Hong Kong a connu un jour de « rosée froide » inhabituellement chaud le 8 octobre, une période traditionnellement associée à l'arrivée du temps frais. Les météorologues et les experts du climat confirment que ce phénomène est une manifestation directe du réchauffement climatique, qui menace particulièrement les populations les plus vulnérables de la ville.
Alors que les températures ont dépassé les moyennes saisonnières, des appels sont lancés pour mettre en place des mesures d'urgence afin de protéger les travailleurs en extérieur et les familles à faibles revenus, qui subissent de plein fouet les conséquences de la hausse du mercure dans l'une des villes les plus denses au monde.
Points Clés
- Le terme solaire traditionnel de la « rosée froide », censé marquer le début du temps frais, a été caractérisé par des températures élevées à Hong Kong.
- Les données de l'Observatoire de Hong Kong montrent une tendance claire à l'augmentation des températures moyennes en octobre au fil des décennies.
- L'ancien directeur de l'Observatoire, Lam Chiu-ying, attribue cette anomalie au réchauffement climatique et alerte sur les risques.
- Les travailleurs sociaux soulignent l'impact disproportionné de la chaleur sur les résidents à faibles revenus vivant dans des logements exigus et mal ventilés.
Un indicateur saisonnier traditionnel perd son sens
La « rosée froide », ou Hánlù en mandarin, est le 17e des 24 termes solaires du calendrier traditionnel chinois. Elle commence généralement autour du 8 octobre et signale une baisse significative des températures, marquant l'arrivée de l'automne et d'un temps plus frais et sec. Cependant, cette année, la réalité météorologique à Hong Kong a été bien différente.
Le jour de la « rosée froide », les températures ont atteint des niveaux bien supérieurs aux normales de saison. Selon les données de l'Observatoire de Hong Kong (HKO), la ville enregistre une tendance constante à des automnes plus chauds, rendant obsolètes ces repères culturels et agricoles.
Octobre de plus en plus chaud
L'Observatoire de Hong Kong rapporte que la température moyenne pour le mois d'octobre a augmenté de manière significative au cours des dernières décennies. La moyenne de 1991-2020 était de 25,8°C, soit 0,3°C de plus que la moyenne de 1981-2010. Cette tendance se poursuit et s'accélère.
Des données qui confirment le réchauffement
Les experts météorologiques sont unanimes : ce n'est pas un événement isolé, mais une preuve supplémentaire de l'impact du changement climatique mondial. Les relevés de température sur le long terme ne laissent aucune place au doute. Le nombre de « Jours Très Chauds » (température maximale de 33°C ou plus) et de « Nuits Tropicales » (température minimale de 28°C ou plus) a considérablement augmenté à Hong Kong.
Ce réchauffement est exacerbé par l'effet d'îlot de chaleur urbain, un phénomène où les zones métropolitaines sont nettement plus chaudes que les zones rurales environnantes. À Hong Kong, la densité des bâtiments en béton et en asphalte absorbe et retient la chaleur, rendant les nuits particulièrement étouffantes.
Les avertissements d'un ancien expert
Lam Chiu-ying, l'ancien directeur de l'Observatoire de Hong Kong et une figure respectée en matière de climatologie, a publiquement averti que la disparition du temps frais pendant la « rosée froide » est un signe inquiétant.
« Un léger changement dans le climat dû au réchauffement mondial a fait disparaître la fraîcheur du jour de la 'rosée froide' de Hong Kong », a-t-il déclaré, soulignant que ce ne sont pas seulement des chiffres, mais une réalité qui affecte la vie quotidienne des gens.
Selon Lam, le réchauffement global modifie les schémas de circulation atmosphérique, retardant l'arrivée du mousson d'hiver du nord-est qui apporte traditionnellement de l'air plus frais et sec dans la région. En conséquence, l'air chaud et humide du sud persiste plus longtemps, prolongeant les conditions estivales.
Qu'est-ce que l'effet d'îlot de chaleur urbain ?
L'effet d'îlot de chaleur urbain (ICU) se produit lorsque les villes remplacent la végétation naturelle par des surfaces denses de chaussées, de bâtiments et d'autres infrastructures qui absorbent et retiennent la chaleur solaire. Cette chaleur stockée est libérée la nuit, ce qui fait que les zones urbaines enregistrent des températures nocturnes beaucoup plus élevées que les zones rurales avoisinantes. Ce phénomène aggrave les vagues de chaleur et augmente les risques pour la santé.
Un impact social disproportionné
Les conséquences de ces températures élevées ne sont pas les mêmes pour tous les habitants de Hong Kong. Les travailleurs sociaux tirent la sonnette d'alarme sur la situation précaire des populations à faibles revenus, qui sont les premières victimes de cette crise climatique.
Le calvaire des logements subdivisés
Des centaines de milliers de personnes à Hong Kong vivent dans des appartements subdivisés, des « maisons-cages » ou sur les toits. Ces logements sont souvent minuscules, mal ventilés et dépourvus de climatisation. Pendant les journées et les nuits chaudes, la température à l'intérieur de ces espaces peut devenir insupportable, dépassant largement la température extérieure.
Une étude menée par l'organisation non gouvernementale Society for Community Organization (SoCO) a révélé que la température dans certains de ces logements pouvait atteindre plus de 35°C, créant des conditions dangereuses pour la santé, notamment pour les personnes âgées, les enfants et les personnes souffrant de maladies chroniques.
Les travailleurs en extérieur en première ligne
Les travailleurs des secteurs de la construction, de l'assainissement et de la livraison sont également extrêmement exposés. Ils passent leurs journées à effectuer des tâches physiquement exigeantes sous un soleil de plomb, avec un risque accru de coup de chaleur, de déshydratation et d'épuisement.
Les syndicats et les organisations de défense des droits des travailleurs demandent des mesures de protection plus strictes, telles que :
- L'obligation de fournir des pauses régulières à l'ombre.
- Un accès constant à de l'eau potable fraîche.
- L'ajustement des horaires de travail pour éviter les heures les plus chaudes de la journée.
Appel à des mesures d'adaptation urgentes
Face à cette nouvelle réalité climatique, les experts et les groupes sociaux appellent le gouvernement de Hong Kong à agir rapidement. Il ne s'agit plus seulement de réduire les émissions à long terme, mais de mettre en place des stratégies d'adaptation pour protéger immédiatement les citoyens.
Les propositions incluent l'ouverture de davantage de centres d'accueil climatisés accessibles au public pendant les périodes de chaleur extrême, la distribution de subventions pour l'électricité afin d'aider les familles à faibles revenus à utiliser la climatisation, et l'intégration d'espaces verts et d'infrastructures de refroidissement dans l'urbanisme futur.
La disparition de la fraîcheur de la « rosée froide » n'est pas une simple anecdote culturelle. C'est un avertissement clair que le changement climatique est déjà là, transformant profondément l'environnement et la société de Hong Kong. Sans action immédiate, les plus vulnérables continueront de payer le prix le plus élevé.





