Des désaccords diplomatiques émergent entre l'Union européenne et la Chine concernant leurs objectifs climatiques, à quelques semaines du sommet crucial des Nations Unies, la COP30. Wopke Hoekstra, l'envoyé climatique de l'UE, a critiqué le plan de Pékin, une démarche qui soulève des questions sur l'unité internationale face au changement climatique, particulièrement après le retrait des États-Unis de l'Accord de Paris.
Points Clés
- Wopke Hoekstra a qualifié le plan climatique chinois de "clairement décevant".
- L'UE n'a pas encore soumis de cible formelle, mais une "déclaration d'intention".
- La Chine a répliqué en dénonçant le "double standard" de l'UE.
- Ces tensions surviennent avant la COP30, où l'UE et la Chine sont des acteurs majeurs.
- Le retrait des États-Unis de l'Accord de Paris accentue la pression sur l'UE et la Chine.
Divergences sur les Objectifs Climatiques
Wopke Hoekstra, le commissaire européen chargé de l'action pour le climat, a publiquement exprimé sa déception face à l'objectif climatique de la Chine. Il a jugé que la promesse de Pékin de réduire sa pollution climatique de 7 à 10 % d'ici 2035 était insuffisante. Cette déclaration a été faite alors que l'UE elle-même n'a pas encore présenté sa propre stratégie formelle, se contentant d'une "déclaration d'intention".
La Chine, premier émetteur mondial de gaz à effet de serre, est sous pression pour intensifier ses efforts. Cependant, la critique de Hoekstra a provoqué une réponse ferme du ministère chinois des Affaires étrangères, qui a accusé l'UE de "double standard et de cécité sélective".
Fait Important
La Chine est responsable d'environ 30 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Son objectif de réduction de 7 à 10 % d'ici 2035 est perçu comme modeste par certains observateurs.
La Position de l'UE et les Réactions
L'Union européenne traverse des désaccords internes qui l'empêchent de soumettre une cible formelle, comme l'exige l'Accord de Paris. L'UE a indiqué qu'elle visait une réduction de ses émissions de gaz à effet de serre de 66,3 % à 72,5 % par rapport aux niveaux de 1990 d'ici 2035. Cette "déclaration d'intention" est une étape préliminaire, mais elle ne constitue pas un engagement contraignant.
Certains observateurs européens ont critiqué l'approche de Hoekstra. Michael Bloss, un député européen Vert, a déclaré que "la critique des autres n'est crédible que si nous montrons l'exemple". Il a ajouté que les remarques de Hoekstra semblaient "plus une tentative de détourner l'attention des propres lacunes de l'Europe qu'une stratégie climatique cohérente".
"Il est inutile de suggérer que cela est presque suffisant," a affirmé Wopke Hoekstra à propos du plan chinois, soulignant la nécessité pour chaque pays de prendre ses responsabilités.
Contexte Historique
L'Accord de Paris de 2015 est un traité international juridiquement contraignant sur le changement climatique. Son objectif est de limiter le réchauffement de la planète à bien moins de 2, de préférence 1,5 degré Celsius, par rapport aux niveaux préindustriels. Chaque pays signataire doit soumettre des contributions déterminées au niveau national (CDN) qui détaillent leurs objectifs de réduction des émissions.
Implications pour la COP30 et la Coopération Mondiale
Ces tensions surviennent à un moment critique, à l'approche de la COP30 qui se tiendra à Belém, au Brésil, en novembre. Avec le retrait des États-Unis de l'Accord de Paris en janvier, l'UE et la Chine sont considérées comme des acteurs clés pour maintenir l'élan de l'action climatique mondiale. La position américaine, cherchant à promouvoir les combustibles fossiles, rend d'autant plus essentielle une voix unifiée de la part des autres grandes puissances.
Les discussions en cours au Brésil sont la dernière réunion préparatoire avant le sommet. La capacité de l'UE et de la Chine à présenter un front uni aura un impact significatif sur les résultats de la COP30. Li Shuo, directeur du China Climate Hub à l'Asia Society Policy Institute, a souligné un risque : en cas de conflit entre l'UE et la Chine, c'est l'agenda climatique qui en pâtirait.
Des Approches Diplomatiques Variées au Sein de l'UE
Au sein de la Commission européenne, des approches différentes se manifestent. Si Hoekstra adopte une ligne plus dure, Teresa Ribera, vice-présidente exécutive et sa supérieure directe, privilégie la coopération. Ribera a récemment rencontré l'ancien envoyé climatique chinois, Xie Zhenhua, un geste diplomatique important. Elle a insisté sur la nécessité pour la COP30 de "projeter l'unité" contre le révisionnisme des combustibles fossiles.
Sébastien Treyer, directeur exécutif de l'Institut du développement durable et des relations internationales (IDDRI), a tempéré les critiques. Il a expliqué qu'il aurait été "impensable" pour le commissaire européen de simplement saluer le plan chinois d'un point de vue diplomatique. Cependant, il a reconnu que cette approche créait une "atmosphère de critique mutuelle plutôt qu'une dynamique d'apprentissage positive" avant la COP30.
- La France, par exemple, soutient la nécessité pour la Chine d'intensifier ses efforts.
- Un responsable gouvernemental français a qualifié la cible chinoise de "totalement décevante".
- La Chine est considérée comme ayant les "moyens économiques et financiers" pour assumer un véritable leadership climatique.
Perspectives des Prochaines Rencontres
Malgré les tensions, un dialogue se poursuit. Des discussions bilatérales sont envisagées entre l'équipe de Hoekstra et les représentants chinois. Une opportunité de rencontre pourrait se présenter fin du mois au sommet ministériel sur le climat à Toronto, où le Canada, la Chine et l'UE seront présents.
La situation souligne la complexité de la diplomatie climatique mondiale. Les attentes sont élevées pour que l'UE et la Chine, en tant que puissances économiques et environnementales majeures, démontrent un leadership fort et coordonné. L'enjeu est de taille : la crédibilité du processus de la COP30 et la capacité du monde à faire face au changement climatique dépendent en partie de leur collaboration.
Selon Steffen Menzel, responsable de programme au groupe de réflexion climatique E3G, les différentes approches de Hoekstra et Ribera représentent "des voix et des tons différents à Bruxelles et à travers l'UE". Il estime que le langage plus ferme de Hoekstra n'exclut pas la coopération et que l'UE doit "être présente avec sa propre position forte".





