De nouvelles recherches suggèrent que la Grande Barrière de Corail, menacée par le réchauffement climatique, pourrait se rétablir. Ce rétablissement est possible si l'augmentation de la température mondiale est maintenue sous la barre des 2°C. Cette conclusion contredit des prévisions antérieures qui estimaient le déclin irréversible au-delà de 1,5°C.
L'étude, menée par l'Université du Queensland, offre une perspective plus nuancée sur la capacité d'adaptation des coraux. Elle met en lumière les mécanismes naturels qui pourraient permettre à cet écosystème unique de survivre. Toutefois, les scientifiques avertissent que les politiques actuelles nous mènent vers un réchauffement de 2,8°C, ce qui annulerait ces espoirs.
Points Clés
- La Grande Barrière de Corail pourrait se rétablir si le réchauffement mondial reste sous 2°C.
- Les coraux ont une capacité d'adaptation aux températures plus élevées, un facteur souvent ignoré.
- Les politiques actuelles nous orientent vers un réchauffement de 2,8°C, menaçant cette récupération.
- Les efforts de conservation doivent se concentrer sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre.
Comprendre la Capacité d'Adaptation des Coraux
Les projections antérieures concernant l'avenir de la Grande Barrière de Corail se concentraient principalement sur l'impact direct de la chaleur. Elles n'intégraient pas suffisamment les mécanismes d'adaptation naturels des coraux. Le professeur Peter Mumby, co-auteur principal de la nouvelle recherche de l'Université du Queensland, a souligné ce point. Il explique que certains coraux et récifs peuvent s'adapter à des températures plus élevées.
Cette nouvelle étude, publiée dans la revue Nature Communications, a pris en compte des facteurs cruciaux. Elle a examiné comment certains coraux, même au sein d'une même espèce, peuvent tolérer des températures supérieures. Elle a aussi étudié la manière dont ces traits peuvent être transmis à leur descendance. Cette dimension éco-évolutive est essentielle pour comprendre la résilience potentielle des récifs.
Fait Important
Le modèle a simulé les dynamiques éco-évolutives de chacun des 3 800 récifs individuels de la Grande Barrière. Il a intégré la façon dont les récifs ensemencent leurs voisins avec de jeunes coraux et comment certains se trouvent dans des zones naturellement plus fraîches, appelées « refuges climatiques ».
Les Scénarios de Réchauffement et Leurs Impacts
Les scientifiques ont utilisé les projections climatiques les plus récentes pour leurs simulations. Les résultats montrent un avenir préoccupant si les températures continuent d'augmenter sans contrôle. Le Dr Yves-Marie Bozec, auteur principal de la recherche, a déclaré que les nouvelles n'étaient pas bonnes dans ce cas.
Si les températures mondiales atteignent 1,5°C, les capacités d'adaptation naturelles des coraux ne suffiront pas. L'étude prévoit une réduction d'environ la moitié de la quantité de coraux sur la Grande Barrière d'ici 2040. Le professeur Mumby a ajouté que d'ici le milieu du siècle, il y aurait encore des zones ressemblant aux récifs actuels, mais elles seraient rares et très dispersées.
« Si nous restons sur la voie actuelle, c'est un avenir très sombre et funeste pour les coraux », a déclaré le professeur Peter Mumby. « Cela ne mènera pas à l'extinction des coraux, mais ce sera une perte incroyablement profonde. »
L'Espoir d'une Récupération sous la Barre des 2°C
Le point le plus encourageant de l'étude réside dans la possibilité de récupération. Les modèles ont montré que si la température mondiale est maintenue en dessous de 2°C, les récifs peuvent lentement retrouver leur couverture corallienne. Ce niveau serait presque similaire à celui observé dans un passé récent. Cette découverte va à l'encontre d'une idée répandue selon laquelle le déclin serait irréversible au-delà de 1,5°C.
Les récifs situés dans des zones naturellement plus fraîches ou ceux pouvant être ensemencés par des récifs voisins ont montré une meilleure résistance. Cela suggère que les efforts de conservation ciblés dans ces endroits pourraient être fructueux. Cependant, le succès dépendra avant tout d'une action climatique mondiale décisive.
Contexte International
Le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) avait déjà rapporté qu'à 1,5°C de réchauffement, les récifs coralliens diminueraient de 70% à 90%. À 2°C, ils seraient presque entièrement perdus. Cette nouvelle étude affine ces prévisions en intégrant l'adaptabilité des coraux.
L'Urgence de Réduire les Émissions
Malgré cette lueur d'espoir, la situation reste critique. Les politiques actuelles pour lutter contre les émissions de gaz à effet de serre, principalement dues à la combustion de combustibles fossiles, placent la planète sur une trajectoire de réchauffement d'environ 2,8°C d'ici la fin du siècle, selon un rapport de l'ONU.
Si les émissions se maintiennent aux niveaux actuels, la couverture corallienne moyenne sur les récifs ne serait que de 4% d'ici la fin du siècle. Le professeur Mumby est clair sur la priorité absolue : « Freiner les émissions doit rester notre priorité numéro un. Cela aura un effet plus important que toute autre activité. »
- Les vagues de chaleur marine sont la cause principale du blanchissement des coraux.
- Le blanchissement affaiblit ou tue les coraux en leur faisant expulser les algues essentielles.
- Les événements de blanchissement massif sont devenus fréquents.
Orientations pour la Conservation
La recherche a été financée par un programme gouvernemental australien visant à développer des interventions pour améliorer les chances de survie du récif. Le Dr Roger Beeden, scientifique en chef de l'Autorité du Parc Marin de la Grande Barrière de Corail, a affirmé que l'étude aiderait à cibler les efforts de conservation. Il a également souligné l'importance de l'atténuation globale des émissions de gaz à effet de serre.
Le professeur Morgan Pratchett, expert des récifs à l'Université James Cook et rédacteur en chef de la revue scientifique Coral Reefs, a salué l'étude. Il a cependant exprimé un certain scepticisme quant à l'optimisme infondé concernant la capacité des récifs plus frais à soutenir une récupération, car ces zones pourraient être submergées par des vagues de chaleur croissantes.
En conclusion, une action urgente et substantielle sur le changement climatique est nécessaire. C'est la seule voie pour espérer conserver les écosystèmes des récifs coralliens. L'étude met en évidence que la résilience des coraux a ses limites face à un réchauffement excessif.





