L'artiste de performance Bryony Kimmings revient sur la scène du Soho Theatre Walthamstow à Londres avec « Bog Witch », son premier spectacle solo en cinq ans. Cette nouvelle œuvre explore avec humour et angoisse la crise climatique à travers le récit personnel de son déménagement de la ville vers une ferme en permaculture.
Le spectacle, qui se joue jusqu'au 25 octobre, combine comédie, chansons et éléments d'horreur folklorique pour aborder les contradictions de la vie moderne face à l'urgence écologique.
Points Clés
- Retour sur scène : « Bog Witch » est le premier spectacle solo de Bryony Kimmings depuis cinq ans.
- Thème central : Le spectacle traite de l'anxiété climatique et du sentiment d'impuissance face à la crise écologique.
- Format unique : La pièce mélange stand-up, musique, théâtre et traditions folkloriques anglaises.
- Lieu et dates : Présenté au Soho Theatre Walthamstow à Londres, jusqu'au 25 octobre.
Un retour attendu après cinq ans d'absence
Bryony Kimmings, figure reconnue de la scène artistique britannique, marque son grand retour avec « Bog Witch ». Ce spectacle solo est le premier qu'elle présente depuis une pause de cinq ans, une période qui a visiblement nourri sa réflexion créative. L'œuvre s'inscrit dans un courant de théâtre écologique novateur, qui cherche de nouvelles manières d'aborder une thématique devenue omniprésente.
Contrairement aux approches didactiques, Kimmings choisit une voie résolument personnelle et divertissante. Elle utilise son propre parcours comme matière première pour explorer des questions universelles, rendant le sujet de la crise climatique plus accessible et humain.
Le choc d'une citadine à la campagne
Le fil conducteur de « Bog Witch » est le récit d'une année de transition vécue par l'artiste. Kimmings raconte son déménagement avec sa famille d'un milieu urbain à une ferme en permaculture. Ce changement de vie radical devient le prétexte à une exploration des paradoxes de notre époque.
Avec une bonne dose d'autodérision, elle dépeint son personnage de « souris des villes » perdue dans un environnement sauvage, loin du confort moderne symbolisé par les services de livraison et les grands magasins. Ce contraste est une source constante d'humour, mais il sert également de point de départ à une prise de conscience plus profonde.
Qu'est-ce que la permaculture ?
La permaculture est une méthode de conception d'écosystèmes humains durables et résilients. Elle s'inspire de l'écologie naturelle et des savoirs traditionnels pour créer des systèmes agricoles et sociaux qui sont en harmonie avec leur environnement. Le déménagement de Kimmings dans un tel lieu est un élément central du spectacle, symbolisant une tentative de vivre de manière plus responsable.
Entre humour et angoisse existentielle
Le spectacle oscille habilement entre la légèreté de la comédie et la gravité de la crise climatique. Kimmings excelle à capturer le sentiment d'impuissance que beaucoup ressentent. Un moment marquant est celui où elle réalise que son simple sandwich acheté en supermarché a accumulé plus de kilomètres en avion qu'elle-même.
« La pièce capture ces sentiments quotidiens d'impuissance face à la négligence mondiale. »
Elle illustre également l'absurdité de certaines situations, comme lorsqu'un festival des récoltes local n'accepte que des denrées alimentaires pré-emballées. Ces anecdotes, tirées du quotidien, mettent en lumière les contradictions de nos sociétés. La confrontation avec son fils, qui lui demande des comptes sur son empreinte carbone, est un autre moment fort, mêlant parfaitement la comédie à une terreur viscérale.
Une fusion audacieuse des genres artistiques
L'influence du folklore anglais
« Bog Witch » ne se contente pas d'être une simple comédie. Le spectacle est profondément ancré dans les traditions folkloriques anglaises. La musique, la danse, l'artisanat et même l'horreur folklorique sont tissés dans la narration. Cette dimension historique donne une profondeur supplémentaire à la pièce, reliant les angoisses contemporaines à un passé plus ancien et mystique.
Des références à des œuvres culturelles comme Le Magicien d'Oz et le film culte d'horreur The Wicker Man viennent ponctuer le récit, ajoutant des couches de lecture et des ruptures de ton surprenantes. Ces clins d'œil renforcent l'atmosphère à la fois étrange et familière du spectacle.
Une performance physique et visuelle
La performance de Bryony Kimmings est très physique. La chorégraphie, signée Sarah Blanc, met en valeur sa présence scénique assurée. Habillée dans un style « cottagecore », elle est constamment en mouvement sur le décor simple mais évocateur de Tom Rogers, composé de souches d'arbres et de branches fragiles.
La mise en scène, co-dirigée avec Francesca Murray-Fuentes, est un travail d'équipe où chaque élément contribue à l'atmosphère. Les projections de Will Duke, l'éclairage de Guy Hoare et les animations de Raf Vartanian et Nathan Fernée créent un univers visuel inspiré des gravures sur bois, à la fois rustique et inquiétant.
Une équipe créative de premier plan
- Co-mise en scène : Francesca Murray-Fuentes
- Conception sonore : Lewis Gibson
- Composition musicale : Tom Parkinson
- Scénographie : Tom Rogers
- Chorégraphie : Sarah Blanc
Un miroir de notre époque
Le spectacle utilise les thèmes de la sorcellerie et de l'envoûtement comme métaphores. Kimmings explore des concepts comme la théorie de « l'ombre » de Naomi Klein et dépeint avec humour un groupe de mères locales comme un « coven » intimidant. Ces éléments ludiques et sombres permettent d'aborder des angoisses profondes de manière détournée.
Le public est également sollicité de manière subtile, devenant partie prenante de cette réflexion collective. Kimmings transforme une anxiété personnelle en une expérience partagée, faisant de « Bog Witch » plus qu'un simple spectacle : une sorte de capsule temporelle théâtrale qui documente la manière dont nous vivons aujourd'hui.
En définitive, « Bog Witch » est une œuvre complexe et multifacette. C'est un bilan climatique qui opère à la fois à une échelle cosmique et quotidienne. Le retour de Bryony Kimmings est une réussite, offrant une soirée qui fait réfléchir autant qu'elle divertit, prouvant que le théâtre peut encore trouver des angles originaux pour parler des défis les plus urgents de notre temps.





