Un militant écologiste a été condamné à 18 mois de prison pour avoir dégradé la vitrine d'une sculpture d'Edgar Degas à la National Gallery of Art de Washington. Cet acte, survenu en 2023, visait à attirer l'attention sur l'urgence climatique.
Tim Martin, 56 ans, a été reconnu coupable d'entente en vue de commettre une infraction contre les États-Unis et de dégradation d'une œuvre exposée. La sentence s'inscrit dans un contexte de durcissement des peines contre les actions de désobéissance civile menées dans les musées.
Points Clés
- Tim Martin, un activiste climatique, a été condamné à 18 mois de prison ferme.
- L'incident a eu lieu en 2023 à la National Gallery of Art de Washington, D.C.
- La vitrine de la sculpture "Petite Danseuse de quatorze ans" d'Edgar Degas a été enduite de peinture.
- Les réparations ont coûté plus de 4 000 dollars, une somme que le militant devra rembourser.
- Cette condamnation est l'une des plus sévères prononcées pour ce type d'action aux États-Unis.
Le verdict du tribunal fédéral
Le tribunal du district de Columbia a rendu sa décision la semaine dernière. La juge Amy Berman Jackson a condamné Tim Martin à une peine de 18 mois d'emprisonnement. Compte tenu du temps déjà passé en détention préventive depuis son procès en avril, il devrait purger environ un an de prison.
En plus de la peine d'emprisonnement, M. Martin et sa co-accusée, Joanna Smith, ont été condamnés à payer solidairement plus de 4 000 dollars pour couvrir les frais de réparation de la vitrine et du socle de la sculpture. Joanna Smith avait choisi de plaider coupable en 2023 et a été condamnée à 60 jours de prison.
Les chefs d'accusation
Lors de son procès en avril, un jury avait déclaré Tim Martin coupable de deux chefs d'accusation :
- Entente en vue de commettre une infraction contre les États-Unis.
- Dégradation d'une œuvre exposée à la National Gallery of Art.
L'accusation, menée par le bureau du procureur des États-Unis pour le district de Columbia, avait requis la peine maximale de cinq ans de prison, soulignant que de tels actes causaient un "préjudice réel".
Une action pour le climat
L'incident remonte à 2023. Tim Martin et Joanna Smith, membres du groupe Declare Emergency, avaient mené une action spectaculaire au sein du célèbre musée de Washington. Ils avaient enduit de peinture noire et rouge la vitrine protégeant la célèbre sculpture "Petite Danseuse de quatorze ans" d'Edgar Degas.
Leur objectif était de sensibiliser le public et les dirigeants politiques à l'urgence de la crise climatique. Declare Emergency se décrit comme une organisation prônant la "résistance civile non-violente" pour exiger des mesures gouvernementales fortes.
Suite à l'incident, la sculpture a dû être retirée de l'exposition publique pendant 10 jours pour permettre les réparations et l'évaluation des dommages. Le musée a également dû renforcer ses mesures de sécurité.
L'acte a été filmé et diffusé, provoquant de vives réactions. Pour les procureurs, cette action a non seulement entraîné des coûts financiers, mais a aussi privé le public de l'accès à une œuvre d'art majeure.
Positions de la défense et de l'accusation
Les arguments présentés au tribunal ont mis en lumière deux visions opposées de l'activisme. Le bureau du procureur a insisté sur la nécessité de protéger le patrimoine culturel national.
"Cette condamnation envoie un message clair. Nous protégerons sans relâche les trésors de notre nation, y compris les œuvres d'art inestimables abritées à la National Gallery ici à Washington, D.C.", a déclaré le bureau dans un communiqué après le prononcé de la peine.
De son côté, la défense a plaidé pour une peine plus clémente. L'avocate de M. Martin, Elizabeth Mullin, a décrit son client comme un "homme intelligent, sensible et doux, profondément soucieux de sa famille et de sa communauté".
Selon des documents judiciaires, M. Martin aurait exprimé des remords et serait désormais "déterminé à trouver d'autres moyens légaux d'exprimer son inquiétude bien fondée" concernant le changement climatique. L'avocate a souligné que son client n'avait jamais eu l'intention de détruire l'œuvre elle-même.
Un débat mondial sur l'activisme climatique
La condamnation de Tim Martin s'inscrit dans une tendance mondiale de répression accrue contre les actions de désobéissance civile menées au nom du climat, en particulier celles qui ciblent des œuvres d'art.
Des peines variables selon les pays
Les réactions judiciaires à ces actions varient considérablement. À Londres, deux militants ayant jeté de la soupe sur les "Tournesols" de Van Gogh ont été condamnés à des peines de deux ans et 20 mois de prison. En revanche, à Vienne, des procureurs ont abandonné les poursuites contre des militants ayant aspergé de liquide noir un tableau de Klimt, après que ces derniers ont accepté de payer environ 2 200 dollars de dommages et intérêts.
L'organisation de défense des droits humains Climate Rights International a qualifié la peine de M. Martin de "sanction sévère" qui met en évidence une "menace croissante pour la liberté d'expression et l'activisme".
Le débat reste ouvert entre la nécessité de protéger le patrimoine culturel et le droit des citoyens à manifester face à une crise climatique qu'ils jugent existentielle. La sévérité de cette peine pourrait dissuader de futures actions similaires, mais elle pourrait aussi renforcer la détermination de certains militants.





