L'Afrique du Sud met en péril la vie de plus de cinq millions de personnes vivant dans des établissements informels. Le gouvernement échoue à leur fournir un logement adéquat et des services essentiels. C'est ce que révèle un nouveau rapport d'Amnesty International Afrique du Sud. Ces communautés, souvent situées dans des zones inondables, se retrouvent seules face aux intempéries, malgré la responsabilité de l'État en matière de prévention et de réponse aux catastrophes.
Points Clés
- Plus de 5 millions de personnes vivent dans des établissements informels en Afrique du Sud.
- Le gouvernement ne fournit pas de logement décent ni de services essentiels.
- Ces populations sont particulièrement vulnérables aux inondations, un risque exacerbé par le changement climatique.
- Les réponses aux catastrophes sont fragmentées et insuffisantes.
- Malgré une législation solide, la mise en œuvre des droits reste un défi majeur.
Des communautés abandonnées face aux catastrophes
Les établissements informels en Afrique du Sud sont un héritage douloureux de l'injustice raciale et de la privation de droits qui ont marqué les régimes colonial et d'apartheid avant 1994. Cependant, la crise actuelle du logement et l'échec des gouvernements successifs à garantir le droit à un logement adéquat persistent. C'est ce que souligne Shenilla Mohamed, directrice exécutive d'Amnesty International Afrique du Sud.
Chiffre Clé
Plus de 100 personnes ont perdu la vie lors des inondations de juin 2025 dans la province du Cap-Oriental.
Le rapport d'Amnesty International Afrique du Sud, intitulé « Inondés et Oubliés : Établissements informels et le droit au logement en Afrique du Sud », examine l'impact des inondations sur les habitants de ces zones. Les villes de Johannesburg, eThekwini et Le Cap sont particulièrement touchées.
« Le gouvernement manque à ses obligations envers les millions de personnes piégées dans ces zones mal desservies, surtout à une époque où les difficultés économiques et la pauvreté sont généralisées. »
Manque criant de logements abordables
Les gens vivent dans des établissements informels par manque de logements formels abordables et accessibles. Parfois, c'est le seul moyen de vivre à proximité de leur lieu de travail ou d'opportunités d'emploi. L'article 10 de la Constitution sud-africaine garantit à chacun le droit à la dignité, quel que soit son statut.
Les récentes inondations de juin 2025 dans la province du Cap-Oriental ont causé la mort de plus de 100 personnes. Des milliers de foyers ont été emportés, rappelant l'urgence d'une action gouvernementale à long terme. La loi sur la gestion des catastrophes en Afrique du Sud existe, mais son application est jugée insuffisante.
Contexte Historique
Les établissements informels sont le reflet des inégalités raciales héritées des régimes colonial et d'apartheid. Malgré la fin de ces régimes en 1994, la crise du logement persiste.
Des réponses aux catastrophes insuffisantes et fragmentées
Les témoignages des habitants des établissements informels, les entretiens avec des experts et l'examen des politiques montrent une réponse fragmentée aux inondations. Qu'elles soient majeures ou saisonnières, la préparation est souvent insuffisante. Par exemple, des personnes déplacées par les inondations du KwaZulu-Natal en 2022 vivent encore dans des hébergements temporaires, près de trois ans plus tard. Certaines d'entre elles sont décédées après avoir été relogées dans une zone sévèrement inondée en 2025, ce qui souligne un échec grave à assurer la sécurité des victimes.
Dans le cas des inondations saisonnières, le soutien et l'assistance sont souvent inexistants ou de très mauvaise qualité. Le ministère des Établissements Humains du KwaZulu-Natal a affirmé que les établissements informels « ne sont pas des établissements planifiés et, par nature, leur établissement ne serait pas précédé par la disponibilité de services de base. » Cependant, l'Afrique du Sud est tenue par ses obligations constitutionnelles et internationales de fournir des services essentiels à tous les résidents.
La négligence gouvernementale en cause
Selon Shenilla Mohamed, des millions de Sud-Africains vivant dans des établissements informels sont privés de leurs droits. Cela est dû à la négligence du gouvernement central, au sous-financement des municipalités et à une mauvaise gouvernance urbaine. Le manque d'accès à des logements adéquats, bien situés et abordables a favorisé la croissance de ces établissements dans les plaines inondables et les zones basses, augmentant ainsi l'impact des inondations.
Le changement climatique d'origine humaine aggrave encore les risques d'inondation. Ce problème saisonnier affecte particulièrement les habitants des établissements informels. Ces populations, qui ont le moins contribué au changement climatique, en subissent les conséquences les plus graves.
« Nous n'avons aucune aide de personne, nous devons rester et réparer, nous ne pouvons pas fuir… où irions-nous ? »
La plupart des résidents interrogés dans les trois zones métropolitaines ont exprimé leur inquiétude. Les inondations saisonnières ne sont que rarement considérées comme nécessitant une réponse d'urgence par les municipalités. Les habitants sont souvent laissés à eux-mêmes, ne pouvant compter que sur les organisations caritatives.
Obligations de l'Afrique du Sud en matière de droits humains
L'Afrique du Sud dispose d'un vaste arsenal législatif et politique concernant l'accès au logement, la fourniture de services essentiels comme l'eau et l'assainissement, l'amélioration des établissements informels, un environnement sain et la préparation aux catastrophes. Le pays est également signataire des principaux instruments internationaux et régionaux relatifs aux droits humains, dont le Pacte international des Nations Unies relatif aux droits économiques, sociaux et culturels, qui garantit le droit à un logement adéquat, à l'eau et à l'assainissement.
Malgré cette législation solide et ses engagements internationaux, la mise en œuvre reste le principal problème. Selon Shenilla Mohamed, la réalité montre des échecs évidents du gouvernement à réaliser pleinement ces obligations. Cela a un coût humain immense, affectant les droits, les vies et les moyens de subsistance de millions de personnes.
Inondations au KwaZulu-Natal (2022)
Au moins 306 personnes sont décédées lors des pluies les plus fortes depuis six décennies, détruisant des milliers de foyers à Durban et dans la province.
Le gouvernement sud-africain doit fournir un accès à un logement adéquat pour tous ses citoyens. Il doit s'engager à améliorer les établissements informels en garantissant l'accès aux services essentiels. Ces actions doivent respecter les normes et les lois relatives aux droits humains, incluant des engagements budgétaires et politiques. Il est impératif de mobiliser toutes les ressources humaines, financières et techniques nécessaires pour intégrer la réduction des risques de catastrophe dans la planification urbaine. Cela permettra de protéger les résidents des établissements informels contre les catastrophes, qu'elles soient liées au changement climatique ou non, et de garantir leurs droits humains.





