En février 2024, Étienne Eason, un étudiant de l'Université Concordia et membre du groupe de justice climatique Last Generation Canada, a été arrêté et incarcéré après avoir vandalisé une réplique de dinosaure au Musée canadien de la nature à Ottawa. Son acte visait à dénoncer l'inaction face au changement climatique, soulignant l'urgence d'une réponse collective aux menaces environnementales.
L'incident a eu lieu le 8 février, lorsque M. Eason, âgé de 19 ans, a pénétré dans le musée avec un extincteur rempli de peinture rose. Il a ciblé une réplique de Carnosaure de 3,6 mètres, évitant les fossiles authentiques, avant d'être interpellé par la police. Cet événement a marqué un tournant dans son parcours personnel, le poussant à l'activisme direct pour exprimer sa profonde inquiétude face à l'avenir de la planète.
Points Clés
- Étienne Eason a vandalisé une réplique de dinosaure au Musée de la nature d'Ottawa.
- L'acte était une protestation contre l'inaction climatique, organisée par Last Generation Canada.
- Il a été arrêté, incarcéré une nuit, et a plaidé coupable de méfait de plus de 5 000 $.
- M. Eason a été condamné à 150 heures de service communautaire et à une amende de 11 000 $.
- L'expérience de la prison a renforcé sa foi en l'humanité, malgré la négativité publique.
Le Chemin Vers l'Activisme
Avant cet incident, Étienne Eason se décrivait comme un « bon élève ». Il avait d'excellentes notes au lycée d'Ottawa et jouait de la flûte. Il n'avait jamais été puni chez lui. En deuxième année de programme d'écriture créative à l'Université Concordia, il était conscient de sa situation privilégiée. Cependant, il était hanté par l'idée que cette situation ne comptait pas face aux incendies de forêts et à la montée des océans. Il se sentait impuissant face à l'indifférence générale.
Après avoir envoyé sa demande d'admission à l'université, il a eu une crise de larmes. Il a demandé à sa mère quel était l'intérêt d'un diplôme si le monde tel que nous le connaissons n'existerait plus dans 50 ans. Cette question reflète le désespoir de nombreux jeunes face à la crise climatique. En hiver 2024, constatant le manque de progrès, il a décidé d'agir de manière radicale. Il cherchait un moyen de donner un sens à ses choix et de réduire son désespoir.
« Les dinosaures ont disparu, et si les choses continuent ainsi, nous nous dirigeons vers un autre événement d'extinction de masse, » a déclaré M. Eason lors de sa protestation au musée, avant d'être emmené par la police.
Faits marquants
- Date de l'incident : 8 février 2024
- Lieu : Musée canadien de la nature, Ottawa
- Cible : Réplique de Carnosaure de 3,6 mètres
- Outil : Extincteur rempli de peinture rose
- Accusation : Méfait de plus de 5 000 $
Last Generation Canada et la Désobéissance Civile
M. Eason avait rejoint Last Generation Canada, un groupe de justice climatique qui utilise la désobéissance civile non violente pour exiger des changements, notamment la création d'une agence nationale de lutte contre les incendies. Les membres du groupe, âgés de 20 à 80 ans, organisent diverses actions. La même semaine que la protestation de M. Eason, d'autres membres ont bloqué la circulation au centre-ville d'Ottawa et ont aspergé le mur du bureau du Premier ministre. Une jeune femme s'est collée à une allée en pierre sur la Colline du Parlement et a mis le feu à une poussette vide.
Les leaders de Last Generation formaient leurs membres aux tactiques de résistance passive. Ils leur apprenaient à rester calmes face aux conducteurs hostiles, à être respectueux envers la police et à se préparer à être placés en garde à vue. M. Eason a suivi ces conseils attentivement : les cellules de détention sont froides, il faut porter plusieurs couches de vêtements et espérer que la police ne les enlève pas toutes. Il faut utiliser le rouleau de papier toilette comme oreiller et écrire le nom de son avocat sur son bras.
Préparation et Exécution de la Protestation
La protestation au musée était l'idée de M. Eason. Il voulait que son arrestation ait un impact significatif. Le matin de l'action, il a acheté un billet pour le musée, a discuté avec le personnel et s'est dirigé vers l'exposition de dinosaures. Il a fait semblant de lire les étiquettes des vitrines, attendant que le garde de sécurité soit distrait. Puis, il a sorti l'extincteur de son sac à dos et a commencé à asperger le squelette de la réplique, veillant à ne pas toucher les fossiles réels.
Son apparence, « mince comme un jeune arbre, avec des lunettes surdimensionnées qui lui donnaient un air de nerd aux yeux écarquillés », contrastait avec la gravité de son acte. Même sur sa photo d'identité judiciaire, il avait l'air d'un adolescent de 19 ans qui aurait pu passer l'après-midi à admirer des os de T-Rex au musée.
