Une controverse a éclaté au Royaume-Uni concernant la méthodologie de collecte des données de température utilisées pour les modèles climatiques. Un ingénieur, Ray Sanders, a publié une analyse affirmant que le Met Office, l'agence météorologique nationale britannique, s'appuie sur des données provenant de stations de mesure qui ne sont plus en service, soulevant des questions sur la fiabilité des moyennes de température nationales.
Les conclusions de M. Sanders mettent en lumière des pratiques de substitution de données qui, selon lui, pourraient fausser les tendances climatiques à long terme. Le Met Office a défendu ses méthodes, mais a également procédé à des ajustements discrets sur son site web suite à ces révélations.
Points Clés
- Un ingénieur, Ray Sanders, a découvert que le Met Office utilisait des données de 103 stations météorologiques fermées pour calculer la température moyenne du Royaume-Uni.
- L'agence a admis utiliser une méthode de création de "données comparables" à partir de sites voisins pour combler les manques, une pratique contestée par M. Sanders.
- Des exemples spécifiques, comme la station de Lowestoft, ont été utilisés pour illustrer les failles potentielles de cette méthode.
- Suite à l'enquête, le Met Office a retiré certaines données post-fermeture de son site web sans annonce publique.
Des allégations de données erronées
L'enquête de Ray Sanders a débuté lorsqu'il a examiné les affirmations du Met Office, telles que celle indiquant que les vagues de chaleur sont devenues 30 fois plus probables en raison du changement climatique. En voulant vérifier les sources de ces affirmations, il a analysé le réseau des 302 stations météorologiques utilisées pour calculer la température moyenne du pays.
Son analyse a révélé qu'un tiers de ces stations, soit 103 au total, n'étaient en réalité plus opérationnelles. Ces stations étaient répertoriées sur le site public du Met Office comme contribuant à la moyenne nationale, bien qu'elles aient été fermées depuis des années, voire des décennies.
Le rôle du Met Office
Le Met Office est l'agence nationale de météorologie du Royaume-Uni. Fondée en 1854, elle fournit des prévisions météorologiques publiques et des services spécialisés à divers secteurs. Elle est également un centre de recherche de premier plan sur le changement climatique, produisant des projections qui influencent les politiques gouvernementales.
Outre les stations fermées, M. Sanders a également signalé des problèmes de placement pour certaines stations actives. Il a documenté des cas où des thermomètres étaient situés dans des environnements susceptibles de produire des lectures artificiellement élevées, comme au milieu de parkings asphaltés ou à proximité de fermes de panneaux solaires qui dégagent de la chaleur.
La méthode des "données comparables" en question
Face à l'absence de relevés provenant des stations fermées, le Met Office a expliqué recourir à une technique de modélisation. L'agence a déclaré qu'elle créait des "données comparables" en se basant sur les relevés de jusqu'à six sites voisins jugés "bien corrélés" avec l'emplacement d'origine.
Cependant, Ray Sanders a contesté la validité de cette approche en prenant l'exemple de la ville côtière de Lowestoft, dont la station a fermé en 2010. Selon lui, les seules stations "comparables" disponibles se trouvaient à plus de 40 kilomètres à l'intérieur des terres, loin de l'influence de la brise marine qui caractérise le climat de Lowestoft. Utiliser leurs données pour simuler celles de la côte introduirait donc un biais significatif.
La substitution de données provenant de sites éloignés et géographiquement différents remet en cause la précision des enregistrements historiques pour des localités spécifiques, ce qui peut affecter la perception des tendances climatiques locales et nationales.
Suite à la publication des recherches de M. Sanders, il a été observé que le Met Office avait discrètement retiré de son site public les relevés de température pour "Lowestoft" enregistrés après la date de fermeture de la station en 2010. Des actions similaires auraient été menées pour d'autres stations fermées, notamment à Paisley et Nairn, sans explication publique ni reconnaissance de l'erreur initiale.
Un débat sur la transparence scientifique
Les conclusions de M. Sanders ont alimenté un débat plus large sur la transparence et la rigueur des données climatiques. Alors que plusieurs organisations de vérification des faits ont qualifié les affirmations de M. Sanders de désinformation, citant le soutien d'organisations scientifiques prestigieuses au Met Office, d'autres ont appelé à une plus grande ouverture.
L'importance de la localisation des stations
L'Organisation Météorologique Mondiale (OMM) établit des normes strictes pour l'emplacement des stations météorologiques afin d'éviter l'effet "d'îlot de chaleur urbain" et d'autres biais. Les thermomètres doivent être placés loin des bâtiments, des surfaces pavées et d'autres sources de chaleur pour garantir que les mesures reflètent la température réelle de l'air ambiant.
Les critiques soutiennent que les modèles climatiques, qui sont des outils complexes, doivent reposer sur des données d'entrée irréprochables. Lorsque les données brutes sont modifiées ou générées par des algorithmes dont les détails ne sont pas entièrement publics, il devient difficile pour des chercheurs indépendants de vérifier les résultats. Cette opacité peut éroder la confiance du public dans les conclusions scientifiques.
Le financement de la recherche est également un enjeu. L'article original du Washington Times suggère que les chercheurs pourraient être incités à ne pas contester le consensus dominant pour conserver l'accès aux financements publics et aux publications dans des revues scientifiques de premier plan. Cette affirmation, cependant, reste un point de vue et fait partie du débat idéologique entourant la science du climat.
Une analyse alternative des tendances
Pour démontrer son propos, Ray Sanders a mené sa propre analyse en utilisant les données d'une seule station météorologique qu'il jugeait bien positionnée dans le Kent. Il a compilé les relevés de température quotidiens officiels de cette station sur une période allant de 1959 à 2006.
En traçant les températures moyennes sur près de cinq décennies, son graphique a montré des fluctuations annuelles et décennales, mais la tendance globale sur la période est restée essentiellement plate. Cette conclusion contraste avec les récits d'un réchauffement constant et accéléré au cours de la même période.
Cette controverse souligne l'importance cruciale de la collecte de données précises et transparentes. Les décisions politiques en matière de climat, qui entraînent des investissements de plusieurs milliards de dollars dans des projets énergétiques et des réglementations, dépendent fortement de la fiabilité des enregistrements de température. Tout doute sur l'intégrité de ces données fondamentales peut avoir des répercussions importantes sur les politiques publiques et la perception de l'urgence climatique.





