Des scientifiques de premier plan mettent en garde contre des propositions de géo-ingénierie jugées « marginales » et dangereuses pour l'Arctique. Ces schémas visent à ralentir la fonte des glaces polaires, mais une étude récente conclut à leur impraticabilité et à leurs risques environnementaux élevés, soulignant que seule une réduction des émissions de carbone peut résoudre le problème climatique.
Points clés
- Les régions polaires se réchauffent plus vite que le reste du monde.
- Des projets de géo-ingénierie sont proposés pour contrer la fonte des glaces arctiques.
- Une étude récente les juge impraticables, coûteux et potentiellement dangereux.
- Aucun de ces concepts n'est une solution viable à court ou moyen terme.
- La réduction des émissions de carbone reste la seule solution efficace.
La fonte rapide des glaces polaires et ses conséquences
Les régions polaires subissent un réchauffement climatique à un rythme beaucoup plus rapide que la moyenne mondiale. Ce phénomène entraîne une accélération de la fonte des glaciers et des calottes glaciaires en Arctique. Les experts craignent des conséquences irréversibles pour les écosystèmes fragiles et une élévation du niveau des mers à l'échelle mondiale. Ce processus a déjà commencé, et ses effets sont de plus en plus visibles.
Face à cette menace, plusieurs projets de géo-ingénierie ont été envisagés. Leur objectif est de tenter de retarder, voire d'arrêter, la perte de glace arctique. Ces propositions vont de l'injection d'aérosols dans la stratosphère à la construction de murs marins ou à la dispersion de microbilles réfléchissantes sur la glace.
Fait important
En 2024, la Terre a enregistré l'année la plus chaude jamais mesurée, prolongeant une tendance de hausse rapide des températures mondiales sur la dernière décennie. Cette augmentation est principalement due aux activités humaines et à la pollution au carbone.
Évaluation scientifique des concepts de géo-ingénierie
Une équipe de chercheurs a récemment publié une étude dans la revue Frontiers. Cette étude a examiné de près plusieurs des concepts de géo-ingénierie les plus controversés. Les scientifiques ont évalué leur faisabilité, leurs coûts, leurs risques, les dommages environnementaux potentiels, leur évolutivité, leur gouvernance et leurs implications éthiques.
Malgré la diversité des propositions étudiées, aucune n'a été jugée viable pour les décennies à venir. Au contraire, tous les concepts présentaient un potentiel de danger significatif pour l'environnement. Ces conclusions soulignent la complexité et les incertitudes liées à de telles interventions à grande échelle.
« Je pense qu'il est juste de dire que la promotion de certaines de ces idées n'a pas donné une idée de la difficulté de leur mise en œuvre », a déclaré Martin Siegert, glaciologue à l'Université d'Exeter et auteur principal de l'étude, cité par Inside Climate News. « Ce que l'on obtient, c'est une maximisation du potentiel de réalisation et une minimisation des défis. Cela devient une proposition déformée et unilatérale. »
Exemples de concepts étudiés
L'injection d'aérosols stratosphériques (SAI) est l'une des méthodes de géo-ingénierie les plus souvent proposées. L'idée est de refroidir la Terre en injectant des particules réfléchissantes dans la stratosphère. Ces particules renverraient la lumière du soleil dans l'espace, imitant ainsi le refroidissement naturel observé après les éruptions volcaniques. Cependant, comme de nombreux autres concepts, le SAI pourrait entraîner des effets secondaires imprévus, comme l'aggravation des sécheresses dans des régions déjà vulnérables.
D'autres concepts explorés par l'équipe comprenaient la construction de murs marins. Ces murs viseraient à réduire la fonte et la perte de masse des calottes glaciaires causées par la chaleur océanique. Une autre idée consistait à disperser des billes de verre creuses sur la glace de mer arctique de première année. Le but serait d'augmenter son albédo, c'est-à-dire sa capacité à réfléchir le rayonnement solaire.
La réduction des émissions de carbone, seule véritable solution
Selon Martin Siegert, il est impossible d'améliorer les conditions en Arctique sans s'attaquer au principal facteur du réchauffement climatique mondial. Ce facteur est la pollution au carbone. Il insiste sur le fait que la géo-ingénierie ne doit pas détourner l'attention de la nécessité cruciale de réduire les émissions de gaz à effet de serre.
« Nous devons éviter de donner de faux espoirs aux gens en suggérant que le changement climatique peut être résolu sans réduire les émissions de carbone, qui est la seule vraie solution », a affirmé Siegert.
Contexte de la pollution mondiale
La pollution mondiale par le carbone a augmenté de près de 1 % depuis 2023, selon la revue Nature. Cette augmentation continue malgré les efforts déployés pour la réduire.
Efforts mondiaux pour la décarbonisation
Les efforts pour réduire la pollution au carbone se concentrent sur un mouvement mondial vers des engagements de neutralité carbone. Cela inclut une transition vers l'utilisation de sources d'énergie renouvelables, l'amélioration de l'efficacité énergétique et l'adoption de pratiques durables dans les transports, l'agriculture et la gestion des déchets.
Bien que les concepts de géo-ingénierie tentent de trouver des solutions proactives aux températures mondiales croissantes, leur caractère impraticable limite le soutien qu'ils peuvent recevoir. Les scientifiques s'accordent à dire que ces idées ne sont pas une alternative aux réductions d'émissions.
« Ce n'est pas que nous voulions faire cette étude, mais il y a une très petite minorité qui fait vraiment pression pour cela », a déclaré James Kirkham, climatologue et co-auteur de l'étude, également cité par Inside Climate News.
Comme l'a noté Kirkham, la plupart de ces concepts ne sont pas soutenus par la communauté scientifique. « Ce qui nous a vraiment irrités, c'est qu'ils présentaient ces idées marginales comme si elles avaient le soutien de l'ensemble de la communauté de recherche », a ajouté Kirkham. Cela met en lumière la nécessité d'une communication scientifique claire et basée sur des preuves.