Contexte de l'action climatique
Last Generation Canada fait partie d'un mouvement mondial de groupes de désobéissance civile qui utilisent des actions directes pour attirer l'attention sur l'urgence climatique. Ces groupes estiment que les méthodes traditionnelles de protestation ne sont plus suffisantes pour provoquer le changement nécessaire. Leurs actions visent souvent des symboles culturels ou des infrastructures clés pour maximiser la visibilité médiatique.
L'Expérience de la Détention
Au poste de police, M. Eason a été privé de son sweat à capuche chaud et a été contraint de porter une fine combinaison en papier. Frissonnant dans sa cellule, il a chanté des chansons de Taylor Swift pour se réconforter en attendant d'être libéré auprès de ses parents. Cependant, lorsqu'il s'est présenté devant un juge, le tribunal était fermé. Il a été envoyé pour la nuit au Centre correctionnel d'Ottawa.
Jusque-là, il était resté fort, mais il a paniqué à ce moment-là. À la prison, il a été conduit dans une salle commune où se trouvaient une vingtaine d'hommes. Il a essayé de ne pas attirer l'attention, mais finalement, quelqu'un lui a demandé pourquoi il avait été arrêté, riant de son explication. D'autres détenus ont partagé leur nourriture et lui ont montré comment faire son lit. Un détenu d'âge moyen, aux yeux bleus perçants mais endurcis, l'a invité à jouer au Scrabble. Ils ont discuté du changement climatique tout en cherchant des mots parmi leurs tuiles de jeu, comme s'ils étaient assis à une table de cuisine.
- Chaleur humaine inattendue : M. Eason a été surpris par la gentillesse des autres détenus, qui ont partagé leur nourriture et leurs conseils.
- Discussions sur le climat : Même en prison, il a pu discuter du changement climatique, renforçant sa conviction que le sujet est pertinent pour tous.
- Renforcement de la foi : L'expérience, bien que difficile, a renforcé sa « foi en l'humanité », malgré l'environnement sombre.
Personne n'a beaucoup parlé des raisons de leur présence, mais M. Eason a compris que leurs vies étaient très différentes de la sienne. On lui a conseillé, à plusieurs reprises, de ne plus commettre de telles folies. « Ils m'ont montré une gentillesse incroyable, » dit-il. « La prison est une expérience assez sombre. Mais pour moi, cela a renforcé ma foi en l'humanité. »
Conséquences et Persévérance
Il a été libéré le lendemain, en attendant sa prochaine comparution devant le tribunal. Il a retrouvé son foyer aimant et sa liberté avec une nouvelle appréciation. Il était également optimiste : même si le monde s'écroule, les gens resteront gentils et décents. Plus tôt cette année, après avoir plaidé coupable de méfait de plus de 5 000 $, il a reçu une libération conditionnelle. Il a été condamné à 150 heures de service communautaire, qu'il a terminées en août en faisant du bénévolat pour une organisation de justice sociale. Il économise toujours pour payer l'amende de 11 000 $ pour les dommages.
M. Eason a été découragé par un système qui ne lui a jamais donné l'occasion d'expliquer ses motivations. Les publications sur les réseaux sociaux concernant sa protestation ont suscité principalement des commentaires négatifs. Elles ont confirmé son sentiment que les gens se souciaient plus d'un faux dinosaure éclaboussé de peinture lavable que de la fin du monde. Mais il n'a pas abandonné.
Détails de la condamnation
- Plaidoirie : Coupable de méfait de plus de 5 000 $
- Peine : Libération conditionnelle
- Service communautaire : 150 heures (terminées en août)
- Amende : 11 000 $ pour les dommages (en cours de paiement)
Aujourd'hui, il continue de sensibiliser, bien que dans les limites de la loi, en organisant des manifestations et en participant à des conférences sur la justice climatique. En octobre, il a aidé à organiser une randonnée à vélo pour sensibiliser aux droits des migrants et des réfugiés. Avec le recul, il se sent mal d'avoir causé plus de dégâts qu'il ne l'avait prévu. Mais il ne regrette pas d'avoir pris position. Au moins pour un instant, les gens se sont arrêtés pour prêter attention.
Impact et Réflexion
L'action d'Étienne Eason, bien que controversée, a mis en lumière la frustration grandissante des jeunes face à la crise climatique. Son expérience en prison a paradoxalement renforcé sa conviction en la bonté humaine, même dans des circonstances difficiles. Il continue de croire que l'engagement et la sensibilisation, même face à l'indifférence, peuvent provoquer un changement.
Son histoire illustre le défi des activistes qui cherchent à équilibrer l'impact de leurs actions avec la légalité et la réception du public. Tandis que certains ont critiqué la méthode, d'autres ont vu dans son geste un appel désespéré à l'attention sur une question critique. M. Eason continue de chercher des moyens constructifs de faire entendre sa voix et celle de sa génération.





