L'Océan Austral, qui a absorbé une grande partie de la chaleur et du dioxyde de carbone émis par l'activité humaine, pourrait libérer cette chaleur accumulée dans le futur. Des chercheurs allemands prévoient qu'après l'arrêt des émissions de gaz à effet de serre, un « rot » de chaleur de cet océan pourrait provoquer un réchauffement global pendant au moins un siècle.
Points clés
- L'Océan Austral a absorbé une quantité importante de chaleur et de CO2.
- Une libération future de cette chaleur pourrait réchauffer la planète pendant un siècle.
- Ce phénomène est modélisé pour un scénario post-émissions de gaz à effet de serre.
- Le réchauffement sera plus important dans l'hémisphère sud.
Un scénario climatique inattendu
Les scientifiques ont utilisé un cadre climatique reconnu, intégrant des modèles sur l'équilibre énergétique atmosphérique, la circulation océanique et la glace de mer. Ils ont simulé un scénario futur où les émissions de gaz à effet de serre atteignent un pic dans 70 ans, doublant le CO2 atmosphérique. Ensuite, les émissions diminuent rapidement, conduisant à plusieurs siècles d'émissions nettes négatives de carbone, et un refroidissement progressif de la planète.
Cependant, même après ce pic et ces réductions, l'océan continuerait d'absorber la chaleur. Les températures atmosphériques de surface mettent également du temps à baisser. Un facteur aggravant est la diminution de la glace de mer, qui réfléchissait auparavant la chaleur solaire. Sa fonte augmente la capacité de l'océan à absorber le rayonnement solaire à ondes courtes.
Le saviez-vous ?
L'Océan Austral a joué un rôle crucial en absorbant environ 40% du CO2 anthropique et une part significative de la chaleur excédentaire générée par les activités humaines depuis l'ère industrielle.
Le « rot » de chaleur océanique
L'équipe de recherche, dirigée par la biogéochimiste Ivy Frenger du GEOMAR Helmholtz Centre for Ocean Research, a observé un phénomène surprenant dans leurs simulations. « Nous constatons, après plusieurs siècles de refroidissement global sous des émissions de CO2 négatives, un réchauffement atmosphérique global qui n'est pas lié aux émissions de CO2 et qui est causé par la libération de chaleur océanique », explique Frenger.
« Le taux de réchauffement est comparable aux taux de réchauffement anthropique historiques moyens et dure plus d'un siècle. »
Ce « rot » est une libération de la chaleur dormante que l'Océan Austral a stockée. Cette chaleur n'est pas distribuée uniformément sur la Terre. Les modèles indiquent que le réchauffement sera le « plus important et le plus durable dans l'hémisphère sud », ce qui suggère un impact plus grand sur les pays les plus vulnérables du sud global.
Impact sur l'hémisphère sud
Le réchauffement projeté pourrait affecter gravement les régions déjà fragiles. Les communautés du sud, souvent plus dépendantes des écosystèmes locaux et moins équipées pour faire face aux changements climatiques rapides, pourraient subir des conséquences disproportionnées. Cela souligne l'importance de considérer les impacts régionaux futurs du changement climatique.
Contexte historique
Avant l'industrialisation, l'océan perdait naturellement de la chaleur par des mécanismes comme la remontée des eaux profondes dans l'Océan Austral. Avec le réchauffement climatique, ces processus naturels de perte de chaleur ont été réduits, ce qui a permis à plus de chaleur de s'accumuler dans les profondeurs océaniques.
Défier les hypothèses climatiques
Ces modèles, bien que simplifiés, ont été testés avec d'autres configurations et ont donné des résultats cohérents. Cela remet en question l'idée selon laquelle les émissions cumulatives de CO2 et le réchauffement climatique vont toujours de pair. Cette hypothèse « sous-tend la prise de décision politique », notent les auteurs.
Cela signifie que les bénéfices des actions climatiques pourraient prendre beaucoup plus de temps à se manifester que prévu. Il pourrait s'écouler des siècles avant de voir un refroidissement significatif, même après avoir atteint des émissions nettes négatives. Le monde, selon ces modèles, continuera de se réchauffer bien après l'abandon des combustibles fossiles.
- Accumulation de chaleur : L'océan absorbe la chaleur de l'atmosphère.
- Diminution de la glace marine : Moins de glace signifie plus d'absorption solaire.
- Ventilation des eaux profondes : Les eaux plus chaudes de surface atteignent les profondeurs.
La durée des conséquences
Ce phénomène signifie que les efforts pour réduire les émissions de gaz à effet de serre sont essentiels, mais leurs effets ne seront pas immédiats. Plus nous tardons à agir, plus ce « rot » de chaleur pourrait être important et prolongé. La capacité de l'océan à servir de tampon a ses limites.
La recherche, publiée dans AGU Advances, met en lumière la complexité des systèmes climatiques. Elle souligne que même avec des actions drastiques, le chemin vers la stabilisation climatique sera long et semé d'embûches. La compréhension de ces mécanismes est cruciale pour élaborer des stratégies d'adaptation et d'atténuation efficaces à long terme.
Il est impératif de continuer à investir dans la recherche pour affiner ces modèles et mieux anticiper les défis futurs. Les décideurs politiques doivent intégrer cette nouvelle perspective pour éviter des surprises climatiques indésirables dans les siècles à venir. L'inertie du système océanique représente un défi majeur pour l'humanité.





