L'administration Trump a récemment annulé près de 8 milliards de dollars de financements destinés à des projets d'énergie innovante, une décision qui affecte plus de 300 initiatives lancées sous l'administration précédente. Ces coupes budgétaires ciblent principalement les technologies de captage du carbone, l'hydrogène propre et la modernisation du réseau électrique.
Cette mesure pourrait pousser les entreprises technologiques et énergétiques à délocaliser leurs activités de recherche et développement hors des États-Unis. Plusieurs sociétés affectées envisagent déjà de se tourner vers des pays offrant un environnement politique et financier plus stable pour l'innovation dans les technologies propres.
Points Clés
- L'administration Trump a annulé près de 8 milliards de dollars de financements pour des projets énergétiques.
- Plus de 300 projets, majoritairement situés dans des États démocrates, sont touchés.
- Environ 50 millions de dollars ont été retirés spécifiquement des technologies de captage du carbone.
- Des entreprises comme CarbonCapture Inc. annulent des projets et déplacent leurs opérations à l'étranger, notamment au Canada.
- Cette décision risque de nuire à la compétitivité américaine dans un secteur estimé à 1,2 trillion de dollars d'ici 2050.
Une décision aux lourdes conséquences pour l'innovation
La décision de l'administration américaine de réduire drastiquement les financements pour l'énergie a un impact direct sur plus de 300 projets. Ces initiatives, qui avaient reçu un soutien financier du Département de l'Énergie sous l'administration Biden, sont maintenant confrontées à un avenir incertain. Une analyse géographique montre que les projets situés dans des États majoritairement démocrates ont été touchés de manière disproportionnée.
Le secteur de l'élimination du dioxyde de carbone est l'une des principales victimes, avec une perte de financement d'environ 50 millions de dollars. Ces fonds étaient destinés à soutenir diverses méthodes expérimentales visant à extraire le CO2 de l'atmosphère, une technologie considérée comme essentielle par de nombreux experts climatiques.
Le cas de CarbonCapture Inc.
Parmi les entreprises touchées, la startup californienne CarbonCapture Inc. a vu environ 16 millions de dollars de financements retirés pour trois de ses projets. La société avait déjà attiré l'attention en 2023 en signant un accord avec Microsoft pour la vente de crédits carbone, une stratégie adoptée par de nombreuses entreprises technologiques pour compenser leurs émissions historiques.
Adrian Corless, le PDG de CarbonCapture Inc., a déclaré à Semafor que sans le soutien fédéral, ces trois projets, situés en Californie, en Illinois et en Louisiane, sont désormais "morts". Cette situation a renforcé une décision antérieure de l'entreprise de déplacer sa plus grande usine pilote de l'Arizona vers le Canada, en raison de l'instabilité de la politique énergétique américaine.
"Ce qui s'est passé la semaine dernière a confirmé que nous avions pris la bonne décision et que, dans un avenir prévisible, les États-Unis ne seront pas le centre de nos activités", a déclaré M. Corless.
Un leadership américain en péril
Selon Adrian Corless, les États-Unis s'étaient imposés comme le leader incontesté de l'élimination du carbone au cours des huit dernières années. Il estime que l'administration actuelle semble prête à céder ce rôle de leader en se retirant de ce secteur stratégique, laissant une ouverture pour que d'autres pays, comme le Canada, prennent la relève.
L'impact sur la compétitivité et les industries clés
Les coupes budgétaires ne se limitent pas au captage du carbone. Elles touchent également des secteurs prometteurs comme l'hydrogène bas-carbone, les centrales électriques virtuelles (VPP) et les projets d'amélioration du réseau électrique. Ces réductions pourraient aller à l'encontre de l'objectif de l'administration de faire baisser les prix de l'électricité pour les consommateurs.
De plus, l'abandon du soutien à l'hydrogène et au captage de carbone affecte des technologies naissantes qui servent les intérêts à long terme de l'industrie pétrolière et gazière. Le captage, le transport et le stockage du carbone sont des extensions naturelles des compétences d'ingénierie des grandes compagnies pétrolières. Le CO2 capturé peut également être utilisé pour améliorer l'extraction de pétrole des puits existants.
Un marché mondial en pleine croissance
Le marché mondial de l'élimination du carbone pourrait atteindre 1,2 trillion de dollars d'ici 2050, selon une prévision de McKinsey. Des géants de la technologie comme Amazon, Google et Microsoft se sont déjà engagés à acheter pour des millions de dollars de crédits carbone, faisant de cette technologie une pierre angulaire de leurs stratégies climatiques.
La compétitivité américaine en jeu
Ben Rubin, directeur exécutif du Carbon Business Council, un groupe de défense du secteur, a souligné les risques économiques de cette décision. "Ce qui est le plus en jeu avec ces coupes de financement, c'est la compétitivité américaine et les avantages économiques qui découlent du fait d'être un leader dans la gestion du carbone", a-t-il affirmé.
Il a également noté qu'un nombre croissant d'entreprises cherchent à se déployer dans d'autres régions du monde où le soutien politique et financier est plus prévisible. Cette tendance pourrait entraîner une fuite des cerveaux et des investissements hors des États-Unis.
Un débat sur l'efficacité du captage de carbone
Bien que l'administration n'ait pas fourni de justification détaillée pour le choix des projets annulés, des doutes subsistent quant à l'efficacité réelle de l'élimination du carbone pour le climat. Les experts soulignent un écart important entre les besoins et les capacités actuelles.
Pour respecter les objectifs de l'Accord de Paris, il faudrait éliminer environ 9 milliards de tonnes de CO2 de l'atmosphère chaque année jusqu'en 2050. Actuellement, seulement 2 milliards de tonnes sont éliminées, principalement grâce à des solutions naturelles comme le reboisement.
Les limites de la technologie actuelle
Les approches technologiques, telles que la capture directe dans l'air (DAC) utilisée par CarbonCapture Inc., représentent moins d'un million de tonnes par an. De plus, certains projets de DAC très médiatisés ont été critiqués car ils produisent plus de CO2 qu'ils n'en capturent, soulevant des questions sur leur bilan carbone global.
Malgré les coupes, certains projets de captage de carbone étroitement liés à de grandes compagnies pétrolières, comme ceux menés par Chevron et Occidental Petroleum, n'ont pas encore été affectés. De plus, le crédit d'impôt 45Q pour le captage de carbone a été élargi par l'administration, ce qui suggère une politique nuancée qui pourrait favoriser les projets liés aux énergies fossiles.





