Le professeur Omar M. Yaghi, lauréat du prix Nobel de chimie 2025, affirme que l'humanité a encore le temps de résoudre la crise climatique. Lors du Forum mondial de Fortune à Riyad, il a souligné le potentiel des avancées scientifiques, notamment les siennes, pour lutter contre la pénurie d'eau et la pollution au CO₂.
Points clés
- Omar Yaghi, lauréat du prix Nobel de chimie 2025, croit qu'il n'est pas trop tard pour agir sur le changement climatique.
- Ses recherches sur les MOF (Metal-Organic Frameworks) permettent d'extraire de l'eau de l'air du désert.
- Les MOF sont déjà utilisés pour capturer le dioxyde de carbone des usines.
- Un dispositif peut produire 850 litres d'eau potable par jour sans apport d'énergie externe, sauf la lumière du soleil.
- Le professeur Yaghi a une histoire personnelle inspirante, ayant immigré aux États-Unis depuis la Jordanie.
La science comme solution aux défis climatiques
Malgré les avertissements des Nations Unies sur « l'ère de l'ébullition mondiale », le Professeur Omar M. Yaghi, reconnu comme l'inventeur de la chimie réticulaire, maintient une position optimiste. « Nous ne sommes pas en retard », a-t-il déclaré. Il est convaincu que la volonté collective de la société peut mener à des solutions concrètes, comme celles issues de ses propres travaux.
Le professeur Yaghi a reçu le prix Nobel de chimie 2025 avec Susumu Kitagawa et Richard Robson pour leurs découvertes révolutionnaires sur les MOF. Ces matériaux ont des applications directes pour les défis environnementaux actuels. Ses recherches démontrent que la science peut offrir des réponses tangibles aux problèmes les plus pressants de notre époque.
Fait marquant
Omar Yaghi est le premier citoyen saoudien à recevoir le prix Nobel de chimie. Il est également un citoyen américano-jordanien.
Extraire l'eau de l'air du désert : une réalité
L'une des avancées les plus remarquables de l'équipe de recherche de Yaghi est la capacité à extraire de l'eau de l'air, même dans des environnements arides comme le désert de l'Arizona. Cette technologie utilise les MOF pour capter l'humidité ambiante, offrant une source d'eau douce là où elle est la plus rare.
Un dispositif développé par son groupe peut produire 850 litres d'eau par jour. Ce processus ne nécessite aucune énergie externe, à l'exception de la lumière solaire ambiante ou de la chaleur résiduelle. L'eau produite est d'une pureté exceptionnelle, sans aucune contamination. Elle peut être minéralisée pour la consommation ou utilisée pour l'agriculture, l'hygiène et les usages domestiques.
« Ces conditions sont très favorables sur le plan énergétique, et l'eau délivrée est ultra-propre et ne contient aucune contamination. Elle est potable après minéralisation, mais peut aussi être utilisée pour l'agriculture, pour un usage domestique, pour l'hygiène, et c'est juste de l'eau produite chaque jour – de l'eau propre, propre. »
La capture du carbone avec les MOF
Au-delà de l'eau, les MOF jouent un rôle crucial dans la lutte contre la pollution atmosphérique. Le professeur Yaghi a indiqué que ces matériaux sont déjà déployés pour capturer le dioxyde de carbone. Ils sont utilisés dans les gaz de combustion des centrales électriques ou des cimenteries, contribuant ainsi à réduire les émissions de gaz à effet de serre.
Ces applications montrent le potentiel polyvalent des MOF pour aborder deux des plus grands défis environnementaux mondiaux : la pénurie d'eau et le changement climatique. Les efforts de recherche dans ce domaine ouvrent de nouvelles perspectives pour un avenir plus durable.
Un parcours de vie inspirant
L'histoire personnelle d'Omar Yaghi ajoute une dimension humaine à ses réalisations scientifiques. Né dans une famille de réfugiés palestiniens à Amman, en Jordanie, il a grandi dans une maison modeste, sans électricité ni eau courante. Sa famille de douze personnes partageait une seule petite pièce avec du bétail.
Contexte personnel
À l'âge de 10 ans, Yaghi a découvert les structures moléculaires dans un livre de bibliothèque scolaire. Son père n'avait achevé que la sixième année et sa mère ne savait ni lire ni écrire. Malgré ces débuts humbles, il a poursuivi son rêve scientifique.
À 15 ans, il a quitté la Jordanie seul pour les États-Unis, suivant les conseils de son père. Il a travaillé plusieurs emplois et a fréquenté un collège communautaire avant d'obtenir son doctorat à l'Université de l'Illinois. Il est ensuite devenu citoyen américain.
Son parcours est un témoignage de la persévérance et de l'importance de l'accès à l'éducation. La moitié des lauréats américains du prix Nobel scientifique de 2025 étaient des immigrants, dont Yaghi. Ce fait souligne la contribution essentielle des personnes venues d'ailleurs à l'avancement de la science aux États-Unis.
La science, une force égalisatrice
Dans une interview, Yaghi a qualifié la science de « plus grande force égalisatrice au monde ». Il a souligné que les personnes intelligentes, talentueuses et compétentes existent partout. Le rôle de la société est de leur donner l'opportunité de libérer leur potentiel.
Les découvertes du professeur Yaghi ne sont pas seulement des avancées scientifiques. Elles représentent un message d'espoir et un appel à l'action. Elles montrent que, face aux défis environnementaux, l'innovation et la détermination peuvent ouvrir la voie à des solutions concrètes et efficaces pour l'ensemble de la planète.
La communauté scientifique continue de travailler sur de nouvelles approches pour le changement climatique. Les MOF sont un exemple prometteur parmi de nombreuses autres recherches en cours. Ces efforts collectifs sont essentiels pour construire un avenir plus résilient et durable pour tous.





