Au nord du Canada, les tourbières de la baie d'Hudson constituent l'un des puits de carbone les plus importants de la planète. S'étendant sur 90 millions d'acres, cet écosystème unique joue un rôle essentiel dans la régulation du climat mondial et abrite une biodiversité d'une richesse exceptionnelle.
Souvent négligées, ces terres humides stockent d'énormes quantités de dioxyde de carbone, empêchant sa libération dans l'atmosphère. Leur préservation est devenue un enjeu majeur dans la lutte contre le changement climatique.
Points Clés
- Les tourbières de la baie d'Hudson couvrent une superficie de 90 millions d'acres au nord du Canada.
- Elles stockent cinq fois plus de carbone par acre que la forêt amazonienne.
- Cet écosystème abrite des espèces emblématiques comme le caribou, l'ours polaire et de nombreux oiseaux migrateurs.
- La tourbe, une matière organique saturée d'eau, ralentit la décomposition et piège le carbone efficacement.
- Les nations autochtones appellent cette région les "terres qui respirent" en raison de son rôle de régulateur climatique.
Un écosystème vital dans le Grand Nord canadien
Les tourbières de la baie d'Hudson forment un vaste paysage qui s'étend du nord du Manitoba jusqu'au Québec. Cette immense région de 90 millions d'acres est bien plus qu'une simple étendue sauvage ; elle représente un écosystème complexe et fondamental pour la stabilité climatique.
Le secret de cette région réside sous la surface. Il s'agit d'une accumulation de mousses et d'autres matières végétales saturées d'eau, connues sous le nom de tourbe. Cet environnement a des propriétés uniques qui en font un allié précieux pour la planète.
Un sanctuaire pour une faune exceptionnelle
La région est un refuge pour une biodiversité remarquable. C'est ici que vivent les plus grands troupeaux de caribous au monde. Les ours polaires y creusent leurs tanières pour donner naissance à leurs petits, certaines de ces tanières étant utilisées depuis plus de 200 ans.
Chaque été, le ciel s'anime avec l'arrivée d'oiseaux migrateurs. La sterne arctique, par exemple, parcourt des milliers de kilomètres depuis l'Antarctique pour venir se reproduire dans ces terres. Au total, la région abrite plus de 1 000 espèces de plantes et 175 espèces d'oiseaux.
Qu'est-ce que la tourbe ?
La tourbe est une matière organique fossile formée par l'accumulation de débris végétaux dans un milieu saturé en eau. Ses conditions acides et anaérobies (sans oxygène) ralentissent considérablement le processus de décomposition. Cela permet non seulement de préserver des artefacts ou des restes organiques pendant des siècles, mais surtout de piéger le carbone contenu dans les plantes mortes, l'empêchant de retourner dans l'atmosphère sous forme de CO2.
Un puits de carbone plus puissant que l'Amazonie
La capacité des tourbières de la baie d'Hudson à stocker du carbone est extraordinaire. En raison du ralentissement de la décomposition, le carbone est séquestré dans le sol pendant des milliers d'années.
Selon Janet Sumner, directrice exécutive de la Wildlands League, un groupe de conservation canadien, l'efficacité de cet écosystème est stupéfiante. Elle souligne que ces tourbières stockent une quantité massive de carbone.
"Les tourbières de la baie d'Hudson stockent cinq fois plus de carbone par acre que la forêt amazonienne."
Ce chiffre met en perspective l'importance capitale de cette région, souvent moins médiatisée que les grandes forêts tropicales, dans l'équilibre carbone mondial. La protection de ces terres est donc une priorité absolue.
Un régulateur climatique naturel
Les nations autochtones qui vivent autour de la baie d'Hudson ont depuis longtemps reconnu l'importance de cet écosystème. Elles nomment cette région "les terres qui respirent", une expression qui illustre parfaitement son rôle dans la régulation des cycles naturels et du climat de la planète.
Le rôle des communautés autochtones dans la conservation
La connaissance traditionnelle des peuples autochtones est essentielle pour comprendre et protéger ces écosystèmes. Valérie Courtois, directrice exécutive de l'Initiative de leadership autochtone, qui soutient les efforts de conservation menés par les Autochtones, insiste sur la fonction globale de ces terres.
Elle décrit la région comme le "régulateur de la température du monde". Cette vision souligne que la préservation des tourbières n'est pas seulement une question locale, mais un enjeu planétaire qui nécessite une collaboration étroite avec les gardiens traditionnels de ces terres.
Les programmes de conservation menés par les Autochtones sont considérés comme l'une des approches les plus efficaces pour garantir la pérennité de ces puits de carbone vitaux. Leur savoir ancestral, combiné à la science moderne, offre une voie prometteuse pour la protection de cet héritage naturel inestimable.





