Le début de la saison de ski alpin en Autriche a révélé des paysages peu enneigés, mettant en lumière une tendance mondiale préoccupante pour les sports d'hiver. Alors que la Terre se réchauffe à un rythme record, les hivers deviennent plus courts et plus doux, avec une réduction significative de l'enneigement global. Cette situation pose des défis directs pour les athlètes et l'industrie.
Points Clés
- Moins de neige naturelle et hivers plus courts affectent les entraînements et compétitions.
- Les athlètes doivent s'adapter à des conditions changeantes, augmentant les coûts.
- La nécessité de voyager pour trouver de la neige augmente l'empreinte carbone des sports.
- Des solutions comme le regroupement géographique des compétitions sont envisagées.
Des paysages alpins à peine enneigés
À Sölden, en Autriche, les images récentes du glacier de Rettenbach montrent une fine couche de neige sur des rochers et de la terre. Seule une bande de neige artificielle, préparée pour la course de Coupe du monde, couvrait le parcours. C'est une scène qui se répète dans d'autres stations, comme Copper Mountain au Colorado, où l'enneigement est également léger.
Ces observations, bien que faites tôt dans la saison, soulignent une tendance alarmante. Les hivers sont de plus en plus doux et courts. La dépendance des sports d'hiver aux températures froides et à la neige naturelle est directement menacée par le réchauffement climatique.
Fait marquant
L'Europe du Sud, où se dérouleront les Jeux olympiques d'hiver de Milan-Cortina dans 100 jours, est l'une des régions qui se réchauffe le plus rapidement. L'augmentation de la température hivernale moyenne depuis 2000 y est comparable à celle de l'Arctique.
Impact sur la préparation des athlètes
Les athlètes de sports d'hiver ressentent déjà les effets du changement climatique sur leur entraînement et leur carrière. Bea Kim, snowboardeuse américaine, exprime son inquiétude pour l'avenir de son sport. « Je suis inquiète pour l'avenir de l'hiver », dit-elle.
Marion Thénault, skieuse acrobatique canadienne, a dû modifier ses plans d'entraînement. Il y a deux saisons, le manque de neige près de Québec a contraint son équipe à s'entraîner à Park City, Utah. Ce déplacement implique des voyages supplémentaires, ce qui augmente l'empreinte carbone.
« Nous courons après la neige », déclare Marion Thénault. « Une des choses tristes est que nous augmentons notre impact environnemental en cherchant la neige, et nous contribuons ainsi au problème. »
Contexte
Le transport aérien est un contributeur majeur au changement climatique en libérant du dioxyde de carbone. Ce gaz piège la chaleur dans l'atmosphère, entraînant un réchauffement planétaire. Les efforts pour réduire les déplacements sont cruciaux.
Adaptations et préoccupations
Julia Kern, skieuse de fond américaine, a dû s'entraîner en salle cet été à cause des feux de forêt canadiens. Ces feux, dont la fréquence et l'intensité augmentent avec le changement climatique, ont rendu l'air extérieur dangereux. « Les gens pensent souvent seulement à l'hiver et à l'enneigement », explique Kern. « Mais nous voyons maintenant les impacts sur notre sport aussi pendant que nous nous entraînons en été. »
En hiver, Kern s'entraîne délibérément dans des conditions de neige fondante, car les récents championnats du monde se sont déroulés dans ces conditions. Elle a même coupé les manches de son uniforme de course pour s'adapter à des températures plus élevées que prévu.
L'avenir incertain des compétitions
Sophie Goldschmidt, PDG de U.S. Ski & Snowboard, souligne que l'incohérence des conditions météorologiques rend la préparation des athlètes plus difficile. Des plans de secours sont nécessaires, ce qui engendre des coûts supplémentaires.
« Nous devons être plus flexibles, ce qui coûte finalement plus cher pour nous assurer que nos athlètes peuvent obtenir les bonnes et meilleures conditions pour s'entraîner à différents moments de l'année », dit-elle. « Et cela signifie souvent changer de plans et de lieux. »
Les organisateurs de compétitions envisagent de plus en plus des sites en haute altitude pour garantir des conditions d'enneigement. Un événement de Coupe du monde de ski-alpinisme en décembre à Solitude Mountain Resort, Utah, aura lieu à une altitude de 2 437 mètres, plus élevée que les courses européennes typiques.
Statistique clé
Le ski-alpinisme, qui fera ses débuts olympiques cet hiver, combine la montée à ski et la descente. Les athlètes s'entraînent avec des skis à roulettes sur des routes pavées pour compenser le manque de neige.
Les athlètes s'engagent pour le climat
Face à cette réalité, de nombreux athlètes utilisent leur notoriété pour plaider en faveur de l'action climatique. Gus Schumacher, skieur de fond d'Anchorage, Alaska, est membre de « Protect Our Winters », un groupe environnemental dirigé par des athlètes. Il a témoigné devant le Sénat américain en mars 2024 sur l'impact du changement climatique sur les loisirs de plein air.
Même Aleksander Aamodt Kilde, skieur norvégien double médaillé olympique, reconnaît la contradiction de son sport qui voyage beaucoup et utilise de grandes quantités d'eau pour la neige artificielle. « Je souhaite pouvoir faire bien plus », dit-il, malgré le fait que son sport contribue au problème.
Marion Thénault travaille avec son sponsor, WSP, sur une proposition de regroupement géographique des compétitions pour réduire les voyages aériens. Julia Kern utilise sa plateforme pour défendre l'action climatique. « Chacun a une chance de changer notre avenir pour le mieux », affirme-t-elle.
Un avenir incertain
Les changements sont déjà visibles et ressentis. Cam Smith, skieur-alpiniste américain, remarque une différence majeure dans les Alpes et les Pyrénées, avec plus de pluie en plein hiver, ce qui non seulement réduit les chutes de neige, mais aussi emporte la neige existante.
La communauté des sports d'hiver est confrontée à une adaptation constante. La flexibilité et la recherche de solutions durables sont devenues essentielles pour la survie de ces disciplines. L'avenir des sports d'hiver est « directement lié à la santé de notre planète », selon Sophie Goldschmidt.





