L'écrivaine Megha Majumdar aborde de front la crise climatique dans son nouveau roman, « A Guardian and a Thief ». L'ouvrage dépeint une Calcutta dévastée par une catastrophe écologique, un scénario inspiré par les prévisions scientifiques alarmantes concernant sa ville natale.
Le livre explore comment des circonstances extrêmes peuvent pousser des gens ordinaires à des actes désespérés, brouillant les lignes entre le bien et le mal. Il s'agit du deuxième roman de l'auteure, après le succès critique de « A Burning ».
Points Clés
- Le nouveau roman de Megha Majumdar, « A Guardian and a Thief », se déroule à Calcutta après une catastrophe climatique.
- L'histoire a été inspirée par des prévisions réelles sur l'impact du changement climatique sur la ville.
- Le livre examine la complexité de la nature humaine et la moralité en temps de crise.
- Majumdar s'appuie sur sa formation en anthropologie pour créer des personnages nuancés.
Une fiction ancrée dans une réalité alarmante
Le choix de Calcutta comme décor n'est pas anodin. Megha Majumdar explique que sa ville d'origine est l'une des plus vulnérables au monde face au changement climatique. C'est en lisant des rapports sur l'avenir de la ville qu'elle a trouvé l'inspiration pour son récit.
« Je lisais toutes ces prévisions sombres », a-t-elle confié. « Calcutta est devenue beaucoup plus chaude et devrait subir davantage de tempêtes dans les décennies à venir. Lire tout cela était vraiment triste et alarmant. »
Le roman est né de ces projections, transformant des données scientifiques en une histoire humaine poignante. Le récit suit une famille – Ma, sa fille Mishti et son père Dadu – qui lutte pour sa survie dans un environnement devenu hostile.
Le Contexte Climatique de Calcutta
Située dans le delta du Gange, Calcutta (Kolkata) est particulièrement exposée à la montée du niveau de la mer, aux inondations et aux cyclones de plus en plus intenses. Les experts prévoient que des vagues de chaleur extrêmes et des pénuries d'eau pourraient devenir courantes, menaçant des millions d'habitants.
La complexité humaine face à la crise
Au cœur de « A Guardian and a Thief » se trouve une question fondamentale : comment les catastrophes redéfinissent-elles la moralité ? Le roman explore l'idée que les crises ne créent pas des monstres, mais révèlent plutôt la dualité présente en chacun.
Un personnage central, Boomba, incarne cette ambiguïté. Initialement présenté comme un voleur dont les actions menacent la fuite de la famille protagoniste, il se révèle être bien plus complexe.
« Les calamités peuvent pousser les bonnes personnes à faire de mauvaises choses. Y a-t-il de bonnes personnes et des monstres, ou contenons-nous des éléments des deux en nous ? »
Megha Majumdar
Majumdar a refusé de faire de Boomba un simple antagoniste. Elle a cherché à le dépeindre avec « toutes ses motivations, ses souhaits, ses inquiétudes et ses regrets compliqués », offrant ainsi une réflexion sur la nature humaine en situation de précarité.
Le mensonge comme acte d'amour
Un autre thème exploré dans le livre est le rôle du mensonge, non pas comme une tromperie malveillante, mais comme un mécanisme de protection. Les personnages mentent souvent pour préserver leurs proches de la dure réalité de leur situation.
Majumdar voit cela comme une forme d'amour, particulièrement pertinente pour ceux qui vivent loin de leur famille. « C'est un sentiment que lorsque vous êtes très loin de vos proches, vous devez leur assurer que vous allez bien », explique-t-elle.
De l'Anthropologie à la Fiction
Avant de devenir romancière, Megha Majumdar a étudié l'anthropologie. Elle affirme que cette discipline a profondément influencé son écriture, en lui apprenant à écouter la complexité des récits de vie et à accepter qu'il y a des limites à ce que l'on peut comprendre d'une autre personne. Cet espace d'incertitude est, selon elle, « très riche pour un romancier ».
Offrir des mensonges sur le fait que les circonstances sont bonnes devient une « expression d'amour », car cela épargne une inquiétude impuissante à ceux qui sont trop loin pour aider.
L'enseignement comme processus créatif
En dehors de l'écriture, Megha Majumdar enseigne dans le programme de maîtrise en création littéraire au Hunter College à New York. Elle considère cette activité comme une extension de son travail précédent d'éditrice de livres.
Elle apprécie la proximité avec les textes d'autres écrivains et la possibilité de réfléchir avec eux aux défis de l'écriture. Pour elle, l'échec fait partie intégrante du processus créatif.
« J'échoue tout le temps dans mon écriture. L'échec fait partie du processus », dit-elle. Analyser ces échecs avec des étudiants ambitieux est une expérience qu'elle trouve très utile pour son propre travail, créant ainsi un cycle vertueux entre l'enseignement et la création.





