pour dissuader les dirigeants étrangers de réduire la pollution par les combustibles fossiles. Elle rend aussi les États-Unis moins accueillants pour les investissements dans les énergies propres.
L'absence notable à la COP30 et ses implications
Le président américain ne sera pas présent à Belém, contrairement aux dirigeants de pays comme la France, l'Allemagne et le Royaume-Uni. Son administration a également refusé d'envoyer des représentants de haut niveau aux pourparlers. Cette absence est perçue comme un signe clair de la volonté américaine de saper les négociations.
« Nous avons un grand pays, un président et un vice-président qui aimeraient voir l'accord de Paris mourir », a déclaré Laurence Tubiana, ancienne responsable du gouvernement français et architecte clé du pacte climatique de 2015, à propos des États-Unis.
Cette perspective est partagée par de nombreux responsables républicains, dont 17 procureurs généraux d'État. Ils ont affirmé le mois dernier que participer au sommet ne ferait que légitimer les procédures et leurs appels à abandonner plus rapidement les combustibles fossiles.
Contexte Historique
Durant son premier mandat, l'ancien président américain avait retiré les États-Unis de l'accord de Paris, mais avait tout de même envoyé des délégués aux pourparlers climatiques annuels. Aujourd'hui, l'objectif semble être de rendre ces négociations inefficaces en détournant le plus de pays possible de leurs propres objectifs d'énergie propre.
La vision américaine : une compétition à somme nulle
L'administration américaine perçoit la lutte contre le changement climatique comme un concours à somme nulle entre les États-Unis et la Chine, son principal rival économique. Les efforts pour réduire les émissions de gaz à effet de serre seraient, selon eux, une victoire complète pour la Chine, qui domine la production mondiale de technologies solaires, éoliennes, de batteries et de véhicules électriques.
Cette perspective contraste avec celle de l'administration précédente, qui avait promu des investissements massifs dans les technologies vertes américaines pour surpasser la Chine dans le développement des sources d'énergie du futur. Dans la vision actuelle, freiner cette transition énergétique profite aux États-Unis, premier producteur mondial de pétrole et de gaz naturel.
Deux facteurs clés dans l'évolution de la pensée américaine
George David Banks, ancien conseiller climatique international de l'administration, identifie deux développements majeurs qui ont façonné cette nouvelle approche :
- L'Inflation Reduction Act (IRA) de 2022 : Cette législation démocrate, adoptée sur des lignes partisanes, a promis des centaines de milliards de dollars aux projets d'énergie propre aux États-Unis. Elle a transformé l'énergie renouvelable en une cible politique pour l'ancien président et ses partisans des combustibles fossiles.
- L'utilisation agressive du pouvoir commercial américain : L'administration a exigé de ses agences qu'elles identifient les obstacles aux exportations américaines. L'appareil climatique des Nations Unies pourrait être considéré comme une barrière aux ventes de pétrole, de gaz et de charbon.
La résonance de la stratégie américaine et la résistance mondiale
La stratégie américaine trouve un écho auprès de certaines nations soutenant les combustibles fossiles. Cela inclut des économies émergentes en Afrique et en Amérique latine, des pétro-États comme l'Arabie saoudite, et des nations européennes confrontées à une pression sur le coût de la vie qui alimente une droite renaissante.
Le secrétaire américain à l'Énergie, Chris Wright, a par exemple qualifié de « non-sens » le fait que les financiers et les nations occidentales diabolisent l'énergie au charbon lors d'un rassemblement à Washington en mars. Il a également affirmé que les exportations de gaz naturel américain pourraient fournir davantage d'électricité aux nations africaines et asiatiques.
Un Objectif Contesté
L'objectif de zéro émission nette de gaz à effet de serre d'ici 2050, adopté par des dizaines de nations, est jugé « sinistre » par certains responsables américains, car il condamnerait les nations en développement à la pauvreté et à des niveaux de vie inférieurs.
Malgré cette offensive, la propagation des énergies propres ne devrait pas être stoppée. Le secteur privé reste engagé envers l'énergie propre pour atteindre les objectifs de l'ONU en matière de réduction du changement climatique. Les investissements dans le solaire, l'éolien, la géothermie et d'autres énergies propres se poursuivent à un rythme soutenu.
Les ministres et diplomates européens, face aux menaces de tarifs douaniers et autres pressions américaines, estiment que la victoire à la COP30 pourrait simplement résider dans la présentation d'un front uni en faveur de l'action climatique. Cela pourrait signifier s'associer à d'autres grandes économies comme la Chine et l'Inde, et former une cause commune avec des pays plus petits et plus vulnérables, pour montrer que l'ancien président américain est isolé.
« Je suis sûr que l'UE et la Chine se retrouveront des deux côtés de nombreux débats », a déclaré Jacob Werksman, le négociateur climatique principal de l'UE. « Mais nous avons des moyens de travailler avec eux. … Nous misons tous deux lourdement sur la transition verte. »
En fin de compte, même si les progrès sont plus lents que prévu, les nations engagées dans l'accord de Paris ont pris la décision de transformer leurs systèmes énergétiques pour s'éloigner des combustibles fossiles. La question n'est pas de savoir si le régime climatique va exploser, mais plutôt si l'ancien président américain réussira à le faire dérailler. Et beaucoup pensent que la réponse est « Non ».





