Le prochain sommet des Nations Unies sur le climat, la COP30, se tiendra à Belém, au Brésil, à partir du 10 novembre. Situé au cœur de l'Amazonie, cet événement marquera le dixième anniversaire de l'Accord de Paris et mettra en lumière des défis majeurs : la réduction des émissions de gaz à effet de serre, le financement climatique et la protection des forêts tropicales.
Alors que les nations peinent à respecter leurs engagements, les négociations s'annoncent complexes, avec une pression croissante sur les pays développés pour qu'ils renforcent leur soutien financier et leur ambition climatique.
Les points clés
- Réduction des émissions : Les pays doivent soumettre de nouveaux objectifs de réduction pour 2035, mais la plupart sont en retard ou présentent des ambitions jugées insuffisantes.
- Financement climatique : Un point de friction majeur concernant les sommes que les pays riches doivent fournir aux nations en développement pour l'adaptation et la transition énergétique.
- Protection des forêts : Le Brésil, pays hôte, prévoit de lancer un fonds mondial innovant pour récompenser la préservation des forêts tropicales.
Un sommet symbolique aux ambitions incertaines
La décision d'organiser la COP30 dans la ville brésilienne de Belém, porte d'entrée de l'Amazonie, est hautement symbolique. Ce choix vise à attirer l'attention mondiale sur la vulnérabilité environnementale de cette région cruciale pour la régulation du climat mondial. Le sommet coïncide également avec le dixième anniversaire de l'Accord de Paris, un moment clé pour évaluer les progrès accomplis.
Contrairement aux éditions précédentes, cette conférence n'a pas de thème unique ou d'objectif central clairement défini. Cependant, cela ne signifie pas que les principaux émetteurs de gaz à effet de serre seront épargnés. Les nations les plus vulnérables au changement climatique expriment une frustration grandissante face au manque d'ambition et de soutien financier.
L'enjeu crucial des émissions de gaz à effet de serre
Le constat est sans appel : le monde ne réduit pas ses émissions assez rapidement pour atteindre les objectifs de l'Accord de Paris, qui visent à limiter le réchauffement climatique bien en dessous de 2°C, et si possible à 1,5°C. La COP30 mettra cette réalité en évidence.
Conformément à l'accord, les pays signataires sont tenus de soumettre tous les cinq ans des objectifs de réduction des émissions plus ambitieux, connus sous le nom de Contributions Déterminées au niveau National (CDN). Ces engagements sont essentiels pour renforcer progressivement l'effort collectif mondial.
Des engagements nationaux à la traîne
La date limite pour la soumission des nouveaux objectifs pour 2035 était fixée à février, afin de permettre une évaluation par l'ONU avant le sommet. Cependant, la plupart des pays n'ont pas respecté ce délai. Début octobre, seule une soixantaine de nations avaient soumis leurs plans révisés.
Peu de ces propositions ont été jugées à la hauteur des enjeux. L'objectif de la Chine, en particulier, a été considéré comme bien inférieur aux attentes. L'Union européenne, confrontée à des divisions internes, n'a pas encore réussi à s'accorder sur sa cible, tandis que l'Inde, un autre émetteur majeur, doit encore finaliser son engagement.
Le rôle du Brésil en tant que pays hôte
Le Brésil, qui a qualifié cette nouvelle série d'engagements de "vision de notre avenir commun", subit une pression importante pour orchestrer une réponse collective forte lors du sommet. Le succès de la COP30 dépendra en grande partie de sa capacité à mobiliser les nations vers une plus grande ambition.
La question épineuse du financement climatique
L'argent reste l'un des principaux points de discorde des négociations climatiques, et la COP30 ne fera probablement pas exception. La question centrale est de savoir combien les pays riches fourniront aux pays plus pauvres pour les aider à s'adapter aux impacts du changement climatique et à opérer leur transition vers une économie à faible émission de carbone.
L'année dernière, lors de la COP29, les négociations avaient été particulièrement tendues. Après deux semaines de débats, les pays développés s'étaient engagés à fournir 300 milliards de dollars par an en financement climatique d'ici 2035, une somme jugée très insuffisante par les pays en développement.
Les pays en développement viendront à Belém pour exiger des détails concrets et des garanties sur la mobilisation de ces fonds, qui sont cruciaux pour leurs efforts d'adaptation et de mitigation.
Un objectif plus large, visant à mobiliser 1 300 milliards de dollars par an d'ici 2035 à partir de sources publiques et privées, a également été fixé, mais sans précisions sur sa mise en œuvre. Le financement de l'adaptation, par exemple pour construire des défenses côtières contre la montée des eaux, figure officiellement à l'ordre du jour et pourrait faire l'objet d'un nouvel objectif de collecte de fonds.
La protection des forêts au cœur des discussions
En choisissant Belém, le Brésil place la forêt amazonienne au centre de la scène mondiale. L'objectif est de souligner le rôle vital que jouent les forêts tropicales dans la lutte contre le changement climatique en absorbant d'énormes quantités de dioxyde de carbone.
Le pays hôte profitera de l'occasion pour lancer une initiative majeure : le Fonds "Tropical Forests Forever" (TFFF). Ce mécanisme financier innovant propose de récompenser les pays à forte couverture forestière tropicale qui réussissent à préserver leurs arbres plutôt qu'à les abattre.
Objectifs du fonds TFFF
- Lever jusqu'à 25 milliards de dollars auprès des pays donateurs.
- Mobiliser 100 milliards de dollars supplémentaires auprès du secteur privé.
- Le Brésil a déjà contribué à hauteur d'un milliard de dollars pour amorcer le fonds.
Un pas en avant conditionné
Selon Clément Hélary de Greenpeace, le TFFF "pourrait être un pas en avant dans la protection des forêts tropicales". Il souligne cependant que son succès dépendra de l'adoption, lors de la COP30, de mesures plus claires visant à mettre fin à la déforestation d'ici 2030.
Cette initiative intervient dans un contexte alarmant. D'après le Global Forest Watch, un observatoire de la déforestation, la destruction des forêts tropicales primaires a atteint un niveau record en 2024. L'équivalent de 18 terrains de football a été perdu chaque minute, principalement en raison d'incendies massifs.





