Un nouveau rapport du Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE) révèle une réalité alarmante : le monde se dirige inévitablement vers un dépassement, au moins temporaire, de l'objectif climatique crucial de limiter le réchauffement planétaire à 1,5 degré Celsius. Cette conclusion met une pression supplémentaire sur les dirigeants mondiaux avant le sommet sur le climat COP30.
Malgré certains progrès réalisés au cours de la dernière décennie, les efforts actuels des nations pour réduire les émissions de gaz à effet de serre sont jugés largement insuffisants. Le rapport souligne l'urgence d'une action beaucoup plus radicale pour éviter les conséquences les plus graves du changement climatique.
Points Clés
- Le monde dépassera l'objectif de réchauffement de 1,5°C au cours de la prochaine décennie.
- Les engagements actuels des pays mènent à un réchauffement de 2,3 à 2,5°C.
- Les politiques déjà en place conduiraient à un réchauffement encore plus élevé de 2,8°C.
- Les émissions mondiales de gaz à effet de serre ont encore augmenté de 2,3 % en 2024.
Un constat sans appel du PNUE
Le rapport annuel sur l'écart entre les besoins et les perspectives en matière de réduction des émissions, publié par le PNUE, dresse un bilan sombre. Les données analysées montrent que la lenteur de l'action climatique mondiale rend désormais le dépassement de la limite de 1,5°C, fixée par l'Accord de Paris de 2015, pratiquement certain.
Ce seuil n'est pas arbitraire. Il a été défini par la communauté scientifique comme une limite critique au-delà de laquelle les impacts du changement climatique, tels que les vagues de chaleur extrêmes, les sécheresses et la montée des eaux, s'intensifient de manière dramatique et souvent irréversible.
Un dépassement difficile à inverser
Selon les experts du PNUE, même si ce dépassement est temporaire, inverser la tendance sera extrêmement difficile. Cela nécessiterait des réductions d'émissions beaucoup plus rapides et profondes que celles actuellement envisagées par les gouvernements.
« Il sera difficile d'inverser la tendance, ce qui exigera des réductions supplémentaires plus rapides et plus importantes des émissions de gaz à effet de serre pour minimiser le dépassement », précise le rapport.
Anne Olhoff, l'auteure principale du rapport, a souligné que si des réductions drastiques immédiates peuvent retarder l'échéance, l'évitement total du dépassement n'est plus une option réaliste. « Nous ne pouvons plus l'éviter totalement », a-t-elle déclaré.
Des engagements nationaux insuffisants
L'Accord de Paris engage les pays à limiter le réchauffement bien en dessous de 2°C par rapport aux niveaux préindustriels, tout en poursuivant les efforts pour ne pas dépasser 1,5°C. Cependant, les promesses actuelles des nations sont loin du compte.
Chiffres du réchauffement
- Objectif de Paris : Limiter à 1,5°C
- Avec les promesses actuelles : 2,3 à 2,5°C
- Avec les politiques en place : 2,8°C
Si tous les engagements nationaux étaient respectés, la planète se réchaufferait tout de même de 2,3 à 2,5°C. Pire encore, si l'on ne considère que les politiques actuellement mises en œuvre, le réchauffement attendu atteint environ 2,8°C.
Le rapport note une légère amélioration par rapport à l'année dernière, où les projections étaient supérieures de 0,3°C. Cette amélioration marginale, due en partie à de nouveaux engagements comme celui de la Chine, reste largement insuffisante pour combler l'écart.
La réalité derrière les chiffres
La différence entre un réchauffement de 1,5°C et un réchauffement de 2°C est considérable. Par exemple :
- À 2°C, la part de la population mondiale exposée à des vagues de chaleur extrêmes serait plus que doublée par rapport à un monde à 1,5°C.
- Un réchauffement de 1,5°C entraînerait la destruction d'au moins 70 % des récifs coralliens. À 2°C, ce chiffre passe à plus de 99 %.
Une pression croissante avant la COP30
Ces conclusions scientifiques augmentent la pression sur les négociateurs qui se réuniront pour le sommet climatique de la COP30. Les discussions porteront sur les moyens de financer et d'accélérer la transition écologique à l'échelle mondiale.
Progrès et défis
Il y a dix ans, lors de la signature de l'Accord de Paris, le monde était sur une trajectoire de réchauffement d'environ 4°C. Des progrès ont donc été réalisés. Cependant, la dynamique actuelle n'est pas assez rapide. Les émissions mondiales de gaz à effet de serre ont continué d'augmenter, atteignant 57,7 gigatonnes d'équivalent CO2 en 2024, soit une hausse de 2,3 %.
La dépendance continue aux énergies fossiles comme le charbon, le pétrole et le gaz pour alimenter les économies mondiales reste le principal obstacle. Le rapport du PNUE sert de rappel urgent : sans une transformation radicale et immédiate de nos systèmes énergétiques et économiques, les objectifs climatiques resteront hors de portée, avec des conséquences graves pour la planète et ses habitants.
Les dirigeants mondiaux sont désormais face à un défi historique : traduire les avertissements scientifiques en actions politiques concrètes et ambitieuses pour limiter les dégâts d'un réchauffement climatique qui s'accélère.





