Le gouvernement australien prévoit une réforme majeure de sa législation environnementale. Ces changements, annoncés après des mois de consultation, visent à moderniser la loi sur la protection de l'environnement et la conservation de la biodiversité (EPBC). Cependant, les propositions suscitent déjà de vives critiques de la part des groupes environnementaux et de l'opposition, en particulier sur la question de l'impact climatique des projets de combustibles fossiles.
Les discussions privées ont confirmé que les émissions de gaz à effet de serre des projets de combustibles fossiles ne seront pas un facteur de décision pour leur approbation. Cette approche est jugée insuffisante par de nombreux acteurs qui réclament une prise en compte directe des effets climatiques.
Points Clés
- Les impacts climatiques des projets fossiles ne seront pas un critère de refus.
- Les projets polluants devront divulguer leurs émissions et un plan d'atténuation.
- Une nouvelle définition de l'« impact inacceptable » sur l'environnement est proposée.
- L'opposition et les Verts critiquent un affaiblissement de la protection environnementale.
- Un fonds de restauration environnementale sera créé pour compenser les dommages.
Nouvelles exigences de divulgation des émissions
Dans le cadre de cette réforme, une nouvelle exigence sera introduite pour les promoteurs de projets à fortes émissions. Ils devront désormais divulguer leurs émissions de gaz à effet de serre prévues. De plus, un plan pour atténuer ces émissions devra être présenté lors du processus de demande d'approbation.
Cette règle s'appliquera aux projets dont les émissions annuelles dépassent 100 000 tonnes d'équivalent CO2. C'est une recommandation issue de l'examen de la loi EPBC mené par Graeme Samuel.
« En assurant la divulgation des émissions des projets, le public saura pour la première fois exactement à quoi s'attendre des nouveaux projets et comment ils tiennent compte de nos principales politiques climatiques, comme le mécanisme de sauvegarde », a déclaré le ministre de l'Environnement, Murray Watt.
Cependant, cette mesure ne va pas aussi loin que ce que souhaitent les Verts et certains groupes environnementaux. Ces derniers appellent à un mécanisme qui obligerait les décideurs à considérer les impacts climatiques lors de l'évaluation des demandes.
Un fait important
Environ 100 000 tonnes de CO2 par an est le seuil au-delà duquel les projets devront divulguer leurs émissions. Cela représente une quantité significative et vise à améliorer la transparence.
Définition de l'« impact inacceptable »
La législation proposée introduira également une nouvelle définition de ce qui constitue un « impact inacceptable » sur l'environnement. Si cette condition est remplie, un projet serait immédiatement refusé. L'objectif est de fournir un cadre plus clair pour rejeter les projets les plus dommageables.
Cependant, des sources industrielles ayant été informées de cette définition l'ont jugée trop large. Elles estiment qu'elle pourrait créer un « niveau d'incertitude inépuisable » pour les entreprises.
Controverse autour de l'Agence de Protection de l'Environnement (EPA)
Un autre point de discorde concerne la portée de la future Agence de Protection de l'Environnement (EPA). Le rôle de cette agence est un sujet de négociation clé avec l'opposition.
L'opposition souhaite que l'EPA se limite à la conformité et à l'application des lois environnementales. Elle insiste pour que le ministre conserve les pouvoirs de décision sur les projets. Le bureau du ministre Watt a confirmé qu'aucune décision finale n'a été prise sur ce point.
Contexte de la loi EPBC
La loi EPBC (Environment Protection and Biodiversity Conservation Act) est la principale loi environnementale fédérale d'Australie. Elle a été jugée inefficace par de nombreux rapports, y compris celui de Graeme Samuel en 2020, qui a recommandé une révision complète pour inverser le déclin de la biodiversité.
Réactions de l'opposition et des groupes environnementaux
Les Verts ont vivement critiqué le plan du gouvernement. Selon eux, le projet de loi a été rédigé en priorité pour servir les intérêts de l'industrie minière.
« Ce projet de loi a été élaboré avec les intérêts de l'industrie minière au premier plan. Il affaiblit la protection de l'environnement. Il nous fera reculer et est pire que le statu quo », a déclaré la porte-parole des Verts pour l'environnement, Sarah Hanson-Young.
Greenpeace Australia Pacific partage cette préoccupation. Glenn Walker, responsable de la nature chez Greenpeace, a souligné que le ministre ou l'EPA devrait avoir le pouvoir d'évaluer les émissions. Il estime qu'ils devraient pouvoir rejeter un projet si les émissions ont un impact sur les espèces menacées ou la Grande Barrière de Corail.
Le concept de « gain net » et le fonds de restauration
La législation inclura une disposition exigeant des promoteurs qu'ils atteignent un « gain net » pour l'environnement. Ceci pourrait être réalisé par l'utilisation de compensations environnementales.
Le ministre Watt a également mentionné qu'un « fonds de restauration » serait créé. Les promoteurs pourraient y contribuer, et le gouvernement utiliserait ces fonds pour acheter des compensations.
Cependant, le PDG du Biodiversity Council, James Trezise, a exprimé des inquiétudes. Il a déclaré que le fonds proposé présentait de « graves défauts de conception ». Il craint qu'il ne « laisse la nature dans un état pire », en partie parce que le gouvernement prévoit d'assouplir les règles de « compensation à l'identique ».
Compensations environnementales
Les compensations environnementales sont des actions ou des projets visant à contrebalancer les impacts négatifs sur l'environnement causés par un développement. Elles peuvent inclure la restauration d'habitats ou la protection d'espèces ailleurs.
Un chemin législatif incertain
Les espoirs du ministre Watt de faire adopter ces lois cette année dépendent d'un accord rapide. Il doit s'entendre soit avec la Coalition, soit avec les Verts. Pour l'instant, aucune des deux parties n'est entièrement favorable au projet.
La ministre de l'Environnement de l'opposition, Angie Bell, a indiqué que l'opposition attendrait le projet de loi complet avant de prendre position. Elle a souligné que « le diable est dans les détails ».
Le ministre Watt a reconnu que le processus législatif impliquerait des compromis. « Personne n'obtiendra tout ce qu'il veut », a-t-il affirmé. Il a également encouragé les partisans du parti travailliste à contester les affirmations des Verts selon lesquelles les lois seraient « mauvaises pour l'environnement ».
Il a insisté sur le fait que la législation est nécessaire car « tout le monde s'accorde à dire que ces lois échouent pour l'environnement et les entreprises ».





